Agroécologie Temps de lecture 2 min
Décrypter les émotions des lapins pour adapter les pratiques d’élevage
Pour faire évoluer les systèmes d’élevages de lapins, encore faut-il comprendre les situations qui les stressent ou, au contraire, ce qu’ils apprécient. Des scientifiques du laboratoire Génétique physiologie et systèmes d'élevage (GenPhySE) du centre INRAE Occitanie-Toulouse ont déterminé des indicateurs d’états émotionnels, qui permettent d’évaluer les réactions des lapins.
Publié le 13 novembre 2025
La très grande majorité des lapins sont élevés en claustration, dans des conditions qui limitent fortement leurs mouvements et l’expression des comportements de l’espèce, comme bondir, brouter, se dresser, ronger… Afin de respecter leurs besoins, et répondre aux attentes de la société en matière de bien-être animal, la conception de nouveaux systèmes d’élevage alternatifs s’avère primordiale. Pour ce faire, il faut approcher le point de vue des animaux, comprendre et traduire leurs émotions, par des indicateurs. Ainsi, il sera possible de concevoir et tester différentes conditions de vie et d’évaluer quelles émotions elles génèrent chez les lapins.
Des scientifiques du laboratoire GenPhySE ont mis au point une méthode d’évaluation qualitative du comportement appelée QBA, pour Qualitative Behaviour Assessment, adaptée aux lapins. L’état émotionnel des animaux est ainsi déterminé par la perception d’un observateur ou une observatrice. À partir de trois années d’observations, des chercheuses ont établi une grille de descripteurs émotionnels qualitatifs couvrant un large spectre d’intensité et d’émotions, positives comme négatives, que peuvent ressentir les lapins.
« Grâce à ce panel de descripteurs émotionnels, un observateur pourra noter l’état émotionnel d’un groupe d’animaux, expliquent Valérie Fillon et Davi Savietto, chercheurs INRAE, qui ont mis au point cette méthode. La grille de descripteurs permet d’harmoniser les observations faites par différentes personnes. Et l’accumulation de ces observations dans différents systèmes d’élevage aideront à déterminer les conditions de vie les plus appréciées par les lapins »
L’adaptation de la méthode, développée dans le début des années 2000 par Françoise Wemelsfelder et ses collaborateurs, est une première chez les lapins. Elle est désormais appliquée à d’autres espèces domestiques, comme les porcins et les bovins, et fait partie de la procédure d’évaluation Welfare quality®.
Encourager les interactions positives
Les réponses comportementales des lapins sont influencées à la fois par leur environnement de vie mais aussi par la qualité de leurs relations avec les humains. Les scientifiques ont étudié l’influence de la relation Homme-animal sur le comportement et les émotions des jeunes lapins, élevés à l’extérieur, en prairies ou en agroforesterie. Les lapins familiarisés à l’Homme, par un éleveur ou éleveuse prévenant, distribuant friandises et caresses, perçoivent plus positivement les interactions et passent plus de temps près de l’humain. Ils sont décrits comme « affectueux et intéressés », alors que les lapins n’ayant qu’un contact distant avec l’éleveur sont plus « indifférents ».
Enrichir le milieu de vie et encourager les interactions positives, comme une présence humaine prévenante régulière, pourrait améliorer le bien-être des lapins et faciliter les soins quotidiens que prodiguent les éleveurs.
Références :
Fetiveau M, Savietto D, Janczak AM, Fortun-Lamothe L, Fillon V. Thoughtful or distant farmer: Exploring the influence of human-animal relationships on rabbit stress, behaviour, and emotional responses in two distinct living environments. Animal Welfare. 2024;33:e47. doi:10.1017/awf.2024.54
Fetiveau et al. (2023) https://doi.org/10.1016/j.applanim.2023.105872
Savietto et al. (2023) https://doi.org/10.1016/j.anopes.2023.100051
Fetiveau (2023) https://theses.hal.science/tel-04164364
Plagnet et al. (2023) https://doi.org/10.4995/wrs.2023.18243