Agroécologie 3 min

2000-2016 / Le diagnostic des maladies des plantes en mode geek

Après 70 ans de travaux en santé du végétal, l’Inra déploie de nouveaux moyens pour partager ses résultats. L’avènement des technologies de l’information et de la communication a renforcé les interactions entre les chercheurs et les filières végétales, mais pas seulement. Celles avec le grand public s’accentuent aussi par le biais de nouvelles applications pour smartphones. C’est au centre de Bordeaux-Aquitaine que plusieurs d’entre elles ont été développées sur les maladies des plantes ouvrant ainsi la voie aux sciences participatives.

Publié le 01 septembre 2016

illustration 2000-2016 / Le diagnostic des maladies des plantes en mode geek
© INRAE - A. Girard

omme les humains, les plantes cultivées sont affectées par d’innombrables maladies et ravageurs, et nécessitent que des « médecins » en santé végétale, dénommés phytiatres se penchent à leur chevet pour éviter qu’elles ne trépassent. Ces phytiatres, comme les médecins généralistes en santé humaine, semblaient avoir déserté les campagnes et il devenait urgent d’agréger, de structurer, et de diffuser, en particulier auprès des techniciens de terrain et des producteurs, les connaissances de base de leur et de notre expertise. Cela constitue l’objectif principal d’une équipe de l’Inra de Bordeaux-Aquitaine qui a commencé son projet au cours des années 2000 et a pu bénéficier de l’appui indispensable des technologies de l’information et de la communication (TIC).

Agréger et diffuser la connaissance : une vielle histoire !

Les chercheurs et ingénieurs ont toujours eu le souci d’agréger et de diffuser leurs connaissances et expertises génériques en santé des plantes via des supports qui ont évolué au fil du temps : revues variées, plusieurs ouvrages, systèmes experts, CD-ROM et portfolios. Les fabuleuses potentialités des TIC leur ont permis plus récemment d’envisager le développement d’outils plus exhaustifs, ludiques, interactifs, et largement diffusables via le Web et les supports nomades.

Web et smartphones se mettent au diagnostic !

. © Inra, UMR SAVE
© Inra, UMR SAVE
Après avoir développé un logiciel Inra (@greco), plusieurs applications de diagnostic-conseil ont été construites et diffusées à partir de 2011 via le site web Inra e-phytia. Ces applications permettent à un utilisateur d’identifier les maladies de plusieurs cultures : tomate, salade, melon, courgette, tabac, vigne, et bientôt pommier, pomme de terre, etc. Elles disposent d’un module de diagnostic par l’image tout à fait original et de fiches exhaustives détaillant les symptômes, la biologie des bioagresseurs, mais aussi les méthodes de protection les plus efficientes à mettre en œuvre. À partir de 2012, des versions nomades de ces applications ont été créées et diffusées sous l’appellation Di@gnoplant, bénéficiant de la richesse du fond documentaire du portail e-phytia, et téléchargeables gratuitement à partir des plateformes App Store et Google Play. Ces applications actualisables peuvent être embarquées afin de les utiliser même en zones non couvertes.

La toile promeut les méthodes de protection alternatives !

Suite au Grenelle de l’environnement et au déploiement des plans Ecophyto I et II, la société a une exigence croissante en matière de réduction de l’usage des produits phytosanitaires. Afin de compléter les performances des outils créés en termes de conseils, plusieurs applications dédiées aux méthodes de protection alternatives à l’usage des pesticides ont été élaborées dans le cadre de nombreux partenariats. « Biocontrol », « TeSysLég » et « Guide EcoFruits » font la part belle au contrôle génétique, à la lutte biologique et aux mesures prophylactiques. . © Inra, UMR SAVE
© Inra, UMR SAVE

Déclarer les bioagresseurs émergents grâce à votre smartphone !

En matière de santé des plantes, la surveillance des cultures a le double intérêt :

  • de repérer précocement les épidémies de bioagresseurs et suivre leurs évolutions, avec pour but, à terme, de les anticiper et les contrôler au mieux ;
  • de détecter prématurément les bioagresseurs émergents notamment ceux diffusés par les échanges commerciaux mondialisés ou liés au réchauffement climatique, comme la bactérie Xylella fastidiosa qui a défrayé la chronique en France en 2015, ou le frelon asiatique.

Le déploiement  d’applications nomades en santé des plantes utilisables sur le terrain a permis de sensibiliser techniciens, producteurs, voire citoyens à ces technologies. Cette révolution technique a motivé nos ingénieurs à doter toutes les applications de diagnostic d’un module complémentaire nommé « Vigipl@nt » permettant, une fois un bioagresseur identifié, de signaler sa présence. Par la suite, d’autres applications dédiées à l’épidémiosurveillance et aux sciences participatives – dont l’Inra est un promoteur actif - ont été créées pour répondre aux besoins de divers partenaires :

  • AGIIR (Alerter & Gérer les Insectes Invasifs et/ou Ravageurs) permet depuis 2014 de signaler des insectes invasifs : processionnaire du pin, pyrale du buis, etc. . Les données collectées nourrissent notamment les recherches de l’Inra sur le sujet ;
  • Grâce à «Vigi-Jardin», des jardiniers experts renseignent la Société Nationale d’Horticulture Française sur les agissements des principaux bioagresseurs du jardin ;
  • « Sauvons les abeilles » diffusée en 2016 par la Communauté de communes de Blois met à disposition des administrés un outil permettant de déclarer la présence de nids de frelon asiatique devant être éradiqués.
. © Inra, UMR SAVE
© Inra, UMR SAVE
Le large panel d’applications nomades, ainsi que le site e-phytia, développés par l’Inra Bordeaux-Aquitaine permettent d’organiser un continuum de connaissances et d’observations de la recherche vers le terrain, et réciproquement. Ainsi, la mobilisation des TIC participe activement à valoriser et à articuler connaissances scientifiques et connaissances profanes pour contribuer à une protection durable des cultures.

Communication Nouvelle-Aquitaine Bordeaux

Contacts

Dominique Blancard / Jonathan Gaudin / Jean-Marc Armand Unité mixte de recherche "Santé et Agroécologie du Vignoble " (SAVE) INRAE-Bordeaux Sciences Agro

Le centre