Alimentation, santé globale 3 min

Dopage : les biomarqueurs d’effets sur la piste des manipulations hormonales

Lorsque chimie analytique et statistiques avancées se lient contre le dopage

Publié le 24 juin 2020

illustration Dopage : les biomarqueurs d’effets sur la piste des manipulations hormonales
© INRAE

L’hormone de croissance est une protéine régulant l’anabolisme et la lipolyse ; elle est connue, sous une forme de synthèse, pour son mésusage par les athlètes en vue d’améliorer leurs performances. Les stratégies de dépistage de telles pratiques sont pourtant peu efficaces en raison des très faibles doses utilisées, d’une élimination rapide par l’organisme et surtout de nombreux facteurs confondants liés aux variabilités inter-individus. Au-delà des enjeux financiers associés à de telles pratiques, la santé des athlètes concernés est une véritable problématique justifiant la mobilisation de stratégies innovantes pour dissuader les fraudeurs.

De par son savoir-faire en matière de mise en évidence de biomarqueurs d’effets associés à des manipulations hormonales chez les animaux de production, le laboratoire LABERCA a été sollicité par l’Agence Française de Lutte contre le Dopage afin de mesurer la transférabilité de l’approche. Sur la base d’un jeu d’échantillons robuste d’urine et de sang collectés chez des sportifs ayant reçu de l’hormone de croissance selon les pratiques supposées, i.e en micro-doses, associées ou non avec de l’érythropoïétine (EPO), la stratégie de phénotypage de type métabolomique a rapidement démontré sa capacité à identifier des biomarqueurs spécifiques de ces différentes pratiques. Fort de la mise en évidence des voies biologiques affectées par ces manipulations hormonales, le défi a alors consisté à s’affranchir des variabilités inter-individuelles exprimées par les différents sujets de l’étude.  La mise en œuvre de statistiques sophistiquées exploratoires a alors été nécessaire pour parvenir à normaliser les réponses des individus et définir un outil de classification robuste permettant de prédire le statut des athlètes par modélisation statistique.

Les résultats de cette étude ont suscité l’intérêt de la communauté anti-dopage qui a depuis pris en charge le financement de l’étude de validation de cette preuve de concept.

Partenaires : cette étude a été menée en collaboration entre l’UMR LABERCA (INRAE-Oniris) et le laboratoire de l’AFLD (Agence Française de Lutte contre le Dopage, Châtenay-Malabry).

Financement : Partnership for Clean Competition (PCC) https://cleancompetition.org/
"Fondé en 2008 par le Comité olympique américain, la Ligue nationale de football, la Ligue majeure de baseball et l’Agence antidopage des États-Unis, le PCC est une organisation à but non lucratif, qui œuvre pour protéger l’intégrité du sport et de la santé publique en engageant et en soutenant les meilleurs scientifiques et innovateurs du monde dans la recherche et le développement antidopage de haute qualité".

Publication associée : Narduzzi, L., Dervilly, G., Marchand, A., Audran, M., Le Bizec, B., & Buisson, C. (In Press) Applying metabolomics to detect growth hormone administration in athletes: proof of concept. Drug testing and analysis. https://doi.org/10.1002/dta.2798

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