Changement climatique et risques 3 min

Éclairer les décisions publiques pour optimiser l’usage des sols en 2050

Une bonne utilisation des sols garantit la préservation des services que le territoire fournit à ses habitants. Dans la région d’Avignon, l’urbanisation menace la production agricole. Avec le changement climatique, que se passera-t-il en 2050 ? Le projet VIGIE-MED tente d’apporter des réponses en simulant sous un climat futur les impacts des décisions publiques, en termes d’occupation du territoire, sur les capacités de production et de régulation des écosystèmes.

Publié le 11 janvier 2018

illustration Éclairer les décisions publiques pour optimiser l’usage des sols en 2050
© INRAE

« 70 à 80 % des terres arables en région Provence-Alpes-Côte d’Azur sont cultivées à moins de dix kilomètres d’un centre urbain : les capacités de production agricole et sylvicole de nos territoires sont menacées par le développement citadin », explique André Chanzy de l’UMR EMMAH à Avignon, rapporteur du projet « VIGIE-MED : impacts régionaux des changements climatiques et adaptation par la localisation des systèmes de production ». Les décisions prises au niveau d’un territoire affectent l’usage des sols : construction d’un chemin de fer, d’un canal ou modification du plan local d’urbanisme... Le projet s’attache à modéliser dans un contexte de réchauffement climatique les impacts de ce changement sur le territoire, en particulier sur trois services écosystémiques : la capacité productive, la ressource hydrique et la gestion du risque incendie.

Experimentation projet VIGIE-MED
Capteurs de pression, tours à flux pour mesurer les échanges gazeux, sondes hydriques, stations météo…un des dispositifs expérimentaux du projet VIGIE-MED installé au centre INRAE Provence-Alpes-Côte d’Azur permet l’enregistrement de données pour différents usages des sols sur le temps long.

Étudier les fonctions de production et de régulation du territoire

Le projet est né du rassemblement des équipes de recherche du centre INRAE Provence-Alpes-Côte d’Azur. « En croisant nos expertises en écologie, biophysique, agronomie et sciences humaines, nous avons décidé d’utiliser l’occupation des surfaces comme un indicateur d’impact de l’Homme sur son environnement », poursuit André Chanzy.

Un modèle de simulation biophysique est alors conçu afin de prédire le rendement, agricole et sylvicole et la durabilité des nappes phréatiques, en fonction des de la situation climatique et de l’usage des sols. Un générateur de climat spatio-temporel est intégré pour représenter la situation et sa variabilité dans les prochaines années. « Le logiciel délivre des cartes de potentialité de production végétale et de flux hydrique. Celles-ci sont analysées dans le futur, c’est-à-dire avec un nouveau climat et/ou avec un territoire dont les usages ont été modifiés », poursuit le chercheur. En sortie, le modèle établit des indicateurs de durabilité de la production végétale qui renseignent le gestionnaire sur les enjeux futurs de son territoire.

La décision humaine façonnera encore les usages en 2050

« L’utilisation de ce modèle sur la nappe de la Crau, nous a permis de démontrer que la pérennité de la ressource en eau était davantage conditionnée par la régulation du débit de la Durance - pour assurer les usages touristiques, électriques et agricoles de la rivière- que par le changement climatique. En résumé, en 2050, l’utilisation des sols d’un territoire sera davantage façonnée par la décision humaine que par le climat », analyse André Chanzy. 

Outre l’élaboration d’un générateur de climat, le simulateur de la nappe de la Crau développé dans le projet VIGIE-MED a été transféré au syndicat mixte de gestion de la nappe phréatique de la Crau, qui a recruté un hydrogéologue pour étudier les différents scenarios de gestion du territoire.

Viser l’horizon 2100 pour étudier les besoins d’atténuation

Le travail issu de VIGIE-MED ouvre des perspectives qui dépassent le cadre de l’adaptation au changement climatique. « Nous devons maintenant nous emparer de l’échéance plus lointaine et se projeter à l’horizon 2100 pour observer des impacts plus importants et étudier les politiques d’atténuation plus que celles d’adaptation. Des éléments précieux qui éclaireront les décisions des gestionnaires locaux », analyse André Chanzy, porteur du projet.

Références :

 - Olioso, A., R. Lecerf, A. Bailleux, A. Chanzy, F. Ruget, O. Banton, P. Lecharpentier, F. Trolard, and A.-L. Cognard-Plancq (2013), Modelling of drainage and hay production over the Crau aquifer for analysing impact of global change on aquifer recharge, Procedia Environmental Sciences, 19, 691-700.
- Martinetti, D. and Geniaux, G. (2017). Approximate likelihood estimation of spatial probit models. Regional Science and Urban Economics, 64:30–45

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