Agroécologie 3 min

Une étude de cas d’un système de culture durable : les rizières des terrasses du YuanYang en Chine

Ce projet vise à comprendre les déterminants de la durabilité des résistances du riz face aux maladies, notamment fongiques, dans un système traditionnel où de nombreuses variétés sont cultivées et ne connaissant pas de crise sanitaire majeure. Ce cas d’école permettra de comprendre l’impact de la biodiversité cultivée sur les interactions plantes-pathogènes, et d’aider à une utilisation optimale de cette biodiversité pour générer des paysages agricoles résistant mieux aux épidémies.

Publié le 09 novembre 2017

illustration Une étude de cas d’un système de culture durable : les rizières des terrasses du YuanYang en Chine
© INRAE B. Vissac

Pourquoi avez-vous choisi d’étudier les terrasses du YuangYang en Chine ?


Elisabeth Fournier : Dans cette région montagneuse du Sud de la Chine d’environ 7000 ha, la riziculture est menée selon des méthodes traditionnelles. De nombreuses variétés de riz (jusqu’à 140) y sont cultivées, une partie d’entre elles y perdurant depuis plusieurs siècles. Les variétés sont dispersées dans le parcellaire morcelé en terrasses, et circulent d’une année à l’autre, ce qui conduit à un paysage variétal très hétérogène dans l’espace et le temps. Or ce système est exempt de crise sanitaire majeure : les maladies sont maintenues à des niveaux faibles, et les rendements sont bons (5 à 7 tonnes/ha). Nous avons choisi d’étudier ce « cas d’école » pour comprendre quels mécanismes expliquent la durabilité des résistances du riz face aux maladies (notamment la pyriculariose causée par le champignon Magnaporthe oryzae) dans cette zone. Une meilleure connaissance de ces déterminants aidera à comprendre comment générer des paysages agricoles qui résistent mieux aux épidémies.

Qu’avez-vous découvert ?


E. F : Tout d’abord, nos analyses confirment que la biodiversité des riz cultivés est excessivement élevée et existe à différentes échelles (le paysage, la parcelle, la plante). Cette diversité conduit, par différents mécanismes, à canaliser l’adaptation des agents pathogènes, en empêchant l’émergence de souches super-agressives efficaces sur tous les génotypes de plantes. Ensuite, les enquêtes menées auprès des agriculteurs de la zone montrent que le système traditionnel est fragile et en transition : de fortes incitations économiques conduisent les agriculteurs à délaisser les variétés traditionnelles au profit de variétés améliorées, génétiquement beaucoup moins diversifiées. Cette réduction de la biodiversité cultivée détériore l’équilibre éco-évolutif entre les plantes et leurs agents pathogènes : nous observons des niveaux de maladies plus importants dans les villages ayant adopté majoritairement ces variétés améliorées, et les populations de champignons qui leurs sont associées sont moins diverses et dominées par des génotypes plus agressifs.

Peut-on utiliser dans une autre région du monde les enseignements obtenus ?


E. F : Par l’utilisation de la modélisation, nous allons déterminer dans quelle mesure la biodiversité cultivée peut être réduite et à quelle échelle, sans impacter les « services écosystémiques » qu’elle génère en terme de protection contre les maladies. Nous souhaitons tester expérimentalement cette hypothèse dans d’autres situations de riziculture (Madagscar) et sur d’autres cultures (le blé dur en France).

 

Contacts

Elisabeth FournierUMR0385 BGPI Biologie et Génétique des Interactions Plante-Parasite

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