Alimentation, santé globale 3 min

Une taxe environnementale pour une alimentation durable : analyse empirique de la consommation de produits animaux

En utilisant deux niveaux de taxe appliqués à la consommation de tous les produits animaux en France, les chercheurs de TSE-R montrent qu'un taux d'imposition élevé conduirait à la réduction des émissions de GES autour de 6%, ne permettant pas d'atteindre le seuil visé par la Commission européenne de 20 % pour 2020. Malgré le faible effet d'une telle taxe, le scénario le plus efficace serait de taxer uniquement la consommation de viande de bœuf et à un niveau élevé.

Publié le 08 février 2019

illustration  Une taxe environnementale pour une alimentation durable : analyse empirique de la consommation de produits animaux
© INRAE

Après le secteur de l'énergie, l’agriculture est le secteur qui a le plus d'impact sur l'environnement. Par exemple, en 2010, les émissions nettes de gaz à effet de serre (GES) provenant de l'agriculture, de la foresterie et d'autres usages des sols représentaient 24 % du total des émissions, tandis que 35 % provenaient du secteur énergétique et 21 % du secteur industriel (Pachauri et al., 2014). Le secteur agricole est un contributeur important en termes de changement climatique, mais aussi en termes d'eutrophisation, d'utilisation des terres, d'utilisation de l'eau et de toxicité.

Parmi les activités agricoles, la viande et les produits laitiers sont deux secteurs fortement émetteurs, car une grande proportion de cultures est indirectement utilisée pour la production, entraînant de plus fortes émissions de GES (PNUE, 2010). Dans le futur, la croissance démographique et économique va conduire à un impact environnemental encore plus important, si les modes de production et de consommation restent inchangées. En outre, la consommation moyenne de viande au niveau mondial, ainsi que la consommation par habitant ayant augmenté au fil du temps (respectivement de 60 % et 25 % entre 1990 et 2009 selon Henchion et al., 2014), cette tendance devrait se poursuivre.

deux vaches blanches

Les recherches publiées par les économistes de l’unité TSE-R mobilisent un modèle structurel de demande pour un niveau fortement désagrégé de la consommation de produits animaux. Les chercheurs montrent qu'une taxe de 56 € sur la consommation de tous les produits animaux conduirait à une très faible variation des émissions de GES, et que, même avec un niveau d'imposition élevé (200 € par tonne équivalent CO2), il n'est pas possible d'atteindre le seuil visé de 20 % de réduction des émissions de GES pour 2020.

En effet, cette politique ne conduirait qu'à une diminution de 6 % des émissions de GES issues de 30 produits alimentaires. Malgré le faible effet d'une telle taxe, le scénario le plus efficace serait de taxer uniquement la consommation de viande de bœuf et à un niveau élevé. Cette politique fiscale permettrait alors d’atteindre une diminution de 3,2 % des émissions de GES, représentant 53 % de la variation des émissions de GES lorsque tous les produits sont taxés. En revanche, la politique de taxation focalisant uniquement sur le boeuf entraînerait une perte de bien-être des ménages quasiment dix fois plus petite (-0,39 % lorsqu’uniquement le bœuf est taxé à 200 € / tonne équivalent CO2 et -3,22 % lorsque tous les produits sont taxés à ce même taux).

Les perspectives associées aux publications de Céline Bonnet, Zohra Bouamra-Mechemache et Tifenn Corre sont liées au développement de nouvelles méthodes d’évaluation de politiques publiques dans un contexte de préoccupations croissantes en matière de santé et d’environnement. Ces méthodes demandent une information plus détaillée sur les régimes alimentaires et les producteurs agro-alimentaires.  Les chercheurs du groupe « Economie de l'alimentation » de l’unité TSE-R sont impliqués dans des projets scientifiques traitant de ces questions, notamment dans le projet ANR DIET + 1

1 ANR DIET +.  Régimes alimentaires, marchés, filières, santé publique, environnement et usage des sols, projet ANR n° ANR-17-CE21-0003 coordonnée par Stephan Marette (INRA, UMR Economie Publique), janvier 2018-décembre 2020mentation

Références bibliographiques

Henchion, M., McCarthy, M., Resconi, V.C., Troy, D., 2014. Meat consumption: trends and quality matters. Meat Sci. 98 (3), 561–568 Meat Science, Sustainability & Innovation: 60th International Congress of Meat Science and Technology 17–22 August 2014, Punta del Este, Uruguay.

Pachauri, R.K., Allen, M.R., Barros, V.R., Broome, J., Cramer, W., Christ, R., Church, J.A., Clarke, L., Dahe, Q., Dasgupta, P., et al., 2014. Climate Change 2014: Synthesis Report. Contribution of Working Groups I, II and III to the Fifth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change. IPCC.

UNEP, 2010. Assessing the Environmental Impacts of Consumption and Production: Priority Products and Materials, A Report of the Working Group on the Environmental Impacts of Products and Materials to the International Panel for Sustainable Resource Management. Hertwich, E., van der Voet, E., Suh, S., Tukker, A., Huijbregts M., Kazmierczyk, P., Lenzen, M., McNeely, J., Moriguchi, Y.

 

Contacts

Céline Bonnet Toulouse School of Economics (CNRS, Inra, EHESS Univ. Toulouse Capitole)

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