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Biodiversité

Fanny Mondet, médecin des abeilles

Prix Espoir scientifique

Publié le 12 novembre 2024

En combinaison cosmonaute blanche, Fanny Mondet inspecte le cadre extrait d’une ruche. Les abeilles ont piqué la curiosité de cette jeune chercheuse pour la première fois à l’occasion d’un stage de master en biosciences, en Nouvelle-Zélande. « Depuis, je ne les ai plus jamais quittées », confie-t-elle. Elle y fera sa thèse qui initie « une très belle découverte scientifique et surtout humaine ». De retour en France, Fanny poursuit ses travaux à INRAE où, au fil des projets de recherche, la notion d’équipe est toujours essentielle.

 

 

Thérapies de groupe

Les abeilles sont soumises à tellement de stress ! « Et pourtant lorsqu’on observe une colonie, tout s’organise remarquablement bien. Comprendre pourquoi me passionne », poursuit cette spécialiste de la santé des abeilles. Plus précisément, la scientifique décrypte le comportement collectif des abeilles domestiques face à leur ennemi n° 1 en France et dans le monde : le Varroa. Ce petit acarien apparu dans l’Hexagone au cours des années 80 vampirise les abeilles. Il cause des pertes de production et de cheptel. Pourtant, dans certaines ruches, on observe un comportement de défense, dit hygiénique : des ouvrières inspectent le couvain et nettoient les cellules infectées par le Varroa, limitant sa propagation.

C’est là le cœur du sujet de Fanny : chercher pourquoi certaines colonies manifestent ce comportement collectif alors que d’autres non. Elle décrypte ses bases physiologiques et génétiques et explore la part de l’apprentissage. Elle enquête sur le signal déclencheur : quelles odeurs sont détectées par les abeilles et leur permettent de percevoir que cela ne va pas bien ? Cela exige un dispositif d’observation à plusieurs niveaux : de la molécule à l’abeille, jusqu’à la colonie et son environnement.

Notre hypothèse est que les abeilles s’assurent en permanence de la bonne santé de la colonie

Des médicaments et des stratégies de lutte

De ces connaissances fondamentales sont attendues des solutions nouvelles pour les apiculteurs. En premier lieu, des outils pour sélectionner les fondatrices des futures colonies en incluant les capacités de défense des ouvrières. Mais aussi de nouveaux médicaments pour les abeilles, compatibles avec l’agriculture biologique et potentialisés par les pratiques d’élevage. Et pourquoi pas un nez électronique pour détecter le Varroa, ou un spray qui évaluerait le niveau de comportement hygiénique des abeilles ? Des pistes de connaissances et d’innovations que Fanny Mondet explore grâce à une bourse du Conseil européen de la recherche (ERC) et un projet collaboratif européen avec l’Italie.

 

MINI-CV

38 ans, 2 enfants
Une passion pour la voile

  • Parcours professionnel
    2018 : directrice-adjointe de l’unité INRAE Abeilles et environnement
    2014 : recrutement en tant que chercheuse à INRAE
  • Formation
    2014 : Double doctorat en Zoologie et en Biologie-Ecologie
    2011 : Ingénieur des Ponts, des Eaux et des Forêt, post master en politiques publiques liées à l’agriculture et l’environnement
    2011 : Master en en Ecologie, biodiversité et évolution
    2009 : Master en Biosciences
  • Distinction
    2024 : Laurier Espoir scientifique d'INRAE
  • Fanny Mondet

    Chercheuse

    Unité de recherche Abeilles et environnement
  • Nicole Ladet

    Rédactrice

    Direction de la communication

Le département