Alimentation, santé globale Temps de lecture 3 min
Tactiques anti-tiques
DOSSIER - Les tiques sont des vecteurs importants de maladies animales et humaines. Ce dossier rassemble quelques résultats marquants obtenus à INRAE sur ces acariens qui sont présents partout dans le monde.
Publié le 15 mai 2020

Les tiques, vecteur important de maladies animales et humaines
Dans le monde, les tiques sont le 1er vecteur de maladies chez l’animal et le 2e pour l’homme (derrière les moustiques). Les maladies les plus connues chez l’Homme sont la maladie de Lyme (plus de 60 000 nouveaux cas diagnostiqués en France en 2018), l’encéphalite à tiques (fréquente en Europe du Nord-Est) ou encore l’anaplasmose granulocytaire1.
Chez les animaux d’élevage, les tiques sont entre autres vectrices de parasites responsables de babésioses ou de theilerioses notamment en zones tropicales2. Les animaux domestiques, tels que le chien, le chat ou le cheval, peuvent aussi être infectés par des agents pathogènes transmis par les tiques.
Outre les animaux d’élevage, certains animaux sauvages (chevreuils, rongeurs, oiseaux) constituent des sources de repas sanguin pour les tiques. Ce sont des réservoirs pour les agents pathogènes transmis par les tiques avec des capacités variables de multiplication de ces agents.
C’est donc un continuum animal-homme-environnement qu’il faut étudier dans une approche systémique, qui est développée dans le concept « One health ».
- Anaplasmose granulocytaire : zoonose émergente bactérienne, provoquant un syndrôme grippal aigu et non spécifique
- Babesioses : maladies liées à des protozoaires parasites des globules rouges des mammifères. Une des espèces de Babesia peut être transmise à l’homme. Theilerioses : parasitoses tropicales affectant le bétail et ayant un impact économique important.
Lire les articles :










One Health, une seule santé
Les chercheurs d’INRAE s’intéressent à la fois aux tiques, aux agents pathogènes, aux hôtes animaux, à leur environnement et à leurs contacts avec les humains. Seule une approche pluridisciplinaire et intégrée de santé globale associant chercheurs, vétérinaires, gestionnaires de l’environnement, peut permettre de mieux comprendre et gérer les risques de maladies liées aux tiques.
À ce jour, on a recensé plus de 900 espèces de tiques différentes au niveau mondial, et plus d’une trentaine sont présentes en France. En Europe, la tique qui pose le plus de problèmes de santé publique est Ixodes ricinus, vecteur entre autres de la maladie de Lyme.
On observe ces dernières années en France une augmentation du nombre de cas de maladies à tiques et il est important de comprendre pourquoi : augmentation du nombre de tiques infectées ? élargissement de leur aire de répartition ? effets du changement climatique ? ou meilleure détection des cas ?
- Rôle du paysage et des saisons : rôle favorable des haies, forêts et jardins, pics d’activité des tiques en plaine (avril-juin) et montagne (mai-juillet)
- Analyse et modélisation de l’activité des tiques en fonction du climat (projet CLIMATICK)
- Mise en évidence du rôle du tamia de Sibérie dans la transmission de la maladie de Lyme.
- Détection de nouvelles espèces de tique en France
- Concept de pathobiome et mise au point d’une méthode pour identifier l’ensemble des microorganismes présents chez les tiques
- Mise au point d’un système d’élevage de tiques sur membrane qui évite d’utiliser des animaux vivants
- Identification de candidats potentiels pour un vaccin contre les tiques
- Séquençage et analyse du génome de la tique Ixodes ricinus.
- Mise en place de cohortes de suivi de patients piquées par les tiques pour améliorer le diagnostic des maladies à tiques (projet OHTICKS)
- Mise en place d’un programme de recherche participative pour recenser les piqûres de tiques et constituer une tiquothèque publique nationale (CITIQUE)
- Mise en place d’une application, Signalement Tique pour le recensement des piqûres de tiques.
L’Inra travaille sur les tiques et les maladies qu’elles transmettent depuis le début des années 2000. Les travaux des chercheurs sont réalisés principalement dans 4 unités de recherche et le laboratoire Tous Chercheurs, soit environ 40 ETP fonction publique :
- UMR Biologie, épidémiologie et analyse de risque en santé animale (BioEpAR), basée à Nantes
- UMR Biologie moléculaire et immunologie parasitaires et fongiques (BIPAR), basée à Maisons-Alfort et Jouy-en-Josas
- UMR Animal, santé, territoires, risques et écosystèmes (ASTRE), basée à Montpellier
- UMR Epidémiologie des maladies animales et zoonotiques (EPIA), basée à Clermont-Ferrand
- UR Comportement et Ecologie de la Faune sauvage (CEFS), basée à Toulouse
- Laboratoire Tous chercheurs, Nancy.
Les principaux partenaires d’INRAE sont les écoles vétérinaires (ENV Alfort, VetAgro Sup, Oniris), l’Anses et le Cirad.