Alimentation, santé globale 3 min

Un vaccin contre la toxoplasmose pour les singes Saïmiris

Les Saïmiris, petits singes d’Amérique du Sud, sont particulièrement sensibles à la toxoplasmose, une infection parasitaire due au protozoaire Toxoplasma gondii. Une campagne de vaccination de Saïmiris a débuté en septembre 2017 dans cinq parcs zoologiques français. Le vaccin contre T. gondii a été développé par l’équipe BioMédicaments Anti Parasitaires (BioMAP) de l'unité mixte de recherche Infectiologie et santé publique (UMR ISP, Inra-Université de Tours), en collaboration avec la société Vaxinano.

Publié le 02 décembre 2019 (mis à jour : 19 décembre 2019)

illustration Un vaccin contre la toxoplasmose pour les singes Saïmiris
© Benoit Quintard, Zoo Mulhouse

La toxoplasmose est une infection parasitaire due au protozoaire Toxoplasma gondii. Un tiers de la population humaine mondiale est infecté par ce parasite. Généralement bénigne, la toxoplasmose se révèle redoutable pour les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées. La toxoplasmose est également un problème de santé vétérinaire puisqu’elle est la cause fréquente d’avortements chez les petits ruminants.

Ces dernières décennies, de nombreux cas d’épidémies de toxoplasmose chez les Saïmiris de Bolivie (Saimiri boliviensis) en captivité ont été recensés dans le monde. Petits singes vivant dans la canopée des arbres des forêts tropicales d’Amérique du Sud et centrale, ceux-ci sont rarement au contact du sol. Ils ont peu de risques d’entrer en contact avec T. gondii et n’ont pas eu l’opportunité de co-évoluer avec lui, ce qui est actuellement l’hypothèse majeure pour expliquer leur extrême sensibilité. Extraits de leur environnement naturel pour être accueillis dans les parcs zoologiques de par le monde, ils se retrouvent sur un territoire restreint et sans prédateur, ce qui influe sur leur mode de vie et les incite à explorer le sol. Dès lors, leur premier contact avec le parasite leur est fatal. En effet, les Saïmiris meurent en quelques jours de toxoplasmose aiguë sans signe clinique dans la moitié des cas.

Un vaccin innovant et efficace

Ces dernières années, l’équipe BioMédicaments Anti Parasitaires (BioMAP) du Pr Isabelle Dimier-Poisson, de l’UMR ISP (Inra-Université de Tours), en collaboration avec la société Vaxinano, a développé un vaccin sous-unitaire1 contre T. gondii. Ce vaccin est composé de la totalité des antigènes du toxoplasme couplés à des nanoparticules constituées d’amidon et de lipides. Ce vaccin innovant est biodégradable, biocompatible, et produit selon les principes de la chimie verte dans un souci de respect de l’environnement.

L’efficacité de ce vaccin a été démontrée chez la souris, mais aussi chez la brebis, hôte naturel du toxoplasme qui occasionne des avortements et donc de très lourdes pertes pour l’industrie agro-alimentaire. Ainsi, administré à l’aide d’un spray nasal, le vaccin induit une réponse immunitaire cellulaire muqueuse et systémique qui apporte une protection vis-à-vis d’une toxoplasmose aiguë, chronique et congénitale.

Durant l’été 2017, en lien avec le Dr Florence Ollivet-Courtois, vétérinaire référent des parcs zoologiques de France, ce vaccin, seule solution thérapeutique efficace, a été proposé chez cette espèce très fortement impactée.

Campagnes de vaccination

Une première campagne de vaccination a donc été lancée fin 2017 dans cinq zoos pilotes français (Doué-La-Fontaine, Amnéville, Mulhouse, Besançon et Calviac-en-Périgord) sur plus de 40 Saïmiris. Après vaccination, ces animaux ont développé une réponse immunitaire spécifique contre le parasite. A ce jour, soit près de deux ans après l’instauration de la vaccination, aucune mortalité depuis la mise en place du protocole vaccinal n’est à déclarer alors que des épisodes de mortalité étaient recensés chaque année dans ces zoos partenaires.

Sur la base de ces résultats, une seconde campagne de vaccination intégrant d’autres parcs zoologiques, notamment le ZooParc de Beauval (41), le zoo de la Flèche (72) et le Tourauparc (71), débutera fin 2019 – début 2020, intégrant une quarantaine de Saïmiris.

Toujours dans cette perspective de protection et de conservation de la faune menacée, d’autres espèces hautement sensibles (wallabies, chats manul, lémuriens...) ont profité et profiteront de cette opportunité de vaccination contre la toxoplasmose.
 
1) Les vaccins sous-unitaires, comme les vaccins à germes entiers inactivés, ne contiennent pas de composants vivants de l’agent pathogène.

Communication INRAE Val de LoireRédactionSDAR Val de Loire

Contacts

Isabelle Dimier-Poisson Contact scientifiqueInfectiologie et santé publique (UMR ISP), équipe BIOMAP

Didier Betbeder Contact scientifiqueSociété Vaxinano

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