Sept accords signés pour structurer la coopération scientifique entre INRAE et ses partenaires chinois

Neutralité carbone, agroécologie, biodiversité, génétique végétale, nutrition et élevage durable : en Chine, une délégation INRAE a signé sept accords scientifiques avec certaines des plus grandes institutions scientifiques du pays. Ces engagements confirment des coopérations existantes, posent les bases de nouveaux projets conjoints autour des grands défis agricoles et environnementaux, et s’accompagnent de l’ouverture d’un bureau INRAE/Cirad au sein de l’Ambassade de France. 

Publié le 15 octobre 2025

© INRAE

Une représentation INRAE/Cirad à l’Ambassade de France à Pékin

Inaugurée le 8 octobre, cette nouvelle antenne INRAE/Cirad, implantée à l’Ambassade de France à Pékin marque une nouvelle étape dans la structuration de la présence scientifique française en Chine.

« Installée aux côtés des représentations notamment du CNRS, du CEA et du CNES, cette représentation officielle témoigne de l’ancrage d’INRAE au cœur du dispositif diplomatique et scientifique français, dans un pays incontournable pour l’avenir de la recherche agricole et environnementale », Philippe Mauguin, président-directeur général d’INRAE

Ce nouveau bureau permettra à INRAE et au Cirad de coordonner plus étroitement leurs projets sur le terrain et d’accompagner les chercheurs en mobilité tout en densifiant les échanges avec les partenaires scientifiques chinois. 

Une coopération de référence prolongée avec la CAAS

Lors de cette visite, deux projets phares ont été confirmés avec la Chinese Academy of Agricultural Sciences (CAAS), homologue direct d’INRAE en Chine et partenaire de longue date: le renouvellement du Laboratoire international associé BIPI, ainsi qu’une lettre d’intention pour le renouvellement du des travaux sur la génomique du blé, à travers le LIA Wheat Genomics.

  • Le LIA « Biologie et Physiologie Intégrées de la Plante » (BIPI) 2 poursuivra les recherches démarrées en 2019 sur les interactions entre biologie intégrée, physiologie végétale et environnement, dans l’objectif de mieux comprendre les mécanismes d’adaptation des plantes aux contraintes multiples.
  • Le LIA « Wheat Genomics » 2, sera consacré à la génomique et à l’amélioration du blé, portant plus exactement sur la sélection de variétés plus résilientes aux stress climatiques, en s’appuyant sur des approches combinées de génétique, de phénotypage et de modélisation, priorités de recherche de ce LIA également lancé en 2019. 

De nombreuses publications de haut rang ont d’ores et déjà été produites lors des premières éditions de ces deux LIA, soutenues par la complémentarité des équipes franco-chinoises. 

Avec la CAS, un programme de recherche croisé sur les grands défis agricoles

INRAE et la Chinese Academy of Sciences (CAS), principale institution scientifique de Chine, ont officialisé la signature d’un Joint Linkage Call (JLC)[1], un programme bilatéral qui soutiendra la mobilité croisée de chercheurs et doctorants entre les deux institutions à partir de 2026. Pensé pour structurer des coopérations de long terme, ce dispositif se concentre sur quatre axes scientifiques jugés prioritaires :

  • agroécologie et climat
  • sciences du sol
  • gestion de l’eau et télédétection
  • génétique végétale et nutrition

Il viendra alimenter des collaborations existantes, telles que le LIA Innogrape, qui structure des recherches autour de l’adaptation de la vigne au changement climatique.

Un laboratoire de recherche pour répondre aux des défis posés à la viticulture

Créé en 2018 et renouvelé en 2024, le LIA Innogrape associe l’UMR EGFV (INRAE Bordeaux) et l’Institut de botanique de la Chinese Academy of Sciences. Il réunit des équipes françaises et chinoises autour de l’adaptation de la vigne au changement climatique, travaillant par exemple sur la sélection de variétés résistantes au stress, modélisation des effets de l’environnement sur la qualité du raisin, et séquençage à grande échelle de variétés. Un partenariat stratégique alors que les deux pays figurent parmi les plus grands cultivateurs de vigne au monde. 

Vers une coopération sur la gestion de l’eau agricole

La délégation INRAE a également visité les locaux de lAerospace Information Research Institute (AIRCAS), rattaché à la Chinese Academy of Sciences, un acteur clé de la recherche chinoise en technologies spatiales, observation de la Terre, traitement des données environnementales et intelligence artificielle. Cet institut héberge plusieurs centres de recherche d’envergure internationale, dont le International Research Center of Big Data for Sustainable Development Goals (SDGs).

Dans le cadre d’un dialogue engagé depuis fin 2024 sur ces enjeux, la visite d’INRAE a permis de confirmer un intérêt scientifique partagé autour de l’application des technologies à l’eau agricole. Estimation des ressources en eau et de la demande des cultures et des forêts par télédétection, modélisation du cycle de l’eau, analyse intégrée de données climatiques, hydrologiques et agricoles… Ces thématiques au cœur des échanges font écho à l’initiative One Water Vision, dont le secrétariat est assuré par INRAE. Également identifiées comme prioritaires dans le Joint Linkage Call reliant les deux institutions, elles pourraient faire l’objet d’un futur projet commun structuré.

