Agroclim, le climat par nature
Prix collectif
Impact de la recherche
Publié le 08 novembre 2023
Agroclim, c’est l’histoire d’un petit collectif avec une grande vocation. Placé aux avant-postes du climat, il capte ses variables, observe ses effets sur les cultures, sur la nature, aide à les décrypter et à se projeter dans le futur.
Quelles cultures vont souffrir de la sécheresse cette année ? Où ? Pourra-t-on encore produire de la vigne sur les côtes du Ventoux dans 50 ans ? Cultiver du quinoa dans le Morbihan ?
Ces questions sont le quotidien des membres de l’équipe Agroclim. Leur expertise, reconnue par les scientifiques en France et à l’international, est de plus en plus sollicitée par les médias, les professionnels, les collectivités territoriales, les collèges et lycées.
L’impact du climat sur les agroécosystèmes
Tout commence en 1969. L’unité collecte des variables météo, certaines spécifiques à l’agriculture tel le point de rosée, pour comprendre le climat au niveau d’une parcelle agricole et évaluer, par exemple, l’effet des haies sur les cultures avoisinantes. Agroclim est depuis le lien entre INRAE et Météo-France, et la garante de la fiabilité des 55 stations de l’institut en métropole et outre-mer.
À la fin des années 90, au sein de l’unité voisine, un modèle informatique pour simuler les interactions entre plantes, sol et climat était né : le modèle STICS. L’équipe autour de ce modèle rejoint Agroclim au début des années 2000, impulsant de nouvelles collaborations pour comprendre et prévoir les impacts du climat sur l’agriculture. STICS est devenu l’un des 4 modèles de simulation des cultures les plus utilisés au monde. Logiciel libre, il est soutenu par 28 scientifiques, en France et dans le monde.
Au même moment l’acquisition de données sur la phénologie des plantes (dates de semis, floraison, maturité…) démarre avec le projet Phénoclim. Ce travail sera ensuite couplé à un vaste recueil d’observations citoyennes, l’Observatoire des saisons, qui forment aujourd’hui le réseau Tempo, animé par Agroclim. Données climatiques et phénologiques permettent l’élaboration d’indicateurs ou représentations simplifiées d’effets et de risques. Certains sont basés sur le climat (jours de gel en mars…), d’autres s’appuient sur le vivant (dates de floraison…) ou renseignent sur les risques de maladies.
De la réalité du changement à l’urgence climatique
En 2011 parait le livre blanc Climator, issu du projet éponyme coordonné par Agroclim, associant 7 instituts de recherche. Il décrit les impacts à venir du changement climatique, selon différentes hypothèses, sur les grandes cultures, la vigne, la forêt… dans 7 régions françaises. Ces données font toujours référence aujourd’hui. Les outils d’Agroclim aident à comprendre certains effets du changement du climat, comme la stagnation des rendements de blé malgré la progression de la génétique. Dès 2006, une thèse s’intéresse déjà aux effets du changement climatique sur la vigne, et fournit des outils pour comprendre et élaborer des stratégies d’adaptation. En 2023, un nouveau doctorant prend le problème à rebours pour éclairer les céréaliers et maïsiculteurs : qu’est-ce qui posera problème en premier, et ensuite ? Avoir des variétés adaptées aux canicules ? des cultures moins consommatrices d’eau ? « On ne peut plus faire de recherche en environnement ou en agronomie aujourd’hui sans intégrer le changement climatique », constatent-ils. « L’urgence climatique fait que les scientifiques se tournent de plus en plus vers nous. »
Face au climatoscepticisme et à l’écoanxiété
Bâtir une culture commune autour du changement climatique
Si aujourd’hui la très grande majorité des citoyens ne met plus en cause le changement climatique et son origine humaine, chacun peut être déstabilisé par les projections et les pistes de solutions. Colère et inquiétude qui nourrissent l’écoanxiété, particulièrement chez les plus jeunes, détresse de certains agriculteurs (« s’adapter à 10 ans alors que je ne sais pas si je vais finir l’année ? »), déni (« moi, à mon niveau, je ne peux rien ! »)… Nos chercheurs sont face à un délicat travail de sensibilisation dans lequel ils se sont forgés une posture : l’écoute de tous les acteurs, des méthodes fiables et sans cesse améliorées, la capitalisation de l’expertise pour servir à d’autres, des données ouvertes…
Le tout empreint d’un grand sens du service et du collectif. « Chez nous, il y a beaucoup d’informatique mais aussi beaucoup d’humain », un esprit entretenu par les directeurs d’unité successifs : Bernard Seguin dès 2000 (associé en 2007 au Nobel de la paix remis au GIEC, participant à la rédaction du 3e rapport), Nadine Brisson à partir de 2006, Patrick Bertuzzi en 2010 et, depuis 2021, Iñaki Garcia de Cortazar Atauri.
Construire une culture commune autour du changement climatique
Le changement climatique nous prend de vitesse, l’agriculture et la forêt sont touchées concrètement et doivent s’adapter. Comprendre, mesurer, faire face, permettre à la société d’anticiper… Dès le départ, les projets de recherche novateurs impulsés par INRAE dans ce domaine ont bénéficié des données, outils et méthodes produits par Agroclim. Comment ? Avec quelle vision travaille cette unité de service ?
Grand entretien avec Iñaki Garcia de Cortazar Atauri, son directeur, et Marie Launay, directrice adjointe.
Agroclim : le collectif récompensé
Une unité de service, 15 personnes aujourd’hui et bien d’autres depuis sa création il y a 54 ans.
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Nicole Ladet
Rédactrice
Direction de la Communication -
Agroclim
Unité de service