Dossier revue
Agroécologie

Les SfN en action - Des projets et leurs résultats

Les SfN sont développées et étudiées dans multiples situations et contextes pour évaluer leur pertinence, explorer leur acceptabilité et estimer leurs bénéfices.
Tour d’horizon de travaux d’INRAE.

Publié le 13 février 2024

SPONFOREST - Exploiter le potentiel de l’établissement spontané de forêts

En Europe, exode rural et abandon des terres ont laissé derrière eux des prairies et des landes qui voient croître arbustes et arbres, produits d’une régénération spontanée.

Coordonné par Arndt Hampe, écologue forestier dans l’unité Biogeco à Bordeaux, le projet SPONFOREST, qui a reçu le prix BiodivERsA* 2021 for Excellence and Impact, explore la façon dont ces nouvelles forêts s’établissent, les conséquences de leur établissement sur leur caractère et leur fonctionnement, les services écosystémiques qu’elles fournissent et la manière dont elles sont perçues et gérées par les sociétés locales et les systèmes de gouvernance politique. Favorables à la biodiversité, ces nouvelles forêts s’avèrent plus résilientes face à la sécheresse. Elles représentent une réelle opportunité pour la préservation et la gestion des paysages dans un contexte de changement climatique. Si leur perception par les populations locales est plutôt négative dans les zones rurales où elles sont associées à la détérioration de la situation socio-économique, elle est plus positive dans les zones périurbaines en raison des avantages attendus pour l’environnement et la santé. Un constat qui suggère une gestion revisitée de la biodiversité, reposant sur des processus de concertation avec l’ensemble des acteurs concernés.

BiodivERsA est le réseau européen des programmeurs et financeurs nationaux de la recherche sur la biodiversité, les services écosystémiques et les SfN, soutenu par la CE.

2017-2019
5 zones en Espagne et en France, des zones métropolitaines aux régions montagneuses.

INNERMINE - L’ingénierie écologique pour la restauration minière

Afin de répondre aux obligations réglementaires en matière de protection du milieu naturel, les opérateurs miniers doivent restaurer les terrains dégradés par leur activité. Les moyens mis en oeuvre doivent permettre de lutter contre l’érosion des sols, limiter la production de sédiments vers les cours d’eau et réhabiliter les sites exploités et/ou dégradés.

Dans le cadre du projet INNERMINE, des techniques éprouvées d’ingénierie écologique ont été mises en démonstration sur différents sites miniers de Nouvelle-Calédonie, 4e producteur mondial de nickel en 2021. Elles allient un ouvrage de support (fascine, banquette grillagée, seuil) et une action de végétalisation (cordon ou garnissage de boutures ou de plants). Le volet innovant des techniques porte sur leur caractère multibénéfices : contrôle de l’érosion et de la sédimentation d’une part, et diversification végétale des sites dégradés, d’autre part. « Une attention particulière a été accordée au contexte ravinaire et aux contraintes torrentielles associées, ainsi qu’à la durabilité des techniques, à leur rapport coût bénéfice et à leur caractère reproductible dans d’autres territoires d’outre-mer, voire dans les milieux et climats difficiles (montagnards, méditerranéens…) », complète Freddy Rey, porteur du projet.

2019-2022

7 sites de démonstration
11 grands types d’ouvrages de génie végétal
17 espèces végétales potentiellement utilisables par bouturage

PROTÉGER - Du génie végétal dans les rivières de Guadeloupe

Le projet PROTÉGER cherche à préserver la biodiversité des milieux aquatiques tout en protégeant la population et leurs biens des risques encourus lors des crues et événements cycloniques grâce à des techniques de génie végétal. Il réunit l’ensemble des acteurs de la gestion et de la préservation des cours d’eau de Guadeloupe autour de la description des milieux naturels, l’acquisition des connaissances nécessaires à l’utilisation de plantes autochtones, la réalisation de chantiers pilotes et le transfert des connaissances vers le territoire.

« Nous avons tropicalisé les connaissances de la métropole, en quelque sorte », sourit Régis Tournebize, agronome dans l’unité Agrosystèmes tropicaux (Petit-Bourg). « La première étape a été de planter une centaine d’espèces tropicales différentes, endémiques voire installées depuis longtemps en Guadeloupe et d’évaluer leur potentiel de bouturage et de germination (26 arbres, 4 arbustes et 7 plantes herbacées ont été retenus). Actuellement, nous avons 3 projets avec chacun un peu plus de 5 km de berges à aménager selon la même approche, sachant que 100 m linéaire de berges, ce sont 1 000 à 1 200 boutures ! » Et demain ? « Nous travaillons déjà à la mise en place d’une filière de pépinières et d’entrepreneurs susceptibles de réaliser ce genre de travaux à la Guadeloupe. »

​Depuis 2016 : 15 rivières étudiées (pour 55 rivières pérennes en Guadeloupe) et 266 berges inventoriées. ​

BIRDSKI - Vers une meilleure prise en compte de l’avifaune patrimoniale

Coq équipé d'une balise GPS

Les domaines skiables peuvent avoir des impacts sur les oiseaux qui y vivent : fragmentation des territoires de vie, dérangement lors de phases clés du cycle de vie… Comment concilier activités humaines de loisirs et biodiversité ? Comment aménager des zones de quiétude pour protéger le tétras-lyre ?
 

2020-2022
36 domaines skiables en Savoie (17) et Haute-Savoie (19).

En Savoie : 20 % de l’habitat du tétras-lyre se situe dans le domaine skiable.

 

Telle est la question qu’instruit Marc Montadert, ingénieur- expert de l’OFB, en partenariat avec les acteurs de terrain, dans le cadre du projet Birdski auquel INRAE est associé. « Le choix de l’emplacement est d’abord un compromis entre un lieu fréquenté par les oiseaux et un lieu peu intéressant pour les humains », explique-t-il. Un grand refuge ou plusieurs petits refuges ? « Une question qui peut paraître simple mais qui nécessite en amont un important travail sur le comportement des populations. » Pas de grand refuge qui soustrairait un grand espace au domaine skiable mais plutôt des petits refuges délimités, non pas par des cordes et des piquets moyennement respectés par le public, mais par des petites plantations de résineux. Véritables mosaïques paysagères dans laquelle aiment à se réfugier les petits coqs de bruyère, elles réduisent les intrusions des skieurs et participent au renforcement et à la diversification des paysages d’altitude.

Glossaire

GÉNIE VÉGÉTAL - Techniques utilisant les végétaux et leurs propriétés mécaniques et/ou biologiques à maintenir les sols, dans des ouvrages d’ingénierie, notamment pour le contrôle, la stabilisation et la gestion des sols érodés et/ou en pente.