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Numérix et Robotix, mission agroécologie

Prix collectif Impact de la recherche - Lauriers INRAE 2025

Publié le 02 décembre 2025

Qui aurait pu imaginer au début des années 2000 que robotique et numérique rimeraient un jour avec agriculture agroécologique ? Un groupe d’irréductibles scientifiques, à Montoldre dans l’Allier et sur le campus universitaire des Cézeaux, près de Clermont-Ferrand, qui a su percevoir le potentiel des nouvelles technologies au service d’une agriculture plus respectueuse de l’environnement. Voici leur histoire.

Tout commence au tournant des années 2000. Le monde agricole prend conscience qu’il faut désormais concilier productivité et respect de l’environnement. Cela exige des suivis plus fins, des interventions fréquentes, une attention constante aux cultures. Des tâches difficilement réalisables par les agriculteurs sur de grandes surfaces. L’unité Technologies et systèmes d’information pour les agrosystèmes (TSCF) développe alors des machines et outils intelligents, autonomes et adaptatifs, capables de seconder l’humain dans les fermes, telle une potion... technologique ! Ce pari a façonné l’identité de l’unité, à une époque où les nouvelles technologies restaient réservées aux usines.

Au début, les algorithmes

Ingénieurs et chercheurs ont commencé par développer des dispositifs de guidage autonome pour des machines ainsi que des systèmes d’information pour la collecte des données agricoles. Avec toujours une idée fixe : expérimenter grandeur nature pour confronter leurs algorithmes à la réalité du terrain et aussi pour certifier la performance de ces systèmes intelligents auprès des fabricants, des éditeurs de logiciels et des utilisateurs finaux. À Montoldre, leur terrain de jeu s’étend sur 110 hectares. Les premières infrastructures à voir le jour sont Cemob et Cemib pour optimiser l’épandage d’engrais. S’ensuit une série de technologies au service d’une agriculture durable.

Des technologies pour surveiller, décider et déléguer les tâches pénibles

Dans les airs, des drones recueillent des données en temps réel sur le sol ou l’état des cultures. Sur terre, des robots identifient les mauvaises herbes pour les arracher ; d’autres pulvérisent la bonne dose au bon moment ; certains sont capables de s’adapter en temps réel à leur environnement, d’autres coopèrent, et il y a ceux qui n’ont pas de roues mais des pattes pour aller sur des terrains plus difficiles d’accès. Des robots créés à TSCF, il n’y en a pas moins de 10 ; et nombre de ces innovations sont désormais intégrées dans des machines commercialisées par des fabricants français et européens. Il y a aussi les réseaux d’objets connectés, souvent enterrés, qui collectent les données nécessaires au suivi des cultures et à l’étude des impacts environnementaux des pratiques. Ces systèmes d’information conçus par TSCF servent également à partager les connaissances et les retours d’expérience sur les outils pour l’agroécologie entre chercheurs, conseillers et agriculteurs.

C’est le travail collectif qui permet une réelle innovation

Les obstacles n’ont pas manqué : développer une navigation autonome en terrain irrégulier, sécuriser les interactions homme-machine, collecter et gérer de gros volumes de données, cerner les besoins des utilisateurs. Les équipes ont souvent dû improviser – parfois jusqu’à bricoler des pièces en urgence pour sauver une expérience de terrain. Mais c’est dans ces défis que s’est forgée la force collective de TSCF. Dirigée aujourd’hui par Roland Lenain, François Pinet et Frédéric Chabot, l’unité cultive un esprit d’exploration partagé dans une ambiance de village gaulois. « Les chercheurs sont les nouveaux explorateurs », aiment-ils rappeler. 

L’essor de la robotique et l’informatique agricole

Banc de test de désherbage alternatif.

Ces irréductibles scientifiques sont aujourd’hui au nombre de 70 ! Et ce n’est pas de trop pour faire face au véritable essor que connaissent les nouvelles technologies, notamment robotiques, dans le monde agricole. En 2022, ils créent l’AgroTechnoPôle, une plateforme de recherche et d’innovation ouverte associant recherche, entreprises et professionnels pour développer des solutions technologiques et numériques pour la transition agroécologique. La même année, le lancement du Grand défi Robotique agricole, qui réunit plus de 80 partenaires, permet d’accélérer la diffusion des solutions robotiques. 

Ils ont réussi leur pari. L’agroécologie peut maintenant rimer avec technologies. Pas de César, mais un Laurier pour saluer leur ferveur collective au service d’un monde plus durable.
 

Quand les technologies numériques et robotiques sont au service de l’agroécologie

Technologie et agroécologie, est-ce vraiment compatible ? 
Pour eux, oui, c’est même indispensable. Les pratiques agroécologiques impliquent des travaux répétitifs, pénibles, et difficilement réalisables sur de grandes surfaces. Et si on confiait ces tâches à des robots ? L’idée fait son chemin chez les scientifiques de TSCF depuis les années 2000 et 25 ans plus tard, ils ont développé 12 robots agricoles qu’ils expérimentent grandeur nature. 

Entretien avec Roland Lenain, directeur, ainsi que Frédéric Chabot et François Pinet, directeurs adjoints de l’unité Technologies et systèmes d'information pour les agrosystèmes. A lire ici