Société et territoires 4 min

Remise des Prix de la recherche participative 2024 : 2 projets primés sur le thème de la biodiversité et de la qualité environnementale

Organisés par INRAE, les Prix de la recherche participative sont remis pour la 3e édition à 2 projets marquants. Dans la catégorie recueil citoyen, c’est le projet « Spipoll, le suivi photographique des insectes pollinisateurs », piloté par le MNHN, le CNRS, l’OPIE (Office pour les insectes et leur environnement), l’OFB et l’université de Poitiers, qui est récompensé. Le projet « AirGeo : des écorces pour co-construire la connaissance sur la pollution de l’air » est lui primé dans la catégorie co-construction ; il est piloté par le CNRS, l’IRD, l’UCAD et les mairies de Sébikotane et de Ker Thiossane au Sénégal. Attribuées par un jury issu du monde académique et de la société civile, ces distinctions mettent à l’honneur des travaux de recherche collaborative entre scientifiques et non-scientifiques, dans le but de renforcer les liens entre la science et la société.

Publié le 27 juin 2024

© INRAE

Le dispositif des Prix de la recherche participative vise à reconnaître, valoriser et encourager l’engagement des acteurs de la recherche dans les liens entre science et société. INRAE est chargé d’organiser depuis 2022 la remise de ces distinctions pour des travaux menés selon une démarche participative. Cette année, 2 projets ont été récompensés en raison de leur impact scientifique et social.

Prix dans la catégorie « recueil citoyen », remis au Spipoll, le suivi photographique des insectes pollinisateurs

Cette catégorie récompense les projets pour lesquels la collecte et/ou l’interprétation des données sont réalisées par de nombreux amateurs grâce aux possibilités d’action distribuée des plateformes numériques.

Le Spipoll a été lancé au printemps 2010 pour remédier au manque de données à grande échelle sur les pollinisateurs. Après 14 années d'existence, on comptabilise plus de 80 000 collections composées chacune d’une série de photographies prises lors d’une observation, soit l’équivalent de 706 000 visuels. Le jury du prix a salué la forte évolution du projet depuis ses débuts, permise par la profonde implication de sa communauté de participants dépassant les 4 000 contributeurs, qui se nomment les « spipolliens ». Revêtant un grand intérêt pour la biodiversité, le Spipoll s’est intéressé non seulement aux interactions entre espèces via la pollinisation, mais aussi aux interactions humaines entre les passionnés de fleurs.

Piloté par le MNHN (Muséum national d’histoire naturelle), le CNRS (Centre national de la recherche scientifique), l’OPIE (Office pour les insectes et leur environnement), l’OFB (Office français de la biodiversité) et l’université de Poitiers, ce projet de sciences et recherches participatives, au-delà de la quantité de données récoltées, est récompensé pour l'élaboration de méthodes novatrices, telles que l'utilisation de la photographie dans les protocoles, la visualisation instantanée des données recueillies et la création d'un forum ouvert pour discuter des données. Les résultats issus du Spipoll, valorisés dans des revues scientifiques internationales, ont pu être utilisés dans les politiques publiques de préservation de la biodiversité. Ce projet, considéré comme un programme-clé pour l'acquisition de nouvelles connaissances sur les insectes, a été exploité pour introduire les sciences dans l’enseignement du secondaire.

En savoir plus : www.spipoll.org

Spipoll décliné à Bordeaux métropole depuis 2022 à l’initiative d’INRAE

À l’initiative d’INRAE, de l’université de Bordeaux et du CNRS, en partenariat avec la direction de la Nature de Bordeaux métropole, le projet Spipoll piloté par le MNHN et l’OPIE a été décliné en 2022 en incitant les bordelais à prendre en photo tous les insectes se posant sur une plante en fleurs choisie, pour ensuite poster les clichés sur le site dédié ou via une application. Après une validation par des experts, les données pourront servir aux chercheurs pour améliorer les connaissances sur les pollinisateurs à l’échelle du territoire de la métropole. Le recueil de données sur plusieurs années pourra conduire à l’élaboration de recommandations pour la gestion des espaces verts en appui aux politiques locales, en fonction des résultats.

Prix dans la catégorie « co-construction » remis à AirGeo : des écorces pour co-construire la connaissance sur la pollution de l’air

Cette catégorie correspond aux approches de coproduction de connaissances et d’innovations dans lesquelles les non-spécialistes interviennent à chaque étape du processus de recherche, de la formulation de la question initiale à la valorisation des résultats, en passant par la gouvernance.

Le projet AirGeo, réparti dans 5 pays sur 3 continents et porté par le CNRS, l’UCAD (université Cheikh Anta Diop), l’IRD (Institut de recherche pour le développement), la mairie de Sébikotane et Ker Thiossane au Sénégal, s’est vu attribuer le prix dans la catégorie « co-construction ». Réunis autour du projet AirGeo depuis 2020, scientifiques, artistes, acteurs locaux, citoyennes et citoyens ont conjugué leurs efforts en mettant en place de nouveaux dispositifs pouvant contribuer à améliorer la connaissance de la qualité de l’air. L'objectif de ce projet était de quantifier la pollution atmosphérique pour inviter tous les acteurs à agir et permettre aux habitants de respirer un air plus sain. Ils se sont ainsi servis d’écorces de platanes comme bases de capteurs passifs pour l’évaluation de la qualité de lair.

Le dispositif s’est vu transformé en un projet social majeur pour les habitants de Dakar souffrant de la proximité de leurs lieux de vie avec des fumées d’usines. En 5 ans, il a déjà abouti à l’établissement d’un nouveau plan local d’urbanisme, d’une formation de médiateurs à l’environnement, de la participation des usines à une conciliation, d’une prise en charge des intoxications au plomb par les centres antipoison locaux et d’un lancement d’études en santé et toxicologie. À cela s’ajoutent la création d’une association citoyenne de régénération de la végétation, le montage d’un festival sciences-arts-société dans les quartiers et enfin une exposition itinérante.

Le jury a salué l’approche interdisciplinaire et low-tech du projet, et son adaptation à la tradition d’oralité ou aux réalités locales très importantes au Sénégal, qui a permis de nouer la confiance entre chercheurs, collectivités locales, entreprises et habitants.

En savoir plus : https://airgeo.hypotheses.org/

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