Agroécologie 7 min

Concilier performances économiques, environnementales et bien-être animal en élevage bovin allaitant : le beurre et l’argent du beurre ?

Aujourd'hui, les systèmes d’élevage doivent rester économiquement viables, tout en répondant aux attentes de la société en termes de bien-être animal et d'externalités environnementales. Cette étude détermine dans quelle mesure il est possible d'obtenir simultanément toutes ces performances à un niveau élevé dans les élevages bovins allaitants français. Cet objectif constitue ce que nous appelons la multi-performance.

Publié le 14 novembre 2024

© INRAE

Les chercheurs de l’UMR Herbivores ont exploré la possibilité de concilier, dans les fermes bovines allaitantes françaises, trois objectifs souvent perçus comme contradictoires : la performance économique, environnementale et le bien-être animal. Les chercheurs ont utilisé une base de données techniques et économiques issues de plus de 250 exploitations agricoles, collectées entre 2016 et 2022. L’analyse des différentes dimensions de la performance a été réalisée à l'aide d’un modèle mathématique (par équations structurelles ; SEM, pour ‘Structural Equation Modeling), puis les pratiques et conditions agricoles les plus à même de favoriser la multi-performance ont été identifiées.

Les résultats montrent que des pratiques harmonisant les besoins nutritionnels des animaux avec la disponibilité en herbe constituent la clé permettant d’atteindre la multi-performance (résultats élevés pour les trois dimensions simultanément). Cette synchronisation repose sur des choix judicieux comme la gestion des réserves corporelles des animaux, la période de vêlage et la vente d’animaux adaptés à une alimentation basée sur l'herbe (broutards, taurillons maigres). Les pratiques d’élevage fondées sur l’utilisation de pâturages et la réduction du recours aux intrants (comme les pesticides ou les engrais azotés) se sont révélées déterminantes pour atteindre cette multi-performance. 
Dans cette étude, les exploitations les plus performantes dans les trois dimensions ont un faible niveau de chargement animal par hectare de surface fourragère et sont situées dans des zones défavorisées, souvent en montagne. Les races utilisées sont de type rustique (par exemple Aubrac), la taille des troupeaux est limitée (-10 % d’UGB* par rapport à la moyenne de l’échantillon), le système naisseur (c'est-à-dire vendant principalement des animaux maigres tels que les broutards ou taurillons maigres de 16 mois) est privilégié. Le recours au pâturage est maximisé, dans des systèmes qualifiés d’herbagers, avec des vêlages de fin d’hiver/début du printemps et de bonnes compétences techniques et managériales des éleveurs.

L'étude révèle des synergies modérées mais significatives entre la performance économique, environnementale et de bien-être animal. Par exemple, réduire le stress des animaux peut améliorer la productivité tout en diminuant l'empreinte écologique (les animaux sont plus efficients pour la valorisation des aliments). A l’inverse, un niveau d’intensification élevé peut nuire à ces équilibres, notamment en accroissant le risque de maladies et en augmentant la dépendance aux intrants (moindre autonomie alimentaire).

Cette étude met en avant l'importance d'une conception de systèmes d’élevage mettant en adéquation permanente la disponibilité des ressources alimentaires avec les besoins physiologiques des animaux, associée à une utilisation durable des ces ressources afin d’accroitre la multi-performance de ces systèmes. 

*UGB = Unité de Gros Bétail 

Thèse Larissa Billaudet-Misko (2022-2025) : Synergies et compromis entre bien-être animal et performances technico-économiques et environnementales en élevage bovin allaitant.
Cette thèse interdisciplinaire, soutenue par le métaprogramme SANBA, a réuni des expertises en bien-être animal, en systèmes d’élevage et en économie de la production animale. 
Thèse sur le site INTERNET SANBA

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