Biodiversité Temps de lecture 3 min
Les scientifiques de l’UMR EMMAH mettent en place un suivi des sols nouvellement libérés du béton, sur les « coussouls » de Crau.
Le Grand Port Maritime de Marseille a réalisé pour la première fois un chantier de descellement d’une plaque de béton, ancien support d’un atelier construit en 1971, pour viabiliser la zone industrielle du Ventillon sur la commune de Fos-sur-Mer. Les scientifiques INRAE et de l'IMBE sont mobilisés pour étudier sur le long terme les impacts de cette restauration sur le sol.
Publié le 15 février 2024

Annette Bérard et Claude Doussan de l’unité mixte de recherche EMMAH, au côté de Thierry Dutoit de l’unité mixte de recherche IMBE, ont mis en place une analyse des impacts de cette renaturation sur certaines fonctions biologiques (mesures de biomasse et profils cataboliques microbiens) et physiques du sol (mesures d’infiltration, de rétention en eau et de stabilité structurale).
Dans ce cadre, une première analyse a été réalisée à T0, juste après le descellement, en décembre dernier, sur des échantillons de sol situés sous la plaque et dans un témoin. Un suivi sur plusieurs années a été demandé avec l’encadrement d’étudiant.e.s en stage de Master II et en doctorat, avec le soutien acquis de la fédération de recherche TERSYS pour les analyses en 2024-2025.
Le descellement est une opération de renaturation qui consiste à retirer une couche de béton ou de bitume pour permettre au sol sous-jacent de retrouver ses fonctions (infiltration et stockage de l’eau, fixation du carbone atmosphérique) et sa biodiversité (flore, faune).
Aujourd’hui, ce sont des interventions particulièrement importantes pour lutter contre le réchauffement climatique et la crise d’extinction de la biodiversité. Si ce type d’opération est actuellement très pratiqué en ville pour recréer des ilots de fraicheur, c’est une première dans la plaine de Crau.
L’objectif est de restaurer son écosystème unique au monde, les “coussouls de Crau”, dont une importante partie de la surface a été perdue à la suite d’aménagements industriels, militaires et agricoles intensifs.
Le chantier a débuté par la fracturation de la plaque (450 m²) via un brise roche hydraulique, suivi du retrait et de la mise en centre de valorisation des déblais inertes ramassés. Le sol, ses graines et ses invertébrés (pédofaune) ont été ensuite échantillonnés par les scientifiques le même jour, marquant le T0.
Plusieurs techniques de restauration sont actuellement mises en place en lieu et place de l’ancienne plaque (avec ou sans décompactage après descellement) pour être testées.

Afin de mesurer précisément les impacts de cette opération originale, sur le long terme, une collaboration a été engagée entre INRAE, Avignon Université et le CNRS pour suivre les différentes techniques de restauration sur le sol, sa faune et sa végétation dans les années qui suivent ce descellement.