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Agroécologie

Philippe Hinsinger, des racines et des sols

Grand Prix - Lauriers INRAE 2025

Publié le 02 décembre 2025

Biogéochimiste, Philippe Hinsinger a livré une nouvelle vision des interactions racines-sol. Chef de département, il a favorisé la coopération entre chercheurs. Une carrière d’exception au service de la science.

Il a 40 années d’expérience au sein d’INRAE, dont 5 à la tête du département scientifique AgroEcoSystem, d’importantes responsabilités éditoriales dans des journaux de premier plan et une école doctorale, et surtout une expertise sur la rhizosphère internationalement reconnue. Philippe Hinsinger explore le monde souterrain tout en ayant les pieds sur terre. Observer, prendre son temps, deux mantras qu’il a fait siens. Philippe Hinsinger, c’est la force tranquille qui déplace des montagnes.

Un monde d’interactions sol-plantes

À commencer par la création de l’unité Éco&Sols en 2009. Elle fait coopérer sous un même toit, autour des interactions sol-plantes, des disciplines et instituts différents. La coopération, c’est aussi le sujet de recherche de Philippe Hinsinger. Il étudie les interactions sol-racines mais aussi de plante à plante, pour améliorer la nutrition des cultures. Il a démontré que les racines modifient activement leur environnement et que les plantes pilotent le cycle biogéochimique de nutriments majeurs comme le potassium et le phosphore. Le concept de biodisponibilité s’en est trouvé bouleversé.

En 2014, il contribue à faire inscrire les phosphates naturels sur la liste des matières premières critiques par l’Union européenne. Une avancée majeure qui porte sur le devant de la scène les risques de pénurie des fertilisants contenant du phosphore.

Des symbioses souterraines aux interactions entre scientifiques

Renouer avec les naturalistes

Afin de percer les mystères du sol, Philippe œuvre pour la collaboration entre naturalistes et expérimentateurs. Il estime que la recherche a davantage besoin de temps que d’argent. Avec son équipe, il bricole des microcosmes ou adapte des scanners du commerce pour comprendre le fonctionnement de la rhizosphère sur le terrain. Il n’empêche, partenariats internationaux et sollicitations diverses prouvent l’attractivité de son laboratoire.

Son principal regret ? N’avoir pas suffisamment pris de temps pour faire du terrain. Il a pourtant créé en 2017 un site expérimental d’agroforesterie qui permet aux jeunes scientifiques de s’y frotter. Son terrain à lui, ce sont des chemins à arpenter en VTT. Là, il renoue avec la géologie, passion qui l’a mené jusqu’à l’élément minéral au cœur de ses recherches, le phosphore. 

Mini CV

  • Formation

2001 : Habilitation à diriger des recherches, université Montpellier 2
1990 : Doctorat en science du sol, ENSA Montpellier
1985 : Ingénieur agronome, ENSA Montpellier

  • Parcours professionnel

Depuis 2005 : Directeur de recherche, UMR Écologie fonctionnelle & biogéochimie des sols & agroécosystèmes (INRAE, Cirad, Institut Agro, IRD), INRAE Occitanie-Montpellier
2023 : Éditeur en chef de la revue Agronomy for Sustainable Development
2018-2022 : Chef du département scientifique AgroEcoSystem d’INRAE
2009-2018 : Directeur adjoint, unité Éco&Sols et école doctorale GAIA
1991 : Chargé de recherche Inra, UMR Sciences du sol, Montpellier

  • Distinctions

2025 : Laurier Grand Prix INRAE
2023 : Fellow du Brussels Institute of Advanced Studies
2015 : Chevalier de l’Ordre du mérite agricole

Chercheur en biogéochimie et écologie du sol, il se consacre depuis près de 40 ans aux interactions entre les racines et le sol. Une carrière jalonnée de découvertes majeures au bénéfice de la science et de la société. 
Grand entretien avec Philippe Hinsinger.

 

  • Anaïs Joseph

    Rédactrice

  • Philippe Hinsinger
    UMR Écologie fonctionnelle & biogéochimie des sols & agroécosystèmes (INRAE, Cirad, Institut Agro, IRD)

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