Agroécologie 3 min

Plan d’action de sortie du phosmet

COMMUNIQUÉ DE PRESSE - Le retrait de l’autorisation de mise sur le marché du phosmet, pour répondre aux besoins de préservation de la santé publique et de l'environnement, annoncé en décembre 2021, fragilise la pérennité de la culture du colza, en particulier dans les régions où les pyréthrinoïdes s’avèrent inefficaces vis-à-vis de l’altise d’hiver et du charançon du bourgeon terminal. Face au risque de voir péricliter les surfaces françaises en colza, les pouvoirs publics, en partenariat avec la filière des oléprotéagineux, lancent le Plan d’action de sortie du phosmet. Cet important dispositif animé par Terres Inovia et INRAE rassemble les acteurs de la recherche et du développement, publics et privés, en vue de produire et de déployer, d’ici 2025, des stratégies alternatives efficaces, durables et opérationnelles pour réduire l’impact des ravageurs d’automne du colza.

Publié le 13 décembre 2022

illustration Plan d’action de sortie du phosmet
© INRAE

Plan d'action de sortie du phosmet - Identifier des stratégies alternatives opérationnelles pour réduire les attaques et la nuisibilité des ravageurs d’automne du colza

Pourquoi un Plan d’action de sortie du phosmet ?

Depuis quelques années, le colza est soumis à 2 contraintes majeures : les épisodes de sécheresse estivale liés au changement climatique et la très forte pression des ravageurs d’automne sur les surfaces cultivées, altise d’hiver et charançon du bourgeon terminal, qui ont développé des résistances aux insecticides de type pyréthrinoïdes depuis le début des années 2010.

Les leviers agronomiques mis en place pour favoriser une levée précoce et une croissance dynamique du colza au cours de l’automne permettent généralement de limiter efficacement les attaques et/ou la nuisibilité de ces 2 ravageurs. Cependant, leur efficacité est rendue aléatoire du fait du contexte climatique de ces dernières années, très défavorable à l’implantation des colzas.

Insecticide de la famille des organophosphorés, le phosmet représentait jusqu’ici la dernière solution en lutte chimique disponible pour protéger le colza dans les secteurs où les pyréthrinoïdes s’avèrent inefficaces. Le retrait de l’autorisation de mise sur le marché du phosmet, pour répondre aux besoins de préservation de la santé publique et de l'environnement, annoncé en décembre 2021 pourrait fragiliser la pérennité de la culture dans ces régions si aucune alternative solide n'était proposée.

Le Plan d’action de sortie du phosmet réunit une vingtaine de partenaires travaillant sur 8 projets afin d'identifier, d'ici 2025, les combinaisons de solutions optimales pour réduire les attaques et la nuisibilité des ravageurs d’automne du colza. Recherches et expérimentations sont au cœur de ces projets, mais également le déploiement sur le terrain des stratégies identifiées.

Quels moyens alloués au Plan d’action de sortie du phosmet ?

Terres Inovia et INRAE pilotent et assurent la coordination technique du Plan d’action de sortie du phosmet. Ce plan bénéficie d’un financement public de 2,5 millions d’euros sur 3 ans, décidé par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire et provenant du Compte d’affectation spécial au développement agricole et rural (CASDAR), auquel s’additionnent les investissements de la filière des oléoprotéagineux de 800 000 euros sur 3 ans opérés par Sofiprotéol. Le montant global associé à ces travaux atteint plus de 5 millions d’euros en intégrant les cofinancements des porteurs de projets.

À son lancement, le Plan d’action de sortie du phosmet réunit une vingtaine de partenaires (acteurs du développement, entreprises privés, recherche académique) travaillant sur 8 projets.

Les projets déjà en cours sont :
•    déploiement des stratégies alternatives (Adaptacol2) ;
•    contrôle par un champignon entomopathogène (VELCO-A) ;
•    formulation d’une solution aux propriétés dissuasives (COLZACTISE) ;
•    optimisation technologique d’un produit de biocontrôle (projet CERTIS) ;
•    sélection de variétés tolérantes (RESALT) ;
•    manipulation du comportement par des COV et des plantes de service (Ctrl-Alt) ;
•    identification de nouveaux COV (AltisOR) ;
•    élevage intensif de l’altise d’hiver (LEGO) ;
Pour plus de détails cliquez ici.
Demain d’autres sujets d’étude innovants pourront compléter ce plan.

Sur quoi portent les recherches ?

L’ambition du plan est de déployer, à court terme, des stratégies de protection alternatives au phosmet, et de réduire durablement la pression parasitaire des coléoptères d’automne grâce à la combinaison d’un maximum de leviers, appliqués à différentes échelles, dans une approche systémique. Les efforts de recherche s’articulent autour de 4 grands axes.

Axe 1 : Mieux connaître ravageurs et auxiliaires
Il est primordial d’approfondir les connaissances sur la biologie et la dynamique des insectes ravageurs d’automne et d’identifier leurs principaux ennemis naturels. On étudiera notamment les dynamiques de vols et de pontes du charançon.

Axe 2 : Quelles solutions à l’échelle de la plante ?
Les méthodes de lutte contre les ravageurs doivent être identifiées, évaluées et développées à l’échelle de la plante. Concrètement, les travaux sur les produits de biocontrôle sont intensifiés, les sources de tolérance à l’altise sont identifiées, des méthodes agronomiques innovantes sont expérimentées.

Axe 3 : Comment agir à l’échelle de la parcelle et du paysage ?
L’objectif est de baisser durablement la pression parasitaire en proposant des solutions pour détourner les coléoptères d’automne de la culture du colza grâce à des plantes de services et/ou de composés organiques volatils.

Axe 4 : Transfert et déploiement des solutions aux agriculteurs
Les stratégies de lutte, éprouvées ou développées au cours du plan, ont vocation à être déployées sur le terrain. Pour cela, les acteurs du développement et de la recherche seront mobilisés pour accompagner de façon coordonnée les agriculteurs dans la mise en place de ces stratégies. Cet accompagnement se concrétise par l’organisation de rendez-vous réguliers que sont les comités régionaux, lieux privilégiés de partage d’expériences, pour fédérer la filière (acteurs de la distribution, du conseil, de l’enseignement agricole, firmes et semenciers). Ces comités constituent des ancrages territoriaux pour évaluer et diffuser les stratégies développées tout au long du plan.

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