Dossier presse

Agroécologie

Favoriser l'élevage et préserver la santé animale

Publié le 18 février 2025

L’élevage est une composante essentielle des systèmes agricoles et alimentaires. Les recherches d’INRAE accompagnent la transition agroécologique des élevages en travaillant sur de multiples volets comme la sélection génétique, l’innovation dans les pratiques, l’alimentation des animaux. Sur le volet de la santé animale, INRAE privilégie les approches préventives comme la vaccination ou le déploiement de la surveillance à l’échelle des filières et des territoires. L’objectif est de développer des systèmes d’élevage conciliant viabilité économique et enjeux environnementaux tout en veillant à améliorer le bien-être animal comme celui des éleveurs. Quelques exemples à retrouver sur le stand INRAE.

Un index pour sélectionner des vaches émettant moins de méthane

Technicienne agricole de dos dans un pré avec des vaches

Lors de la digestion, les ruminants émettent du méthane, un gaz à effet de serre impliqué dans le changement climatique. Afin de réduire ces émissions dans les élevages de ruminants, plusieurs solutions sont possibles dont la sélection géné­tique. En élevage, les vaches sont sélectionnées selon de multiples critères comme la fertilité, la production laitière ou des facteurs de résistances aux maladies. Tous ces critères sont pris en compte dans des index de sélection avec un poids plus ou moins élevé selon l’importance du critère. Un index de sélection pour les bovins lai­tiers incluant le critère des émissions de méthane est disponible auprès de la filière en 2025. Les scientifiques d’INRAE ont réussi à relier les analyses de la composition du lait effectuées en routine dans la filière laitière aux émissions de méthane de chaque vache. Combiné aux autres informations génétiques et généalogiques des animaux, cela permet d’intégrer le critère des émissions de méthane dans les schémas de sélection des vaches laitières. Les chercheurs estiment qu’en intégrant le méthane avec un poids de 20 % parmi les autres critères déjà en place, comme la productivité ou la qualité du lait, il est possible de réduire les émissions de 10 % en 10 ans de sélection. Les vêlages plus précoces, l’allongement des carrières ou l’optimisation du pâtu­rage sont autant de leviers pour réduire l’impact environnemental de l’élevage bovin.

Et pour demain ? Sélectionner les poules pour faciliter le travail en élevage de plein air

Poule couvant un oeuf dans un nid

Les élevages de poules pondeuses sans cage sont bénéfiques pour le bien-être animal et plébiscités par les citoyens européens. Dans ce type d’élevage, les bâ­timents sont équipés de pondoirs pour collecter les œufs. Mais certaines poules ont tendance à pondre directement au sol, entraînant une charge de travail sup­plémentaire pour l’éleveur qui doit ramasser les œufs à la main. Les œufs pondus au sol sont salis ou cassés voire perdus. S’ils sont en bon état, ils sont envoyés en casserie pour l’industrie agroalimentaire, où la valorisation est moindre qu’en œuf de table. Dans tous les cas, cela entraîne des pertes économiques pour l’éle­veur. Pour réduire ce risque, les scientifiques INRAE de l’unité mixte de recherche PEGASE, en collaboration avec la société de sélection avicole Novogen, ont mon­tré que le comportement de ponte au nid se transmettait d’une génération à l’autre chez les 2 principales races de poules pondeuses. Leurs études montrent également que la sélection sur le comportement de ponte n’a pas d’effet défavo­rable sur le poids et la qualité des œufs, à l’exception de la solidité de la coquille, ce qui a facilité son intégration à l’index de sélection. Ces critères sont aujourd’hui utilisés par la société Novogen pour la sélection de poules pondeuses plus adap­tées aux systèmes alternatifs à la cage. Pour réduire la ponte au sol, d’autres pistes sont explorées, comme par exemple l’amélioration des capacités d’adap­tation des poules en privilégiant celles qui pondent dans différents nids ou celles qui y passent peu de temps.

