Changement climatique et risques 3 min
Agriculture et changement climatique
DOSSIER - La hausse des températures et les sécheresses de plus en plus fréquentes vont impacter les élevages et les récoltes. Dix projets conduits par INRAE évaluent des pistes pour s'adapter au changement climatique, qu'il s'agisse d’une adaptation progressive ou de changements en profondeur.
Publié le 11 janvier 2018
S’adapter et adapter des systèmes agricoles complexes
L’adaptation aux contraintes ou aux opportunités liées au changement climatique s’applique à différents objets et à différentes échelles : l’individu (la plante, l’animal), la population ou l’agroécosystème, la parcelle, l’exploitation agricole, le territoire ou encore la filière complète. Selon les échelles, les acteurs impliqués sont plus ou moins nombreux tout au long de la chaîne de valeur, de l’éleveur ou de l’agriculteur aux consommateurs, des gestionnaires de territoires aux responsables de politiques publiques, des professionnels du secteur au citoyen.
S’adapter de la saison en cours jusqu’aux siècles prochains
Lorsque le système à adapter est choisi, se pose la question de l’échéance temporelle à laquelle se projeter, afin de garantir la production. Quelle tactique adopter pour faire face à un évènement extrême ? Doit-on envisager des investissements qui ne seront amortis qu’à moyen terme pour faire face aux conditions climatiques du milieu du siècle prochain ? Ou encore, faut-il envisager de changer profondément l’occupation du sol et imaginer comment réorganiser des filières agricoles entières ?
Afin d’apporter des pistes de réponse à ces questions très pragmatiques, INRAE a mené des travaux de recherche sur différentes formes d’adaptation qui dépendent à la fois de la perspective à court, moyen ou long terme et de l’ampleur des évolutions possibles du climat. Évidemment, la pertinence de ces questions dépend beaucoup du cycle de vie propre à chaque culture (différences entre une culture annuelle comme le blé ou des plantes pérennes comme la forêt et la vigne) et de la résilience des systèmes, c’est-à-dire de leur capacité à revenir à un état normal après avoir subi un choc ou une perturbation.
Faire face, ajuster ou transformer les systèmes
L’adaptation peut alors prendre trois dimensions différentes, traitées par l’un ou l’autre des 10 projets INRAE :
• faire face aux aléas et aux évènements climatiques extrêmes comme les vagues de chaleur (PIGCHANGE, CLIMAGIE) ou les sécheresses (CAQ40), de manière réactive et tactique lorsqu’un accident climatique perturbe l’élevage ou la phénologie de la culture (PERPHECLIM) ;
• ajuster les systèmes biologiques et les pratiques propres au système ; travailler par exemple sur l’amélioration de la résilience des systèmes aux accidents climatiques (CLIMAGIE, FARMATCH) ou aux maladies (CLIF).
• transformer les systèmes, changer les objectifs, réorganiser spatialement les productions (FORADAPT), déplacer les filières (LACCAVE), repenser l’organisation et les productions au sein des territoires (AICHA, VIGIE-MED).
Des avancées scientifiques majeures
Les résultats de ces 10 projets illustrent les avancées scientifiques acquises dans ces différentes formes d’adaptation, sur des objets aussi différents que l’élevage des porcs, la filière vigne et vin, la forêt, les maladies des grandes cultures ou encore l’exploitation agricole, le territoire de l’arrière-pays méditerranéen ou l’agriculture irriguée en Inde. Certains projets ont ciblé les leviers de résilience pour faire évoluer les agro- ou éco-systèmes, en travaillant par exemple la diversité intra ou inter espèces (CLIMAGIE, FORADAPT). Enfin, des avancées scientifiques majeures ont été réalisées sur l’impact des aléas climatiques sur la qualité des productions et des semences (CAQ40, LACCAVE), essentielle pour notre alimentation.