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Protéger les cultures

Proposer des alternatives aux pesticides

Publié le 10 février 2025

Pourquoi protéger les cultures ?

Protéger les cultures est indispensable pour assurer notre alimentation dans un contexte où le changement climatique fait peser de nouvelles menaces en favorisant l’émergence de maladies, ravageurs et plantes adventices, tout en accentuant la pression de ceux déjà présents. Or, les systèmes de production agricoles actuels utilisent en quantité importante des produits phytopharmaceutiques qui ont des impacts significatifs sur la santé et l’environnement. De plus, une utilisation importante et répétée des pesticides chimiques fait diminuer voire disparaître leur efficacité en générant l’apparition de résistances chez les ravageurs, plantes adventices et agents pathogènes qu’ils visent.

Quelles recherches pour quelles solutions ?

INRAE mène des recherches pour protéger les cultures grâce à des solutions alternatives aux pesticides chimiques. Elles favorisent les mesures préventives, la résistance des plantes aux maladies, la diversification des cultures dans les rotations et les paysages, les alternatives mécaniques et physiques. Elles s’appuient sur les mécanismes de régulation naturelle des écosystèmes et stimulent l’immunité des cultures, y compris à travers les microbiotes des plantes. Elles réduisent au maximum les doses et applications de produits phytopharmaceutiques. Sur le terrain, ces solutions sont combinées et leur efficacité est démontrée avec les partenaires du développement agricole et les agriculteurs.

L’acquisition de données sur ces nouvelles pratiques, le partage d’expérience, le conseil, sont essentiels pour permettre aux agriculteurs d’acquérir des références et les sécuriser dans leurs démarches de transition vers des agricultures plus durables.

Exemple 1 : Des vignes durablement résistantes aux maladies

Plus de 80 % des traitements fongicides évités grâce aux vignes résistantes

12 variétés de vignes résistantes au mildiou et à l’oïdium, obtenues par croisements naturels, ont été inscrites au Catalogue officiel français entre 2018 et 2024. Les traitements contre ces 2 maladies représentent 80 % des traitements phytosanitaires sur la vigne. Nos variétés résistantes ont permis de les réduire de plus de 80 %, voire 90 % lors des premières années de leur utilisation. Le déploiement est progressif pour limiter les risques de contournements de la résistance et adapter les cépages aux typicités régionales. Cette réussite a été obtenue par des recherches de haut niveau menées par INRAE, et grâce au partenariat avec l’Institut technique français de la vigne et du vin, ainsi qu’au concours des professionnels, qui ont accéléré la diffusion de l’innovation.

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Exemple 2 : Développer la culture de la pomme de terre avec moins de pesticides

Plus de 900 lignées parentales, avec différents gènes de résistance, à disposition des sélectionneurs pour créer de nouvelles variétés

Plus de 30 variétés de pommes de terre résistantes au mildiou ou aux nématodes ont été inscrites au Catalogue depuis 2008. Adaptées à la plupart des usages de la filière, leur culture se développe en France et à l’international. L’usage des variétés résistantes au mildiou, combiné à l’utilisation d’un outil d’aide à la décision (Miléos), développé par Arvalis, et à des mesures de prévention des épidémies, réduit de 50 à 80 % les nombreux traitements effectués contre cette maladie. La maîtrise des nématodes, petits vers du sol, impose des alternatives aux traitements chimiques, tous très toxiques pour la faune du sol. Ces nouvelles variétés ont été obtenues grâce à plus de 900 géniteurs INRAE comportant différents gènes de résistance mis à disposition de tous les sélectionneurs français. Un travail avec la filière et les acteurs du CTPS a permis de créer 3 nouveaux classements pour valoriser les variétés résistantes et adaptées à des pratiques agricoles plus durables.

Exemple 3 : La lutte biologique pour sauver la production de cerises

Une micro-guêpe, Ganapsis kimorum, a fait l’objet d’autorisations d’introduction dans l’environnement en France, en Italie, aux États-Unis et en Suisse. 
Son potentiel ? Elle parasite la mouche Drosophila suzukii qui dévaste les vergers de cerises à travers l’Union européenne, où plus aucun insecticide efficace contre ce ravageur n’est autorisé. Cette mouche, originaire d’Asie et identifiée en France en 2010, pond ses œufs dans les fruits, les rendant impropres à la consommation. Plusieurs années d’expérimentations menées en laboratoire à INRAE ont permis de qualifier la micro-guêpe Ganapsis kimorum, parasite de la mouche dans son milieu d’origine, comme bon candidat pour une lutte biologique ciblée, efficace et respectueuse de l’environnement. Les premiers lâchers ont eu lieu en 2023 en France en périphérie des vergers de production pour réduire les réservoirs de mouches. Un recul de 5 ans permettra de valider cette solution.

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Exemple 4 : Les atouts de la diversité végétale

Introduire plus de diversité dans les cultures qui se succèdent sur une même parcelle réduit d’environ 20 % l’usage de pesticides pour les 16 productions les plus cultivées en France (pomme de terre, colza, betterave à sucre...). C’est ce qu’a montré l’analyse de plus de 14 000 observations réalisées sur le réseau de fermes Dephy. Dans les paysages agricoles, la combinaison de prairies permanentes et d’une diversité de cultures favorise la régulation des insectes ravageurs et des plantes adventices. C’est le cas aussi au sein d’une même parcelle, avec les cultures associées ou en relai. Le gain est ainsi de 60 % avec l’association de plusieurs espèces végétales, de 40 % grâce à l’agroforesterie, et de 84 % par l’implantation de haies. Les choix des agriculteurs dépendent largement des interactions avec les acteurs en amont et en aval de la production. Une transition à l’échelle des filières, dans les territoires, est donc impérative. 

Focus sur Agri-Obtentions, filiale d'INRAE

Agriobtentions sélectionne et développe des variétés adaptées à la transition agroécologique dans 11 groupes d'espèces.

Un exemple ? La variété de blé tendre d'hiver Géopolis, inscrite dernièrement.

Quelques chiffres

  • 10 variétés de blé adaptées à la culture en agriculture biologique inscrites depuis 2011, 3 variétés d’abricotiers
  • 1 thermo-arène, une méthode et un logiciel pour évaluer l’aptitude d’insectes auxiliaires des cultures (trichogrammes) à une utilisation en biocontrôle
  • 1 appli et 2 outils pour la conception et le pilotage de fermes maraîchères agroécologiques
  • 1 plateforme (Réducpol) qui offre des prestations pour réduire à la source les pollutions liées aux pesticides
  • 3 dispositifs INRAE d’expérimentation du zéro pesticide : grandes cultures, arboriculture et vigne
  • 60 collaborateurs dans le laboratoire partenarial associé LA PEPITE R&D avec Terres Inovia pour protéger les cultures de colza et légumineuses avec moins de pesticides
  • 5 start-up : phéromones (Agriodor), biomolécules (Profilia), champignons symbiotiques (Mycophyto), insectes auxiliaires (AgroInnov), agents de lutte biologique et outil d’aide à la décision (Evolutive agronomy)
  • 2 Grands défis : biocontrôle avec l’Association biocontrôle et biostimulation pour l’agroécologie (ABBA), et robotique avec l’AgroTechnoPôle
  • 1 Institut convergence pour l’agriculture numérique, #DigitAg
  • 1 Territoire d’innovation pour la viticulture durable, VITIREV