Réduire l'impact des élevages porcins par l'alimentation

Élevage : des aliments conciliantimpact environnemental et coût économique

65 à 95 % de l’impact environnemental des systèmes d’élevage provient de l’ali­mentation des animaux. Réduire l’impact environnemental de ces aliments est donc un levier majeur pour réduire l’impact des systèmes d’élevage. Dans cette optique, le choix des matières premières dans la formulation des aliments est crucial, mais la réduction de l’impact environnemental peut induire un surcoût, en particulier pour les filières porcs et volailles. Éviter d’importer du soja, utiliser des produits plus efficaces pour l’alimentation de l’animal et moins chers pour les producteurs sont les principaux enjeux de l’écoformulation. ÉcoAlim est un programme informatique d’écoformulation des aliments qui propose des stratégies de réduction des impacts environnementaux qui tiennent compte des réalités écono­miques des filières à partir de la base de données de référence Agribalyse. Il est développé par l’UMR PEGASE (Physiologie, environnement et gé­nétique pour l’animal et les systèmes d’élevage) et l’UMR SAS, en s’asso­ciant avec l’IFIP et d’autres instituts techniques agricoles dont l’ITAVI et l’Idele. Actuellement en développe­ment, le logiciel sera disponible en ac­cès libre pour les chercheurs et ensei­gnants du secteur agricole. ÉcoAlim est aussi destiné aux conseillers agri­coles et aux formulateurs d’aliments. 

Dans ses unités expérimentales, les scientifiques INRAE conçoivent des aliments sur mesure pour les porcs, les volailles et les truites d’élevage. Pour les porcs, ils ont formulé des ali­ments remplaçant le tourteau de soja par des légumineuses cultivées en France ou des co-produits de céréales riches en protéine.

Et pour demain ? Une alimentation sur mesure pour les porcs

Réduire l’impact environnemental en production porcine, c’est aussi réduire les quantités d’azote et de phosphore rejetées dans l’environnement. Ces com­posés font partie des nutriments essentiels dont l’animal a besoin dans son alimentation, mais qu’il rejette en partie dans ses déjections. En complément des approches sur l’écoformulation, l’application d’une alimentation sur mesure consiste à fournir chaque jour à chaque animal la quantité de nutriments (azote et phosphore) qui répond à ses besoins. En ajustant au mieux les apports aux be­soins, cette approche réduit l’excrétion d’azote et phosphore dans les déjections, et les émissions gazeuses associées (ammoniac, protoxyde d’azote). Pour cela, les scientifiques INRAE, en collaboration avec l’IFIP-Institut du porc, ont développé des modèles qui intègrent les données d’élevage en temps réel pour estimer les besoins quotidiens de chaque ani­mal. Dans les unités expérimentales d’INRAE, l’alimentation sur mesure est mise en œuvre et confirme son potentiel comme solution pour ré­duire l’impact de l’élevage porcin sur l’environnement. Elle commence à être appliquée dans des élevages commerciaux.

Et pour demain ? Vers un vaccin universel contre la grippe aviaire

Poules dans un pré en train de picorer

Le virus H5N1 est un des virus qui provoque la grippe aviaire et cause d’importantes pertes dans les éle­vages de volailles. La vaccination est un des moyens les plus efficaces pour prévenir les maladies infectieuses. Depuis 2023, la France a décidé de la vaccination des canards d’élevage. Les campagnes de vaccination devraient permettre de réduire le recours à l’abattage des animaux et de mieux contrôler l’épidémie. Mais les vaccins actuellement utilisés confèrent aux animaux une protection limitée. Ils ciblent une protéine majeure du virus qui mute et varie au cours du temps. Cette variabilité réduit l’efficacité du vaccin et favorise l’émergence de nou­velles souches. Dans une étude parue en 2024, les scientifiques d’INRAE, en collaboration avec l’université du Québec à Montréal, ont conçu une nouvelle formulation vaccinale à base de nanoparticules « universelles » des virus de grippe aviaire. Celle-ci protè­gerait les animaux contre les souches hautement pathogènes du virus H5N1. Les résultats obtenus montrent que les poulets immunisés grâce à ce vaccin sont protégés à 100 % contre la grippe aviaire et ne transmettent plus le virus. Ces résultats, qui ont fait l’objet d’un dépôt de brevet, limiteraient les pertes liées à la grippe aviaire dans les éle­vages.

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