Alimentation, santé globale 5 min

Manger en dehors des repas, portrait des adeptes du snacking

Grignotage, collation… d’autres façons de manger se développent aujourd’hui en France où le rituel des trois repas par jour reste malgré tout bien ancré. Des chercheurs de l’Inra et leurs collègues brossent le portrait de ceux qui pratiquent le snacking et en révèlent les disparités socio-économiques, ouvrant des perspectives d’intérêt pour des politiques publiques adaptées.

Publié le 28 novembre 2018

illustration Manger en dehors des repas, portrait des adeptes du snacking
© INRAE

Le snacking, c’est ce petit quelque chose que l’on va boire ou manger en dehors des repas principaux, cela tient tout à la fois du grignotage auquel on s’adonne sans faim et de la collation à laquelle on succombe avec appétit ! Qui sont les adeptes - que l’on dénomme aujourd’hui snackeurs - de cette pratique ? Que mangent-ils ? Des questions que Caroline Méjean et ses collègues ont explorées au gré des données de l’étude NutriNet-Santé, dressant le portrait des snackeurs français sur fond de nutrition.

Quand 2/3 des adultes snackent….

Pâtisseries

Ce sont, de façon inattendue, quelque 68 % des adultes qui mangent au moins une fois par jour en dehors des repas principaux - à savoir, petit-déjeuner, déjeuner et dîner que prennent par ailleurs la quasi-totalité de ces personnes. Ils sont plus nombreux à s'y adonner l’après-midi (45 %) que le matin (28 %).

Ces encas apportent quotidiennement quelques 260 kcal soit environ 13 % des apports énergétiques journaliers.

Les produits gras et sucrés (pâtisseries, gâteaux, chocolat et autres) y contribuent à hauteur de 30 %, suivis par les fruits (13 %) et les boissons chaudes (café ou thé agrémenté d’un nuage de lait, cappuccino coiffé d'une mousse de lait crémeuse…) pour 11 %.

A poids égal, les aliments consommés à ces moment-là sont de moins bonne qualité nutritionnelle et apportent plus d’énergie que ceux pris au cours des repas principaux. A quelques détails près cependant, puisque le snack du matin est plus sain que celui de l’après-midi ou du soir, alliant une meilleure qualité nutritionnelle à un apport calorique moindre.

Les quadragénaires mais pas que… et les catégories socio-professionnelles favorisées snackent souvent mais bien

Hommes et femmes confondus, c’est dans la tranche d’âge 46 - 60 ans que les occasions de snacker se font les plus fréquentes, à l’inverse de la catégorie des 18 - 30 ans. Par contre, la qualité nutritionnelle est meilleure pour les 46 - 60 ans et la valeur énergétique de ces prises alimentaires diminue avec l’âge.

Les cadres snackent plus souvent mais mieux. Un niveau d’éducation élevé va de pair avec des snacks plus fréquents mais de meilleure qualité nutritionnelle et de plus faibles apports énergétiques. A l’inverse, un niveau d’éducation faible, quel que soit le sexe, ou, chez les femmes, une profession indépendante ou un poste d’employée ou d’ouvrière est moins propice au snacking.

La famille s’agrandit ? Un enfant au foyer ne signifie pas forcément des snacks plus nombreux pour les parents. Elle se traduit plutôt, et notamment chez les femmes, par des snacks de moins bonne qualité nutritionnelle qui favorisent essentiellement des produits gras et sucrés.

Comme le montre cette étude, la pratique du snacking est fréquente en France. L’âge, l’éducation et l’activité professionnelle sont des facteurs démographiques et socio-économiques qui en affectent l’occurrence et la qualité nutritionnelle et en révèlent les disparités. Quel est l’impact du snacking sur la santé ? Bonne question dont la réponse pourrait permettre d’orienter des politiques de santé publique différemment selon les populations à risque.

Aujourd’hui, les pratiques alimentaires évoluent et  l’offre de snacking ne cesse d’augmenter alors que les recommandations nutritionnelles invitent à ne pas grignoter. Dans ce contexte, en présence de groupes de population qui snackent plus ou moins fréquemment, plus ou moins sainement, peut être vaut-il mieux, comme le suggère Caroline Méjean, « écouter ses signaux de faim et de satiété et consommer, des aliments de bonne qualité nutritionnelle plutôt que d’attendre et de dévorer ce qui va nous tomber sous la main ». 

Catherine Foucaud-ScheunemannRédactrice

Contacts

Caroline MéjeanUnité Marchés, organisations, institutions et stratégies d'acteurs (Cirad, INRAE, CIHEAM, SupAgro Montpellier) et Centre de recherche en épidémiologie et statistique Sorbonne Paris Cité (Inserm, INRAE, Cnam, Université Paris 5, 7, 13)

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