Dossier presse
AgroécologieAméliorer la protection des cultures
Quelques exemples pour développer une agriculture durable sur les plans économique, social et environnemental.
Publié le 18 février 2025
Comment protéger les cultures durablement ?
Innovation variétale, solutions de biocontrôle, changement de pratiques agronomiques, robotique, optimisation de l’usage de l’eau… INRAE mène des recherches et propose des innovations en mobilisant tous les leviers pour s’adapter au changement climatique et protéger tout type de cultures en réduisant l’usage des pesticides. L’objectif est d’accompagner les agriculteurs pour développer une agriculture durable sur les plans économique, social et environnemental. Quelques exemples développés dans le dossier.
GEOPOLIS : une nouvelle variété de blé tendre multi-performante
Les agriculteurs des grands bassins de production du Nord de la France et du Bassin parisien disposeront pour le semis de l’automne 2025 d’une nouvelle variété de blé tendre d’hiver. Nommée GEOPOLIS et inscrite au catalogue officiel des espèces et variétés de plantes cultivées en France, cette variété est distribuée par la filiale de l’institut, Agri Obtentions. Cette variété est caractérisée par un rendement très élevé et montre un excellent taux de protéines. Elle est considérée comme l’une des premières variétés de blé agroécologique. En effet, elle est très résistante à différentes maladies aux conséquences économiques majeures comme la septoriose, le piétin-verse et la rouille brune et valorise mieux la fertilisation azotée. Issue de plus de 10 années de recherche et d’expérimentations menées par des équipes d’INRAE et d’Agri Obtentions, cette variété a une surface de culture potentielle estimée à 30 000 hectares dès la récolte 2026. Depuis 2011, les travaux d’INRAE au sein de l’IGEPP (Institut de génétique environnement et protection des plantes) implanté en Bretagne, en lien avec les unités expérimentales et les sélectionneurs d’INRAE et d’Agri Obtentions, ont abouti notamment à l’inscription de 10 variétés de blé résistantes aux maladies et adaptées à l’agriculture biologique pour répondre à différentes demandes de la filière. La France est ainsi devenue autosuffisante dans le secteur des semences en blé tendre AB depuis quelques années. Ce travail de sélection variétale a permis de mettre à disposition des agriculteurs en agriculture conventionnelle 10 variétés résistantes depuis 2018. L’IGEPP travaille également sur les associations entre céréales et légumineuses pour un meilleur contrôle des maladies et ravageurs. Ces associations garantissent à l’agriculteur un rendement minimum dans un contexte difficile pour certaines filières, notamment de légumineuses.
Vigimildiou : une application pour suivre les épidémies de mildiou de la pomme de terre et de la tomate
INRAE a développé Vigimildiou avec Arvalis, une application collaborative pour surveiller et alerter sur les épidémies de mildiou de la pomme de terre et de la tomate. Le mildiou de la pomme de terre et de la tomate est une maladie à développement rapide : elle peut détruire entièrement des plantes sensibles en quelques jours, et anéantir des parcelles entières en 1 à 2 semaines. Le parasite se transmettant rapidement entre plantes et entre parcelles en conditions favorables (douces et humides), il est important pour les agriculteurs comme pour les jardiniers d’être informés au plus vite des démarrages d’épidémies dans leur secteur. Disponible gratuitement depuis 2024, l’application permet aux utilisateurs de déclarer en ligne des observations d’attaques, d’avoir accès à une cartographie des déclarations de mildiou, à une section d’information sur la maladie et les méthodes de lutte ainsi qu’à une base de données d’images des différents symptômes observables pour confirmer le diagnostic. L’objectif est de développer un observatoire participatif afin de mieux surveiller la dynamique des épidémies de mildiou chez ces 2 espèces.
Biocontrôle : des odeurs pour lutter contre les ravageurs

