Changement climatique et risques 3 min
Gestion du risque en agriculture
Sécheresse, gel, invasions biologiques, instabilités des marchés…, les risques auxquels le secteur agricole est exposé sont nombreux et souvent inter-corrélés. Le colloque du 27 juin 2019 a été l’occasion d’envisager la façon dont les agriculteurs peuvent composer avec ces risques ou s’en prémunir et la manière dont les politiques publiques sont susceptibles de les accompagner. Il a aussi permis de considérer les solutions d’atténuation disponibles à l’échelle des filières ou des territoires.
Publié le 26 août 2019
Le secteur agricole est exposé à des risques nombreux et variés, susceptibles d’entrainer des dégâts importants. Ces risques sont souvent dépendant les uns des autres. Qu’ils soient sanitaires (invasions biologiques, pandémie…), économiques (instabilité des marchés agricoles, mondialisation des échanges…) ou climatiques (changement climatique, disponibilité de l’eau…), ces risques augmentent, se diversifient et se cumulent, nécessitant de nouveaux outils pour les identifier ou les caractériser afin de mieux les gérer ou s’y adapter.
Alors que transition agro-écologique, agriculture biologique, réduction de l’usage des phytosanitaires et des antibiotiques… dessinent de nouvelles trajectoires, le colloque du 27 juin 2019 a été l’occasion d’envisager, comment les agriculteurs peuvent, à l’échelle individuelle et/ou collective, parer à ces incertitudes ou s’en prémunir via des modifications de leurs systèmes et pratiques de production ou des instruments financiers. Il a également permis de considérer les solutions d’atténuation (outils et instruments économiques innovants…) disponibles à l’échelle des filières et/ou des territoires et d’entrevoir la façon dont les politiques publiques accompagnent les agriculteurs.
Vers des systèmes de production résilients et durables
Gérer les risques sanitaires, c’est tout à la fois, surveiller, prévenir et suivre afin de lutter de manière efficace et rapide.
Dans le domaine de la protection des plantes, l’utilisation de la résistance génétique naturelle de la vigne aux maladies foliaires (mildiou, oïdium) est une innovation prometteuse, sous réserve qu’elle ne soit pas contournée par les agents pathogènes comme le rappelle Laurent Delière, ingénieur de recherche dans l’unité Santé et agroécologie du vignoble.
Plusieurs variétés de vigne résistantes Inra ou étrangères ont récemment été déployées sur le terrain. Dès 2017 un observatoire national du déploiement des cépages résistants (Oscar) a été mis en place. Il s’agissait d’organiser, d’une part, la surveillance collective du déploiement afin d’anticiper les risques liés à l’évolution des populations de mildiou et d’oïdium et à l’émergence éventuelle de nouvelles problématiques sanitaires et, d’autre part, le partage d’expérience sur le comportement des cépages résistants dans différents systèmes de culture pour aider les viticulteurs à construire de nouveaux itinéraires techniques. Fin 2018, 69 parcelles réparties sur 35 sites participaient au réseau Oscar.
Depuis qu’Oscar a été mis en place, l’efficacité de ces résistances n’a pas évolué. Sur les parcelles plantées avec des variétés résistantes, l’usage des produits phytosanitaires a été considérablement réduit et aucune problématique sanitaire majeure n’a surgi, confirmant l’intérêt de la résistance variétale. Demain, l’intégration dans le réseau Oscar de nouvelles parcelles, assorties de situations agronomiques variées et la poursuite du suivi sur plus d’années permettront de dégager les grandes tendances relatives au comportement des variétés résistantes et à la gestion du risque de contournement de ces résistances.
Des outils et des dispositifs innovants pour réduire les risques
Depuis plusieurs années, les prix des produits agricoles ne cessent de fluctuer et la gestion des risques liés aux prix agricoles constitue une problématique majeure qui est au cœur des travaux d’Alexandre Gohin, directeur de recherche Inra dans le Laboratoire d'études et de recherches en Economie sur les Structures et marchés agricoles, ressources et territoires.
Dans la perspective de réduire les risques de prix, les agriculteurs disposent d’outils variés dont des outils économiques innovants. Ceux-ci s’appuient désormais sur les marchés financiers, marchés à terme et d’options, où les transactions par voie électronique ont remplacées la criée tandis que les volumes échangés n’ont cessé d’augmenter.
Financiarisation de l’agriculture, spéculations… les dispositifs innovants sur les marchés financiers interagissent naturellement avec d’autres dispositifs de gestion, permettant de gérer ces risques de prix pendant les campagnes de commercialisation. Si la spéculation est susceptible d’aggraver la volatilité des prix agricoles, à long terme, les avantages de ces dispositifs innovants se révèlent supérieurs à leurs inconvénients.
Face aux inconnues susceptibles d’affecter dans un avenir proche les marchés, qu’ils soient agricoles ou autres (changement climatique, marchés énergétiques….), les questions de l’existence de ces outils innovants dans certains secteurs, de leur régulation ou encore du rôle de la puissance publique dans leur fonctionnement et leur surveillance sont autant de sujets de recherche qu’explorent déjà les équipes Inra.
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