Vétérinaire de formation, Claire Guinat est aujourd’hui chercheuse en épidémiologie. Comme une détective, elle remonte la trace des virus qui circulent chez les animaux d’élevage et la faune sauvage à la recherche du « coupable ».

« La génétique des virus est la source d’information qui me permet de résoudre mon enquête : qui a infecté qui ? », explique Claire. « Chaque agent infectieux porte une information génétique qui change au fil du temps. Mon but est de construire un arbre généalogique des virus qui retrace leurs ancêtres communs, leurs déplacements et leurs évolutions à travers le temps, l’espace et entre espèces. » 

 

 

Combiner c’est gagné

Claire fusionne les données issues de l’épidémiologie, de la virologie, de l’écologie, mais aussi des sciences sociales et environnementales. Au bureau ou dans le laboratoire, dans les élevages en France et même jusqu’aux marchés d’animaux au Cambodge, Claire et son équipe investiguent sans relâche. Jeu de 7 familles ou Cluedo, les combinaisons sont multiples, il faut trouver la bonne. Les « coupables » peuvent être de la famille de l’influenza aviaire, de l’hépatite porcine ou de la peste des petits ruminants ; le lieu un élevage, un marché de gros ou de détail, un abattoir ; les victimes des poulets, des porcs ou des chèvres. Cette approche qui combine génétique et épidémiologie pour comprendre la dynamique des virus se nomme la phylodynamie. Nul doute que Claire excelle dans cette discipline, elle qui est toujours en mouvement et ne peut s’arrêter de travailler.

Établir la carte d’identité des virus pour les contrôler

Pas de quartier pour les épidémies

« Les résultats de mes travaux contribuent à orienter les décisions de prévention, de surveillance et de gestion, afin de limiter la propagation des virus. » Et victoire : la réglementation nationale a été revue lorsque son équipe a montré que la proximité et la densité d’élevages de canards étaient les déterminants clés de la circulation du virus de l’influenza aviaire sur le territoire français. Être capables de comprendre, voire de prédire, quand et dans quelles conditions les virus évoluent et s’adaptent aux différentes espèces permettrait d’anticiper l’émergence de nouvelles souches. 
« Une maladie qui circule chez les animaux peut avoir un impact sur la santé humaine », rappelle Claire. Les connaissances acquises sur l’influenza pourront servir de modèle pour d’autres et renforcer notre compréhension ainsi que notre capacité de réponse face à de futures épidémies.

Mini-CV

39 ans, 2 enfants

  • Formation

2020 et 2022 : 2 post-doctorats en épidémiologie spatiale (ENVT, France) et moléculaire (ETH Zürich, Suisse)
2016 : Doctorat en épidémiologie vétérinaire, Royal Veterinary College/The Pirbright Institute, Royaume-Uni
2012 : Diplôme de médecine vétérinaire de l’École nationale vétérinaire de Toulouse 

  • Parcours professionnel

Depuis 2022 : Chargée de recherche INRAE, Unité Interactions hôtes-agents pathogènes (INRAE, ENV Toulouse)

  • Distinctions

2025 : Laurier Espoir scientifique INRAE

Vétérinaire de formation, elle explore les mécanismes de transmission des virus animaux. Grand entretien avec Claire Guinat, spécialiste de la phylodynamie, combinant génétique et épidémiologie pour éclairer les mécanismes invisibles des épidémies.

  • Elodie Ruhr

    Rédactrice

  • Claire Guinat
    UMR Interactions hôtes-agents pathogènes (INRAE, ENV Toulouse)

Le département