Bioéconomie 2 min

Isoler nos habitats grâce aux déchets agricoles

Pour un habitat durable, une bonne isolation thermique est indispensable car elle permet de réduire la consommation énergétique. L’objectif, rappelé dans le volet 2 de la loi sur la transition énergétique, est de rénover 400 000 bâtiments par an d’ici 2020. Pour relever ce défi, l’une des solutions est d’utiliser des biomatériaux isolants issus de déchets de l’agriculture. Parmi les sous-produits agricoles, le tournesol pourrait être un bon candidat.

Publié le 17 décembre 2019

illustration Isoler nos habitats grâce aux déchets agricoles
© INRAE

Après récolte des graines de tournesol, les tiges sont le plus souvent broyées et laissées dans les champs. Certains exploitants les récoltent et les font brûler. Pourtant, parce qu’elles sont composées de fibres (capables d’offrir une bonne résistance mécanique) et d’une moelle très poreuse (apportant une bonne résistance thermique), elles ont a priori les qualités pour faire de bons isolants ! C’est dans ce contexte qu’INRAE en collaboration avec plusieurs partenaires issus de disciplines différentes ont lancé en 2011 le projet Demether 1.  

Quand les déchets agricoles s’offrent une nouvelle vie

L’originalité de notre démarche a été d’utiliser des liants à base de biopolymères que nous avons brevetés

Ce projet labellisé par les pôles de compétitivité Céréales Vallée et ViaMéca a pour la première fois mis en évidence les atouts des tiges de tournesol. « L’originalité de notre démarche a été d’utiliser des liants à base de biopolymères que nous avons brevetés », explique Jean-Denis Mathias. « En mélangeant les broyats de tiges avec ces liants, nous avons créé un matériau isolant que nous avons caractérisé. Ainsi, nous avons modélisé son comportement macroscopique à partir de ses propriétés microscopiques. Cette approche de modélisation multiéchelle permet de prédire les propriétés mécaniques et thermiques du produit fini ». Restait ensuite à mettre au point le procédé de fabrication, dont le choix a été orienté grâce à l’analyse de cycle de vie (ACV). Cette approche, développée par des chercheurs d'INRAE des centres Occitanie-Montpellier et Auvergne-Rhône-Alpes Clermont-Ferrand, a permis d’évaluer les impacts environnementaux des différentes étapes du procédé.  

Un futur prometteur

Point d’orgue du projet, des prototypes de panneaux isolants de 120 x 60 cm et de 80 mm d’épaisseur, de bonne conductivité thermique2 (0,06 watts par mètre-kelvin, à comparer à 0,04 pour la laine de verre ou 0,11 pour le béton de chanvre), de très bas coût et valorisable pour la filière agricole, ont été développés. Pour commercialiser ce nouveau biomatériau, des projets de transferts technologiques sont en cours de montage avec plusieurs partenaires industriels.

Partenariat : GEMH (Université de Limoges), ENSACF, ENSAM Cluny, Institut Pascal (UMR CNRS, UBP, IFMA)


1 -  Projet ANR 2011-2015

2 - Selon la norme française de réglementation thermique 2012, un matériau est considéré comme isolant si sa conductivité est inférieure à 0,065 watts par mètre-kelvin.

Pour  aller plus loin

  • Brevet. International patent PCT/FR2011/051687 : "Chitosan-based adhesive"', 13/07/2011

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