Agroécologie 2 min

La prémunition, nouvel espoir pour protéger les vignes du court-noué

Le virus du court-noué menace les vignobles du monde entier. Pour lutter contre ce fléau, des chercheurs INRAE s’intéressent à la prémunition, un processus où un virus atténué ou « hypo-agressif » protège la plante contre un virus plus dangereux. Le projet ToProtectMe, financé par l’ANR et piloté par Anne Sicard, vise à mieux comprendre les mécanismes en jeu. Ces recherches pourraient offrir une solution de biocontrôle efficace pour protéger la vigne.

Publié le 18 octobre 2024

© INRAE, Emmanuelle Vigne

La prémunition pour lutter contre le court-noué de la vigne

Le grapevine fanleaf virus (GFLV) ou virus du court-noué est responsable de la maladie virale la plus dévastatrice de la vigne, menaçant les vignobles du monde entier. Il touche les deux tiers du vignoble français et peut causer jusqu'à 80 % de pertes de rendement. L'interdiction des nématicides ciblant son nématode vecteur a laissé peu de solutions aux viticulteurs pour lutter contre ce virus. Aujourd'hui, les chercheurs explorent une méthode de biocontrôle appelée prémunition pour lutter contre ce fléau.

La prémunition est un phénomène où un premier virus « hypo-agressif » bloque l'infection ultérieure par un virus, génétiquement apparenté, engendrant d’importants dégâts sur l’hôte. Ce principe, observé en réponse à de nombreux virus phytopathogènes, pourrait servir de méthode de biocontrôle pour lutter contre la maladie du court-noué. L’idée est donc d’infecter volontairement une plante avec une souche virale moins agressive pour la protéger des souches plus agressives.

Cependant, les mécanismes biologiques impliqués dans la prémunition restent à ce jour assez mal compris.

Un financement ANR pour étudier la prémunition

Pour mieux comprendre ce phénomène, le projet de recherche ToProtectMe (TOwards understanding viral cross-PROTECTion Mechanisms), porté par Anne Sicard, chercheuse au sein de l’unité mixte de recherche Santé de la Vigne et Qualité du Vin (SVQV) à Colmar, a reçu le soutien de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) dans le cadre de l’appel à projets générique 2024 Jeunes Chercheuses - Jeunes Chercheurs (JCJC).

ToProtectMe a pour principal objectif d’étudier les mécanismes sous-jacents à la prémunition vis-à-vis du virus du court-noué. Les scientifiques vont ainsi explorer son fonctionnement en utilisant des plantes modèles comme Nicotiana benthamiana et Arabidopsis thaliana, analyser la répartition des virus dans la plante et les facteurs influençant l’efficacité de la prémunition.

Ce projet permettra d’apporter des connaissances fondamentales sur le fonctionnement de la prémunition vis-à-vis du GFLV, connaissances qui pourront ensuite être utilisées dans le choix de variants prémunisants pour protéger la vigne des effets graves du court-noué.

Anne Sicard, une jeune chercheuse au cœur du projet ToProtectMe

Anne Sicard, chercheuse à SVQV

Anne Sicard est une chercheuse spécialiste en phytopathologie. Agronome de formation et passionnée par la virologie, elle a effectué sa thèse sur le fonctionnement des virus multipartites à INRAE. Elle s’est ensuite intéressée à la bactérie Xylella fastidiosa, responsable de sérieux dégâts sur les oliviers en Italie. Elle a par la suite travaillé sur l’épidémiologie d’une bactérie apparentée, Xanthomonas oryzae pv. oryzicola à l’IRD de Montpellier avant de rejoindre en 2021 l’équipe de virologie végétale de l’unité SVQV à Colmar où elle s’intéresse désormais aux mécanismes sous-jacents à la prémunition.

La jeune chercheuse pilote aujourd’hui le projet ToProtectMe qui pourrait proposer de nouvelles solutions respectueuses de l’environnement afin de réduire l’impact des virus sur les cultures, notamment dans la viticulture, et limiter les pertes économiques liées à ces maladies.

Arnaud RIDELRédacteurDépartement Santé des Plantes et Environnement

Contacts

Anne Sicard ChercheuseSanté de la vigne et qualité du vin (SVQV)

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