INRAE en Australie et en Nouvelle-Zélande : une coopération scientifique renforcée

Du 30 avril au 7 mai, INRAE a renforcé ses coopérations scientifiques en Océanie. Signatures d’accords, valorisation de projets et temps forts institutionnels ont rythmé cette mission, qui a permis d’approfondir des partenariats durables avec les communautés scientifiques australiennes et néo-zélandaises.

Publié le 16 mai 2025

© INRAE

L’Australie, la Nouvelle-Zélande et la France sont confrontés à des enjeux similaires : tensions sur les ressources, multiplication des aléas climatiques, enjeux de souveraineté alimentaire… Dans ce contexte, les échanges scientifiques ont un rôle croissant. La mission conduite par Jean-François Hocquette, chargé de mission géographique d’INRAE pour la région Océanie, a permis de renforcer ces coopérations bilatérales. 

INRAE a pris part au lancement de la communauté Agri-Food du réseau Australian-French Research Network (AFRAN), le 30 avril, à Canberra, à l’ambassade de France. Plusieurs institutions de recherche françaises et australiennes se sont réunies lors de cette journée de rencontres scientifiques, autour de thématiques telles que la bioéconomie, la sécurité alimentaire, l’adaptation au changement climatique ou encore l’approche One Health appliquée aux systèmes agricoles. 

Une dynamique « fondée sur des préoccupations et des ambitions partagées pour augmenter, adapter et mettre en durabilité la production agricole », et saluée par Philippe Mauguin, président-directeur général d’INRAE, lors d’une intervention filmée au cours de laquelle il a tenu à souligner la densité et la qualité des collaborations scientifiques déjà engagées. Avec plus de 2 000 publications co-signées entre 2017 et 2023, l’Australie figure en effet parmi les partenaires les plus actifs d’INRAE hors Europe, en particulier grâce à des liens étroits avec le CSIRO, l’Université du Queensland, l’Université de Melbourne ou encore l’Australian National University (ANU). 

Signature officielle entre INRAE et le CSIRO, à l’ambassade de France en Australie, avril 2025.

Deux accords ont été renouvelés avec le CSIRO, premier partenaire australien d’INRAE : un protocole d’accord (MoU) définissant les bases d’une collaboration autour de priorités scientifiques partagées, ainsi qu’un accord Joint Linkage Call (JLC) pour favoriser les échanges scientifiques. À ces renouvellements s’ajoute également la signature d’un nouveau Laboratoire International Associé (LIA) consacré à l’adaptation du blé aux conditions climatiques extrêmes, signé par INRAE et l’université du Queensland. Les chercheurs étudieront les interactions entre l’environnement et la génétique des plantes, pour mieux augmenter le rendement du blé tout en assurant sa stabilité dans des environnements variables sous l’effet du changement climatique. 

INRAE-Australie : 8 projets de coopération scientifique à l'honneur à Canberra 

Présentés sous forme de posters lors du lancement de la communauté Agri-Food à l’ambassade de France, ces huit projets soulignent des résultats issus de cette coopération scientifique. 

  • Conception de systèmes aquacoles circulaires (INRAE, CSIRO) 
    Ce projet explore des modèles d’aquaculture plus durables, en intégrant des approches circulaires pour limiter leur impact environnemental, sans compromettre leur viabilité économique.
     
  • Modélisation des stocks de carbone des sols agricoles (INRAE, CSIRO)
    A partir de données collectées sur des sites australiens, les chercheurs affinent les modèles de stockage du carbone organique dans les sols agricoles. L’enjeu : rapprocher les estimations, obtenues par les modèles, des mesures réelles observées sur le terrain, afin d’améliorer les outils de suivis mobilisés par les politiques climatiques.  
     
  • Résilience des plantes face au stress hydrique (INRAE, ANU, université d’Angers)
    Grace à des traceurs isotoptiques, les chercheurs étudient les flux d’eau et de carbone dans des plantes soumises à des conditions environnementales sous contrainte, permettant ainsi de mieux comprendre leur fonctionnement, et identifier les leviers d’adaptation pour ces plantes dans un contexte de changement climatique.
     
  • Bioingénierie du niébé (INRAE, CSIRO)
    Des stratégies d’enrichissement nutritionnel du niébé, une légumineuse cultivée dans les zones arides, sont explorées par les chercheurs. Les équipes ont recours à des outils de bioingénieurie afin d’augmenter la teneur en huile de cette légumineuse, dans l’objectif de répondre aux besoins alimentaires spécifiques à ces zones arides, où la sécurité alimentaire est sous tension.
     
  • Vigueur génétique du colza (INRAE, CSIRO, IGEPP, université de Rennes, institut Agro Rennes-Angers)
    Ce projet s’appuie sur la diversité d’espèces apparentées au colza, pour renforcer la vigueur et la robustesse du colza, le rendre plus résistant aux stress climatiques, en particulier la sécheresse, et améliorer son rendement.
     
