Biodiversité Temps de lecture 2 min
Ganaspis kimorum : une micro-guêpe pour protéger les cerises
Face à la drosophile à ailes tachetées, Drosophila suzukii, un ravageur qui provoque de sérieux dégâts au sein de la filière cerise, une équipe de recherche d’INRAE de Sophia Antipolis a récemment procédé, après plusieurs années d’études en laboratoire, à des lâchers de Ganaspis kimorum dans le Vaucluse. Ces micro-guêpes parasitoïdes, ennemies naturelles de la mouche asiatique, offrent une alternative écologique aux pesticides.
Publié le 28 juin 2024
Drosophila suzukii, originaire d’Asie et identifiée en France en 2010, se reproduit particulièrement rapidement et pond ses œufs dans les fruits, les rendant impropres à la consommation. Cette mouche constitue un véritable fléau pour les arboriculteurs, privés de traitements chimiques par la Commission Européenne en 2022 pour des raisons sanitaires.
C’est au pied du mont Ventoux, aux abords du village de Malaucène, qu’une équipe de recherche INRAE de l’Institut Sophia Agrobiotech s’est rendue au début du mois de mai, afin de procéder à un lâcher de Ganaspis kimorum (voir encadré). Ces micro-guêpes, d'un millimètre de long et originaires du Japon, pondent leurs œufs dans les larves de D. suzukii. En se développant, les larves de G. kimorum consomment celles de la mouche, réduisant ainsi sa population efficacement et durablement.
Après plusieurs années d’expérimentations menées en laboratoire à Sophia Antipolis sur G. kimorum, le parasitoïde de D. suzukii dans son milieu d’origine, s’est avéré être un bon candidat pour contrôler D. suzukii tout en respectant l’environnement. Nicolas Borowiec, ingénieur à INRAE, spécialiste de la lutte biologique par acclimatation et responsable de ce projet indique que « ce parasitoïde a été sélectionné car il s’attaque efficacement et spécifiquement à D. suzukii dans les fruits en cours de maturation, limitant ainsi les effets indésirables ».
En présence du sénateur du Vaucluse, des maires de Malaucène et de Venasque ainsi que de la cheffe de département Santé des Plantes et Environnement d’INRAE, Mylène Ogliastro, et du Président du centre INRAE Provence-Alpes-Côte d'Azur, Frédéric Carlin, les chercheurs ont effectué un lâcher de 500 femelles G. kimorum dans des vergers de cerisiers à Malaucène. Ils suivront sur plusieurs années cette introduction du parasitoïde, afin d’évaluer l’efficacité de cette stratégie de biocontrôle pour contrôler D. suzukii sans avoir recours à des produits phytosanitaires. D'autres lâchers de parasitoïdes sont prévus dans le sud-est de la France et dans d’autres régions sur des sites où le ravageur est présent.
De Ganaspis cf. brasiliensis à Ganaspis kimorum
Les résultats des nombreuses études de biologie, écologie et caractérisation moléculaires menées ces dernières années montraient sans ambiguïté la présence de plusieurs taxons différenciés sous le même nom « Ganaspis cf. brasiliensis ». Au sein de ce complexe, le groupe moléculaire 1 (= G. cf. brasiliensis G1) est celui qui présente la plus forte spécificité écologique et physiologique vis-à-vis de D. suzukii. C’est cette souche qui a fait l’objet d’autorisation d’introduction dans l’environnement dans plusieurs pays (France, Italie, Etats-Unis, Suisse).
Une publication récente de taxonomistes spécialistes des Figitidae (famille à laquelle appartient le genre Ganaspis) décrit certains de ces groupes comme de nouvelles espèces. C’est le cas de Ganaspis cf. brasiliensis G1 qui devient donc Ganaspis kimorum (Sosa-Calvo et al 2024. Journal of Hymenoptera Research. doi : 10.3897/jhr.97.118567).