Philippe Langella, la blouse du businessman
Grand Prix - Lauriers INRAE 2023
Publié le 28 novembre 2023
Comment faire en sorte que les recherches et découvertes scientifiques liées à la santé puissent bénéficier à la société ? Pour Philippe Langella, la réponse est sans appel : travailler avec des cliniciens et des entreprises. Microbiologiste de formation, son idée était d’utiliser les bactéries lactiques, par exemple celles qui transforment le lait en yaourt, à des fins de santé humaine.
« Puisque chaque jour, on ingère des milliards de bactéries lactiques via les aliments, pourquoi ne pas leur faire délivrer des molécules bénéfiques pour notre santé ? » De cette idée s’ensuit un parcours remarquable.
Le fabuleux pouvoir des bactéries probiotiques
Du tube à essai au tube digestif
Entré en 1983 à l’Inra de Rennes, il rejoint en 1989 une unité de génétique microbienne à Jouy-en-Josas, où il parvient, grâce à des manipulations génétiques, à faire produire à des bactéries lactiques des antigènes du papillomavirus utilisés pour créer un potentiel vaccin contre ce virus. En 2004, il rejoint l’unité d’Écologie et Physiologie du système digestif de Jouy-en-Josas pour relever un nouveau défi : utiliser des bactéries probiotiques aux potentiels effets bénéfiques sur notre santé. Avec celui qui deviendra son complice, Harry Sokol, ils font une découverte majeure : dans le microbiote des patients en rémission de la maladie de Crohn se trouve une bactérie absente de celui des patients en rechute : Faecalibacterium prausnitzii, de son petit nom Fprau. Ils montrent qu’en supplémentant des souris présentant des symptômes de la maladie de Crohn avec Fprau, elles guérissent ! Fprau a été la première bactérie probiotique issue du microbiote intestinal dite de nouvelle génération à être utilisée à des fins thérapeutique. « Cette découverte a changé nos vies ! » Tout s’accélère : 3 brevets déposés, une publication citée 4 000 fois, des financements académiques et la création d’une start-up.
Les bactéries, nos médicaments de demain ?
Il existe des milliards de bactéries. Elles sont déjà très utiles à l’être humain, mais pourraient-on les utiliser à des fins de santé ? C’est cette question qui a guidé les recherches de haut niveau de Philippe Langella, à l’origine d’une nouvelle génération de probiotiques.
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Un pied au labo, l’autre dans l’entreprise
Fort de ses résultats, il créé en 2018, toujours avec H. Sokol, la start-up Exeliom Biosciences pour utiliser Fprau comme médicament pour soigner la maladie de Crohn. Des levées de fonds successives (24 millions d’euros !) permettent des recherches pour aussi utiliser Fprau contre l’infection à Clostridium difficile ou encore pour renforcer l’efficacité de l’immunothérapie chez les personnes atteintes de cancers. Philippe a quitté la blouse mais garde un enthousiasme intact quant aux travaux de l’équipe de 60 personnes qu’il dirige. « On continue d’isoler de nouvelles bactéries et levures, et on a trouvé récemment une nouvelle candidate ! » Et avec elle, qui sait, peut-être de nouvelles découvertes que l’on trouvera dans quelques années dans nos assiettes ou nos pharmacies.
Mini-CV
65 ans, 3 enfants
- Parcours professionnel
2016 : Cocréation de la start-up Exeliom Biosciences
2014 : Directeur adjoint de l'unité Micalis, INRAE Jouy-en-Josas
2010 : Responsable de l'équipe ProbiHôte de l'unité Micalis, INRAE Jouy-en-Josas
2004 : Directeur de recherche INRAE, à l'unité d'écologie et physiologie du système digestif, INRAE Jouy-en-Josas
1997 : Réalisation d'une équipe de recherche autour de l'utilisation santé des bactéries lactiques
1989 : Chargé de recherche, unité de génétique microbienne, INRAE Jouy en Josas
1988 : Doctorat sur la génétique des bactéries lactiques, Laboratoire STLO, INRAE Rennes
1983 : Assistant scientifique contractuel, INRAE - Formation
1982 : Master en microbiologie industrielle et appliquée, université Marseille Saint-Charles
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Elodie Regnier
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Rédactrice
Direction de la Communication -
Philippe Langella
Directeur de recherche
Micalis