Expérimentation Marcinelle : éleveurs, chercheurs et citoyens réinventent l’élevage laitier

Face aux attentes croissantes des citoyens en matière de bien-être animal, de respect de l’environnement ou encore de qualité des produits, l’expérimentation Marcinelle, menée par INRAE depuis 2020 dans le Cantal, explore un modèle d’élevage laitier plus durable. Ce projet, élaboré sur la base d’une approche participative, rassemble éleveurs, chercheurs et citoyens pour construire ensemble un système répondant aux défis actuels et futurs.

Publié le 18 avril 2025

© INRAE

Une expérimentation co-conçue en constante évolution 


Marcinelle est l’un des trois volets du projet Coccinelle, un programme de recherche participatif lancé en 2018 pour imaginer, avec les acteurs de terrain, l’élevage laitier de demain dans le Massif central. Conçue comme une micro-ferme expérimentale au sein de l’unité Herbipôle de Marcenat (Cantal), Marcinelle permet de tester des pratiques alternatives en conditions réelles. 


Fidèle à l’approche collaborative du projet Coccinelle, Marcinelle s’appuie sur un comité technique rassemblant une diversité d’acteurs (chercheurs, éleveurs, citoyens, partenaires agricoles). Ce collectif se réunit régulièrement pour définir les orientations du système et en suivre les évolutions. La mise en place de ces décisions est effectuée de manière graduelle, en se basant sur un suivi rigoureux des performances zootechniques, agronomiques et agroécologiques du système. 

En 2020, l'élevage se composait de 28 vaches laitières et 22 génisses, réparties à parts égales entre Prim'Holstein et Montbéliarde. Progressivement, la Holstein a été considérée comme moins adaptée aux réalités de ce type d’élevage, conduisant à des croisements avec la Montbéliarde, puis à l'intégration de la race Ferrandaise, plus rustique.

Des pratiques innovantes pour un élevage durable


L’expérimentation s’organise autour de la volonté de réduire au maximum les intrants tout en assurant une production viable. Cela signifie qu’aucun concentrés et engrais minéraux ne sont utilisés, favorisant une gestion optimisée des prairies ainsi que l’introduction de cultures complémentaires telles que le triticale, qui permet d’améliorer l’autonomie en paille et de complémenter l’alimentation des animaux à forts besoins. 
L’expérimentation a aussi étudié la question de la monotraite, testée à différents stades de lactation : au début (en 2020-2021), sur la totalité de la lactation (en 2022) et en fin de lactation (en 2023). Les observations montrent que la période n’a que peu d’influence sur la production totale de lait.
La préservation de la biodiversité est également un axe essentiel du projet : la mise en œuvre de fauches tardives favorise le réensemencement naturel des prairies, tandis que des ajustements permettent de respecter l’équilibre entre les besoins des animaux d’une part et ceux des écosystèmes d’autre part. Des bandes fauchées tardivement (1400°C jours) ont été testées en bordure de parcelles pour limiter les effets des aléas climatiques et favoriser la biodiversité.

Le bien-être animal au cœur des préoccupations


Le projet explore des approches innovantes afin de concilier l’amélioration du bien-être animal et la gestion du travail des éleveurs, avec notamment l’allaitement maternel prolongé, qui permet aux veaux femelles de rester avec leur mère jusqu’à l’âge de trois mois, tandis que la moitié des veaux mâles sont élevés pour une valorisation en circuit court. Une transition graduelle a également été mise en œuvre grâce à des palettes anti-tète pour réduire le stress lié au sevrage. 

Quels retours après quatre ans d’expérimentation ?


En dépit de conditions parfois difficiles (sécheresses, parasites), le système a démontré toute sa résilience. La production de lait est restée stable d’une année sur l’autre et les ajustements dans la gestion des veaux allaités ont permis d’optimiser la quantité de lait vendu. Le choix d’un circuit court de valorisation pour la viande de veaux mâles permet de satisfaire les exigences des consommateurs tout en assurant une meilleure valorisation des animaux. L’expérimentation évolue, en prenant appui sur les analyses zootechniques, agroécologiques et économiques pour affiner ses orientations. 
 

Des travaux récompensés aux Rencontres Recherches Ruminants

A l’occasion des 3R (Rencontres Recherches Ruminants) qui se sont tenues en décembre 2024, les travaux autour de l’expérimentation Marcinelle ont été mises à l’honneur. Emilie Rispal a obtenu le 2ᵉ prix du comité de sélection pour son poster intitulé : « Marcinelle : Quatre années de pratiques en rupture vers un élevage laitier éco-citoyen »

Quelles perspectives pour demain ?

Alors même que le système se stabilise, la prochaine phase de l’expérimentation s’intéressera à sa viabilité économique. Quel prix de vente pour les produits issus de cet élevage garantirait la pérennité du modèle ? Comment continuer à innover pour parvenir à un meilleur équilibre entre production et durabilité ?  Marcinelle poursuit son chemin, soutenue par une dynamique collective unique et un désir d’explorer de nouvelles pistes pour un élevage plus résilient et durable.
 

Contacts

Dominique Pomiès

Unité Mixte de Recherche sur les Herbivores (UMRH)

Emilie Rispal

Unité Expérimentale Herbipôle

Le centre

Le département

En savoir plus

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