Lionel Roques, de l’analyse de modèles à la direction de BioSP

Les mathématiques, un point commun entre finance et biologie

Lionel Roques débute son parcours dans le monde de la Recherche par des études théoriques en mathématiques, attiré notamment par l’aspect ludique de la résolution de problèmes complexes. Il effectue un DEA (Diplôme d’Etude Approfondie) puis une thèse au Laboratoire Jacques-Louis Lions (anciennement Laboratoire d'Analyse Numérique) à l’Université Paris 6. Ses travaux de thèse portent sur l’analyse de modèles issus de la finance et de la théorie de la combustion, puis sur les phénomènes de propagation en milieu hétérogène avec des applications en écologie théorique.

Recruté à l’Inra en 2005, futur INRAE, en tant que Chargé de Recherche au sein de l’unité Biostatistique et Processus Spatiaux (BioSP) à Avignon, Lionel Roques devient un spécialiste de l’analyse mathématique d’équations correspondant à des systèmes dynamiques. Ces systèmes dynamiques sont des modèles qui décrivent l’évolution de quantités dans le temps et dans l’espace sous l’effet de différentes règles d’interactions et de rétroactions. Plus spécifiquement, ses recherches trouvent des applications dans la compréhension de phénomènes d’invasions biologiques ou de dynamiques évolutives. 

Ces thèmes lui permettent d’interagir avec l’ensemble des scientifiques de BioSP sur toutes les disciplines couvertes par l’unité : statisticiens lorsqu’il s’agit de confronter les modèles aux données, numériciens et informaticiens pour la simulation numérique, probabilistes pour la prise en compte d’événements rares, écologues et épidémiologistes pour réfléchir aux plans d’expériences et aux enjeux biologiques.

Les statistiques au service de l’écologie et de l’épidémiologie

Lionel Roques, après avoir été directeur adjoint de BioSP depuis 2016, est nommé directeur de l’unité BioSP au 1er septembre 2021. Son unité développe des travaux en statistique, en systèmes dynamiques, en écologie-épidémiologie, avec un intérêt particulier pour les questions spatiales et spatio-temporelles. Une des forces de l’unité BioSP réside dans sa capacité à faire interagir ces différentes disciplines, pour la mise en place de méthodes innovantes, la résolution de questions théoriques en écologie et épidémiologie, la construction de modèles et l’utilisation de données. 

BioSP se compose de deux équipes : une équipe « Recherche » qui a vocation à produire de la connaissance, et une équipe « Opérationnelle » (dénommée OPE) qui apporte un appui au programme de travail de la Plateforme nationale d'Epidémiosurveillance en Santé Végétale, créée en 2018, et une expertise technique destinée notamment aux partenaires non académiques tels que des organisations nationales et internationales (MAA, Anses, EFSA, FAO).

Les scientifiques de l’équipe « Recherche » interagissent de manière interne sur un mode « horizontal » qui favorise largement les interactions et l'émergence de travaux originaux, couplant des méthodes issues de fronts de sciences dans chacune des disciplines portées par l’unité. Ils bénéficient d’une grande autonomie qui permet d’entretenir et de renouveler les collaborations externes sur des sujets divers et variés tels que l’épidémiologie prédictive, les dynamiques évolutives, les distributions d’espèces, les sciences citoyennes, la transition écologique, ou encore les risques environnementaux et climatiques. Par ailleurs, l'insertion de l’équipe OPE dans l’unité BioSP, et plus généralement à INRAE, est un tremplin pour créer des synergies entre les aspects opérationnels de l’épidémiosurveillance et la recherche dans ce même domaine. Et comme le précise Lionel Roques, « les collaborations émergent naturellement autour d’un café ou naissent de discussions collectives lors de réunions hors-les-murs ».

En tant que nouveau directeur de l’unité, Lionel Roques veut poursuivre un mode de direction où beaucoup de décisions sont prises de façon collégiale. Il souhaite également faire émerger des projets ayant un fort effet d’entraînement dans l’unité, en ayant préalablement défini des « priorités scientifiques », qui permettraient de mobiliser des compétences variées mais pointues.