L’utilisation d’odeurs est une stratégie de biocontrôle particulièrement efficace contre les insectes ravageurs, comme alternative à l’usage des pesticides. Les phéromones, par exemple, sont déployées pour surveiller l’arrivée de certains ravageurs, ou pour les piéger en masse. Diffusées en grande quantité dans les vignobles et les vergers, elles perturbent les accouplements de papillons ravageurs. Les odeurs de plantes peuvent aussi être utilisées pour contrôler les ravageurs. À partir d’un brevet déposé par les équipes INRAE de l’Institut d’écologie et des sciences de l’environnement de Paris (iEES-Paris) et d’Arvalis, la société Agriodor déploie des pièges parfumés qui permettent de contrôler la bruche de la féverole et la bruche de la lentille. Avec Agriodor, iEES-Paris travaille sur des solutions de biocontrôle contre la grosse altise du colza, ou encore la légionnaire d’automne pour anticiper sa potentielle arrivée en Europe. Déjà identifiée en Turquie, en Grèce et en Roumanie, la légionnaire menace tout type de culture, en particulier le maïs. Pour mettre au point ces solutions, les scientifiques étudient toutes les facettes de l’odorat des insectes, depuis le fonctionnement de leurs récepteurs olfactifs jusqu’à leur comportement, pour identifier des composés qui les attirent ou les repoussent. Depuis 5 ans, l’iEES-Paris développe une nouvelle approche qui devrait pouvoir s’appliquer à terme à tout type de ravageurs et de cultures : partir des récepteurs olfactifs des insectes pour identifier des composés ou cocktails de molécules actifs grâce à l’intelligence artificielle, accélérant la mise au point de solutions de biocontrôle. D’autres stratégies sont aussi étudiées, comme le développement de nez artificiels pour surveiller les populations d’insectes ravageurs.
12 variétés de vignes résistantes aux maladies pour réduire les traitements en viticulture

En viticulture, la grande majorité des traitements phytosanitaires sur vigne sont dédiés à la lutte contre le mildiou et l’oïdium. En 2025, 3 nouvelles variétés de vignes résistantes à ces champignons, développées par INRAE, sont inscrites au catalogue officiel français. Elles s’ajoutent aux 9 variétés INRAE déjà disponibles auprès des viticulteurs. Fruits de plus de 20 ans de recherche, la stratégie d’innovation est de proposer aux bassins viticoles une offre variétale diversifiée, répondant à leurs attentes spécifiques, tout en créant les conditions de la meilleure durabilité de cette solution. Sans complètement arrêter les traitements fongicides pour lutter contre le mildiou et l’oïdium, ces cépages résistants permettent de les réduire en moyenne de 80 %. Afin de suivre leur évolution, INRAE et l’IFV coordonnent l’Observatoire national du déploiement des cépages résistants (OSCAR). Avec le soutien des chambres d’agriculture, des interprofessions viticoles et des pépiniéristes viticoles, OSCAR suit l’efficacité de 32 variétés résistantes sur 185 parcelles de viticulteurs. L’objectif est de détecter rapidement d’éventuelles pertes d’efficacité sur le terrain et de suivre l’adaptation des agents pathogènes. Le suivi depuis 2011 montre que l’immense majorité des variétés résistantes plantées sont toujours efficaces. Pour minimiser les risques de contournement, l’observatoire recommande la mise en place de 2 traitements préventifs, au lieu d’une dizaine pour les variétés non résistantes, en général autour des stades de floraison. Ces traitements doivent être adaptés à la pression du pathogène, selon les préconisations des conseillers techniques.
Accord robotique : première flotte collaborative pour faciliter le travail cultural en viticulture

En 2021, les équipes INRAE de l’unité Technologies et systèmes d’information pour les agro-systèmes (TSCF) et l’entreprise SABI AGRI s’associent dans un laboratoire commun, TIARA, pour développer les agroéquipements robotiques de demain. Une des retombées de ces recherches communes est le concept Accord robotique, la première flotte collaborative où le tracteur électrique ALPO et le robot ZILUS travaillent de concert. À bord du tracteur, l’agriculteur réalise ses opérations culturales comme le travail du sol ou le désherbage mécanique, et supervise le robot qui réalise les mêmes opérations ou des opérations complémentaires tout en préservant les sols. La flotte permet ainsi de démultiplier les tâches dans le même temps de travail cultural pour un meilleur confort pour l’agriculteur. Entièrement électrique, elle n’émet pas de CO2 et participe à la sobriété énergétique. Elle rend ainsi viable la mise en place de pratiques agroécologiques avec une forte plus-value environnementale. Testée et éprouvée en viticulture, la flotte est disponible pour les agriculteurs depuis 2023.
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