  • Une approche globale de la qualité sensorielle de la viande bovine (INRAE, Institut de l’Elevage, Murdoch university, Meat Livestock Australia, Fondation Internationale Meat 3G)
    Les chercheurs de nombreux pays ont testé avec succès une approche de modélisation initiée en Australie pour prédire la qualité sensorielle de la viande bovine. Cette approche est développée grâce à une base de données internationale, alimentée par 12 pays participants, et a permis de créer une nouvelle marque de viande bovine premium en France: la viande limousine Or Rouge.
     
  • Coopération sur les techniques de reproduction ovine (INRAE, université de Sydney)
    En France comme en Australie, des techniques d'insémination artificielle des ovins ont été développées, chaque pays adoptant des stratégies distinctes. En partageant des modèles expérimentaux, des technologies d'imagerie et une expertise scientifique complémentaire, la collaboration, installée entre les deux pays depuis 2009, a permis d’améliorer la réussite de la reproduction artificielle chez les ovins.
     
  • Santé globale et zoonoses (initiative internationale PREZODE)
    Un poster était consacré à l’initiative internationale PREZODE, soutenue dès son lancement par INRAE aux côtés du CIRAD et de l’IRD. Ce programme international vise à prévenir les crises sanitaires d’origine zoonotique en intégrant les dimensions humaine, animale et environnementale, dans une approche One Health, une thématique dans laquelle s’inscrivent les recherches INRAE. 


Nouvelle-Zélande : vingt ans de recherche partagée

INRAE a également pris part aux célébrations des 20 ans du Partenariat Hubert Curien Dumont d’Urville, le 7 mai, à Wellington, un partenariat soutenant la coopération scientifique entre la France et la Nouvelle-Zélande depuis 2005. Organisée à l’ambassade de France à Wellington en partenariat avec la Royal Society Te Apārangi, cette journée a mis à l’honneur la continuité et la diversité des collaborations nouées au fil du temps : environ 80 mobilités scientifiques entre les deux pays et vingt projets impliquant INRAE ou le CIRAD.

Ces coopérations portent sur des thématiques variées : biotechnologies végétales et forestières, sciences animales (reproduction, qualité des viandes), biomatériaux issus de la biomasse forestière, génomique des espèces invasives, modélisation des agroécosystèmes et adaptation au changement climatique. Elles s'appuient aujourd’hui sur deux accords de collaborations (MoU et JLC signés en 2023) avec Science New Zealand, et sur trois Laboratoires Internationaux Associés (LIA) actifs : 

  • RUMQUAL (INRAE, AgResearch, BSA), consacré à la qualité de la viande de ruminants
  • BIOMATA (INRAE , Scion), dédié aux biomatériaux issus de la biomasse forestière
  • AgriForAdapt, lancé en 2023, qui explore l’adaptation des agroécosystèmes au changement climatique, porté par le CNRS et impliquant plusieurs instituts de recherches et universités de Nouvelle-Zélande, plusieurs laboratoires INRAE et plusieurs universités françaises.

L’ensemble repose sur un réseau de partenaires particulièrement varié, associant à la fois des Crown Research Institutes (AgResearch, Scion, NIWA, Plant & Food), plusieurs universités (Massey, Lincoln, Otago, Waikato, Canterbury) et dans certains cas des entreprises privées. 

Rencontre avec Laurence Beau, ambassadrice de France en Nouvelle-Zélande, à l’occasion des 20 ans du Partenariat Hubert Curien (PHC), aux côtés de Jean-Michel Carnus (INRAE, à gauche) et Jean-François Hocquette (INRAE, à droite)

Des collaborations à fort impact scientifique

Entre 2017 et 2023, les publications scientifiques co-signées entre INRAE et ses partenaires australiens et néo-zélandais présentent un facteur d’impact moyen dans la discipline 2 à 4 fois plus important que les publications de chacun des pays. Entre 10 et 14 % d’entre elles figurent parmi les 1 % les plus citées (contre environ 2% pour les publications uniquement françaises).

« Ces coopérations permettent de croiser les regards notamment entre hémisphères, de confronter des approches, mais aussi de générer des connaissances nouvelles et de co-produire des outils utiles à la transition de nos systèmes agricoles, le tout en bénéficiant des regards complémentaires apportés par les différences climatiques, et des conditions de productions », atteste Jean-François Hocquette, qui représentait INRAE lors de l’événement.

Livre publié par le réseau FAST!, "20 ans de coopération scientifique franco–néo-zélandaise", incluant plusieurs collaborations avec INRAE (2024)

Coordinateur scientifique

Jean-François Hocquette

Chargé de mission géographique INRAE

pour la région Océanie

En savoir plus

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