Mucoviscidose : un lien direct avec la perte d’odorat avéré

COMMUNIQUÉ DE PRESSE - La mucoviscidose peut causer une perte d’odorat, indépendamment de l’inflammation des voies aériennes. C’est ce qu’a montré une équipe de recherche internationale pilotée par INRAE, impliquant le CNRS, en étudiant le rôle du gène CFTR dans la structuration des tissus olfactifs. Des résultats publiés dans Science Advances.

Publié le 06 mars 2025

© Pixabay

La mucoviscidose est la maladie génétique héréditaire la plus courante, avec environ 200 nouveau-nés diagnostiqués chaque année en France. Les progrès thérapeutiques ont permis d'augmenter l'espérance de vie des patients, passant de 30 à plus de 55 ans ; mais vivre avec la mucoviscidose reste difficile.

Certaines recherches montrent une diminution de l'odorat chez les patients atteints de mucoviscidose, ce qui limite leur qualité de vie et peut être associé à des taux plus élevés de dépression et de solitude. Souvent attribué à une inflammation nasale, les causes exactes du dysfonctionnement voire de la perte de l’odorat restent cependant mal comprises.

Une équipe de recherche internationale, pilotée par INRAE et incluant le CNRS[1], a découvert l’implication du gène CFTR dans la régénération du tissu olfactif. Or ce gène est défectueux chez les patients atteints de mucoviscidose.

Les scientifiques ont réalisé des tests olfactifs chez des patients atteints de mucoviscidose et analysé des tissus prélevés dans les fosses nasales grâce à des écouvillons. Ils ont constaté une perte de sensibilité aux odeurs et une faible abondance de cellules basales globuleuses (qui permettent la régénération des tissus) et de neurones olfactifs.

Pour approfondir ces observations, les scientifiques ont mené des tests comportementaux sur un modèle porcin atteint de mucoviscidose dont le gène CFTR avait été inactivé. Ces porcs avaient comme les humains une capacité réduite à répondre aux odeurs. Le prélèvement de tissus nasaux a aussi montré une perte des cellules impliquées dans la réparation des tissus et une perte de neurones olfactifs, ainsi que des malformations au niveau de zones cérébrales impliquées dans l’odorat.

Ces résultats montrent que la perte d’olfaction est une conséquence directe de la mucoviscidose, indépendamment de l’inflammation chronique des voies aériennes supérieures. Ils ouvrent la voie vers une meilleure compréhension de la maladie, pour prendre en compte cette perte d’odorat et améliorer la qualité de vie des patients.


[1] Du laboratoire Infectiologie et Santé publique (INRAE/Université de Tours), de l’Institut de pharmacologie moléculaire et cellulaire (CNRS/Inserm/Université Côte d’Azur) et du laboratoire Physiologie de la reproduction et des comportements (CNRS/INRAE/Université de Tours).

Référence

Caballero I., Mbouamboua Y., Weise S. et al. (2025). Cystic fibrosis alters the structure of the olfactory epithelium and the expression of olfactory receptors affecting odor perception. Science Advances, DOI : https://doi.org/10.1126/sciadv.ads1568 

CP_impact-mucoviscidose_odorat_VFpdf - 477.42 KB

Contacts scientifiques

Ignacio Caballero-Posadas

Laboratoire Infectiologie et santé publique (INRAE, université de Tours)

Pablo Chamero-Benito

Laboratoire Physiologie de la reproduction et des comportements (INRAE, CNRS, université de Tours)

Le centre

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