Changement climatique et risques 3 min
Améliorer la robustesse des élevages porcins face aux évènements climatiques extrêmes
Hausse des températures, vagues de chaleurs, sécheresse… sont quelques-unes des conséquences annoncées du réchauffement climatique qui risquent d’impacter la vulnérabilité des systèmes de production porcins. Comment anticiper ces effets afin de préserver la compétitivité des élevages, le revenu des agriculteurs et le bien-être des animaux ? À l’aide de simulations, le projet PIGCHANGE apporte de premières réponses à la filière.
Publié le 11 janvier 2018
Alors que de nombreux travaux tentent de mesurer les conséquences du réchauffement climatique en agriculture, l’exercice n’avait pas été réalisé pour l’élevage porcin. C’est chose faite, avec le projet PIGCHANGE – Évaluation de l’impact du changement climatique sur la filière porcine française. « Les éleveurs ne se sentent pas encore concernés. Pourtant, ils devront anticiper pour s’adapter et préserver leur revenu, explique David Renaudeau de l’UMR Pégase à Rennes. En effet, les performances de l’animal sont en jeu car, en cas de forte température, il se nourrira moins pour réduire sa chaleur interne. Notre travail a permis pour la première fois de quantifier le degré de vulnérabilité des exploitations pour proposer des solutions. »
Des vagues de chaleurs en 2080
Les scientifiques se sont transportés en 2080 lorsque les épisodes de chaleurs extrêmes seront plus fréquents, avec des conséquences sur la performance et le bien-être des animaux : dans ces conditions, les cochons régulent leur température en diminuant la production de chaleur métabolique, c’est-à-dire en mangeant moins.
Les chercheurs ont mis en place un modèle permettant d’évaluer l’impact du réchauffement climatique sur l’ambiance des bâtiments puis sur les performances des animaux. Par ailleurs, deux scénarios de production ont été envisagés, l’un fondé sur le contexte socio-économique actuel et l’autre simulant différentes évolutions du prix d’achat de l’alimentation et de vente des carcasses. Ce travail est issu d’une collaboration entre généticiens, nutritionnistes, climatologues, mathématiciens, Météo-France ou encore l’Ifip-Institut du porc.
Alimentation et régulation des bâtiments
Quels sont les résultats ? « En considérant l’évolution du système de production, l’impact du réchauffement climatique sera raisonnable, au moins à court terme, car il sera en partie compensé par les progrès de la sélection génétique, avance David Renaudeau. Toutefois, la saisonnalité des performances des animaux sera plus forte, en lien avec des étés plus chauds et plus longs. Ces incertitudes pourront avoir un impact sur les performances si l’exploitant ne les a pas anticipées. »
Parmi les pistes : la composition de l’aliment, une alimentation de précision, ou encore l’amélioration de la gestion de l’ambiance des bâtiments d’élevage.
Un des enjeux de PIGCHANGE est de transférer les résultats à la filière. « L’objectif est de fournir des éléments de dialogue avec les éleveurs. Ces travaux ont également une portée internationale car la moitié de la production porcine mondiale se situe dans des régions chaudes comme l’Asie du sud-est ou l’Amérique du sud. »
Le levier génétique
Si la sélection génétique à augmenté la sensibilité des porcs à des environnements changeants, elle pourrait désormais aider à améliorer leur robustesse. Le projet PIGHEAT a démarré dans ce cadre. Son objectif : fournir des connaissances et des outils pour sélectionner des espèces moins sensibles à leur environnement climatique.
Référence :
Renaudeau, D., Gourdine, J.-L., Hassouna, M., Robin, P., Gilbert, H., Riquet, J., Dourmad, J.-Y. (2015). «PigChange»: a project to evaluate the consequences of climate change and mitigation options in pig production. In: Abstracts of the climate smart agriculture 2015 (p. 169). Presented at 3. Climate Smart Agriculture, Montpellier, FRA (2015-03-16 - 2015-03-18). Poster, résumé.