« Ces technologies nous permettent de franchir un cap. La télédétection permet de caractériser à grande échelle les dynamiques de l’eau dans les agrosystèmes, non seulement les ressources en surface, mais aussi le degré de stress hydrique des parcelles et d’aller ainsi vers une optimisation de l’irrigation. Cela ouvre la voie à des services fondés sur l’observation. L’initiative One Water cherche à structurer cette approche dans une perspective internationale, en articulant données spatiales, modèles hydrologiques et politiques territorialisées de gestion. » Jean-François Soussana, conseiller international INRAE et porteur de l’initiative One Water Vision.

À la CAU, renforcer les piliers scientifiques de l’agriculture durable  

Parmi les partenaires historiques d’INRAE en Chine figure aussi la China Agricultural University (CAU), première université agricole du pays et institution de référence en sciences agronomiques et alimentaires. Ce partenariat de long terme, déjà à l’origine de plus de 300 publications conjointes, se renforce à travers trois nouveaux engagements : un accord-cadre renouvelé, et deux lettres d’intention pour poser les bases de futurs laboratoires internationaux associés, l’un dédié à l’agroécologie, l’autre à l’élevage durable.

  • LIA « Agroécologie - Agriculture Verte et Développement Durable »(A‑AGD 2) : ce projet doit prolonger les travaux menés depuis 2020 dans le cadre d’un premier LIA, où les scientifiques s’intéressent à la conception de systèmes agricoles durables, à l’étude des interactions sol-plante-microbiote, ainsi qu’au développement de pratiques agroécologiques innovantes. Le partenariat mené avec A-AGD 1 a déjà permis de structurer une communauté scientifique bilatérale, reconnue pour la qualité de ses publications et son rôle dans la formation de jeunes chercheurs. 
     
  • Le nouvel LIA « Ecobeef » doit être lancé en 2025 entre INRAE et la CAU. Son objectif est d’améliorer l’efficience alimentaire, la circularité des systèmes d’élevage et la qualité de la viande bovine dans un contexte de transition climatique. Ce partenariat mobilise des compétences complémentaires (nutrition animale, physiologie, modélisation, sciences de la viande, perception des consommateurs), et s’appuie sur une longue histoire de coopération franco-chinoise dans le domaine bovin, initiée dès les années 2000 avec le Centre Sino-Français de recherche sur les Bovins.

Phénomique végétale : un domaine stratégique au cœur du partenariat avec la NAU

La délégation INRAE s’est également rendue à la Nanjing Agricultural University, l’une des plus prestigieuses universités agricoles de Chine, reconnue internationalement pour ses plateformes de phénotypage végétal, ainsi que ses travaux en génomique et modélisation des cultures. Les deux institutions ont signé à l’occasion de cette rencontre un accord-cadre de coopération (MoU), et ont lancé les signatures pour le nouveau LIA SURPH, consacré au phénotypage et à la modélisation du comportement des plantes. 

  • Cette collaboration initiée en 2018, déjà forte de trente publications communes, relie les plateformes de phénotypage de NAU et du réseau français PHENOME, au cœur des grands projets internationaux sur l’agriculture durable et l’adaptation au changement climatique. Un partenariat inscrit dans les réseaux internationaux sur la phénomique et l’agriculture durable, tels que Horizon Europe PHENET, AgMIP, ou encore les collaborations avec le CSIRO (Australie) et l’Université du Queensland (UQ).

Deux vitrines scientifiques pour la coopération INRAE-Chine

Dans le cadre du mois franco-chinois de l’Environnement, INRAE et ses partenaires ont organisé à Pékin deux ateliers scientifiques de haut niveau. Ces rendez-vous, soutenus par l’Ambassade de France, ont réuni les principaux acteurs de la recherche française et chinoise pour explorer les défis communs d’une transition agricole et environnementale durable.

  • Le premier atelier, coorganisé avec l’Académie chinoise des sciences agricoles (CAAS), a ouvert un dialogue scientifique autour des pratiques d’interculture, de la circularité des nutriments et de la résilience des systèmes agricoles face au changement climatique. Des spécialistes de plusieurs institutions françaises et chinoises y ont croisé leurs approches sur la gestion durable des sols, la biodiversité fonctionnelle et la séquestration du carbone, jetant les bases de nouvelles collaborations à grande échelle.
  • Le lendemain, l’Institut français de Pékin a accueilli un second atelier, coorganisé par INRAE et l’Ambassade de France, pour mettre en lumière la vitalité de la coopération scientifique bilatérale franco-chinoise à travers ses instruments, notamment les LIA et en particulier ceux intégrés au Centre franco-chinois sur la neutralité carbone (CNC). 
La délégation INRAE et ses partenaires chinois lors d'un séminaire scientifique organisé à l'Institut Français de Pékin.

[1] Un JLC est un programme bilatéral d’appels conjoints à mobilités scientifiques. Les projets retenus financent des mobilités réciproques entre chercheurs d' INRAE et de l’organisme partenaire, afin de faciliter ou d’élaborer un projet en relation avec les thématiques scientifiques choisies conjointement par les deux organismes. 

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