Agroécologie Temps de lecture 2 min
Des visions d’avenir sur la filière agrumicole corse
Une étude prospective sur l’avenir de la filière agrumicole corse a été pilotée par le centre Inra de Corse avec l’appui de la DEPE. Cinq scénarios ont permis de donner corps à différentes visions d’avenir avec leurs opportunités et leurs risques à l’horizon 2040. Convertis en films d’animation de 2 minutes, ils permettent aux différents acteurs de mieux s’emparer des hypothèses et choix possibles pour le futur.
Publié le 28 août 2018

La Clémentine de Corse, avec une production de 25 000 tonnes par an en moyenne - contre 2 millions en Espagne - c’est un peu David contre Goliath. Elle est le produit d’un petit mais dynamique bassin de production qui a surmonté des moments difficiles pour faire le choix de la qualité. En 2007, la mise en place d’une Indication Géographique Protégée (IGP), la différentiation par la qualité et l’abandon du modèle productiviste apportent la réussite économique. Aujourd’hui, la filière se prépare à de nouveaux défis à l’horizon 2040, parmi lesquels le changement climatique, l’arrivée de nouveaux bioagresseurs et les préoccupations environnementales. À travers cette prospective, réalisée en réponse à un appel d’offre CASDAR, les acteurs de la filière, avec l’appui de l’Inra1, envisagent cinq futurs possibles conditionnés par la montée en puissance de l’agriculture biologique, l’arrivée destructrice d’un pathogène, un monopole de la mise en marché, l’intégration de la filière par la grande distribution, ou la promotion du terroir.
Ces scénarios ont permis d’alimenter la réflexion et le débat au des Organisations de Producteurs d’agrumes en Corse.
Trois types d’enseignements se dégagent :
- Production : une volonté de s’orienter vers des modes de production plus écologiques, en faisant appel à la sélection de ressources génétiques adaptées aux conduites agroécologiques, et l’intérêt d’une diversification : nouvelles variétés de clémentines, autres agrumes ou encore autres fruits exotiques à forte valeur ajoutée tels que mangue et avocat ;
- Filière : la nécessité d’une meilleure coordination entre acteurs de la filière pour la durabilité du bassin de production et un équilibre à trouver avec la grande distribution ;
- Attentes de la société : les changements de mode de consommation encouragent l’innovation pour des produits, à fortes valeurs environnementales, sociales (production locale, bien-être des travailleurs) et nutritionnelles.
1 DEPE : Délégation à l’Expertise scientifique collective, à la Prospective et aux Études de l’Inra
La prospective est une méthode pour réfléchir sur l’avenir en explorant le champ des futurs possibles de manière collective et structurée.
Prospect’agrum s’est appuyé sur la méthode des scénarios. À San Giuliano, un groupe d’experts de 16 personnes représentant une diversité de secteurs de la filière agrumicole corse (production, agriculture biologique, commercialisation, diffusion du matériel végétal, défense de l’IGP, expérimentation, conseil et recherche) s’est réuni de mars 2016 à juin 2017 au cours d’une série de 9 ateliers participatifs.
Lors des premiers ateliers, les participants ont revisité le périmètre et l’horizon de l’étude, les enjeux majeurs de la filière, et son historique. Sur cette base, le groupe d’experts a ensuite identifié huit variables d’évolution jugées significatives pour l’avenir de l’agrumiculture corse : le verger, les producteurs et exploitations, le marché, le matériel végétal, les produits commercialisés, l’organisation de la recherche, du développement et de la formation, la gouvernance et une variable de contexte. Pour chaque variable, des hypothèses d’évolution à l’horizon 2040 ont été élaborées, puis, en s’appuyant sur une grille d’analyse morphologique, combinées entre-elles pour construire des scénarios d’évolution.