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Guide pour réduire les pertes d’eau potable

En France, 20 % de l’eau potable est perdue à cause de fuites dans les systèmes de distribution. L’OFB, INRAE et l’ASTEE proposent un guide pour aider les services des eaux à réduire ces fuites et à optimiser le bénéfice de cette réduction des fuites pour les ressources en eau.

Publié le 10 septembre 2020

illustration Guide pour réduire les pertes d’eau potable
© INRAE E. Renaud

Parmi les 5,4 milliards de m3 prélevés pour l’eau potable en France en 2016, moins de 4 milliards de m3 ont été utilisés par les usagers du service. Les 1,4 milliards de m3 restants sont pour l’essentiel des pertes en eaux majoritairement dues aux fuites des conduites. Pour réduire ce volume, la réglementation française impose la mise en œuvre d’un plan d’actions de réduction des pertes aux services d’alimentation en eau potable (AEP), dont le rendement est trop faible. L’OFB, INRAE et l’ASTEE proposent un guide pour aider les services concernés à concevoir leur plan d’actions.

Ce guide, qui s’intitule « Réduction des pertes d’eau des réseaux de distribution d’eau potable – Guide pour l’élaboration du plan d’actions », est organisé en 3 volumes.

Structure guide fuites d'eau
Structuration du guide en trois volumes.

Volume 1 : construction d’un plan d’actions adapté au contexte

Le volume 1, paru en novembre 2014, est structuré en 2 parties. La première développe une méthode progressive en 4 étapes pour élaborer un plan d’actions de réduction des pertes adapté aux différentes situations :

  1. Analyse de la situation du système d’alimentation en eau potable (pré-diagnostic)
  2. Actions urgentes et acquisition d’un socle minimal de connaissances
  3. Diagnostic
  4. Construction et évaluation d’un plan pluriannuel d’actions hiérarchisées

La seconde partie propose un recueil de 38 fiches qui décrivent les différentes actions pouvant être mises en œuvre. Ces fiches sont classées selon 4 grandes catégories : amélioration de la connaissance du réseau et des pertes ; recherche active des fuites et réparation ; gestion des pressions ; remplacement et rénovation des réseaux.


Volume 2 : un arbre de décision pour les situations complexes

Le volume 2, paru en mai 2017, vise à aider les services confrontés à des situations complexes. Il propose un arbre de décision pour sélectionner les actions. Le cheminement dans l’arbre de décision mobilise 34 indicateurs qui, de même que les variables servant à leur calcul, sont détaillés dans une annexe dédiée. Les valeurs des indicateurs sont comparées à des seuils de décision, des valeurs indicatives sont proposées, elles doivent être adaptées à l’échelle d’application de l’indicateur et au contexte du service. Chaque figure représentant une partie de l’arbre de décision est accompagnée d’un texte qui en explicite l’objectif et fournit, pour chaque action, des éléments de compréhension du cheminement dans l’arbre de décision, des précisions sur les seuils de décision des éléments de réflexion sur sa mise en place. L’échelle des actions dépend de leur nature mais est également adaptée au contexte du service et à la disponibilité de l’information.

Volume 3 : optimiser les bénéfices pour les ressources en eau

Le volume 3 (à paraitre en 2020) propose une méthode pour optimiser les bénéfices du plan d’actions pour les ressources en eau.

Schéma des circuits de l’eau potable
Circuit de l’eau potable depuis son prélèvement jusqu’à ses rejets (écoulement, évapotranspiration, infiltration) pour ses divers usages (eau potable, piscine, arrosage etc.).

« Le principe, explique Eddy Renaud, est qu’une fuite n’a pas le même impact sur les ressources en eau suivant le devenir de l’eau qui fuit. Si cette eau retourne en partie à l’aquifère de prélèvement, la perte d’eau réelle dû à la fuite est moindre. On peut considérer deux situations extrêmes : dans un village de montagne alimenté par un torrent, les fuites dans le réseau d’eau retournent intégralement dans celui-ci ou dans sa nappe d’accompagnement par écoulement et infiltration ; au contraire, dans la région de Bordeaux par exemple, où l’eau est pompée majoritairement dans les nappes profondes, l’eau qui fuit va partir dans la Garonne et ne sera pas réutilisable. Le gain net, pour la ressource en eau, de la réparation des fuites sera ainsi supérieur dans le deuxième cas. »

Le guide propose donc une méthode pour dresser un bilan quantitatif des prélèvements et des rejets su système d’AEP (BQPR), qui permet d’estimer le gain réel du plan d’actions selon le contexte et selon différents scénarios de choix des zones prioritaires d’intervention et des types d’action (réparation de fuites, reconfiguration hydraulique, sensibilisation des consommateurs, etc.)

Références :

Julie Pillot, Eddy Renaud. Rapport, 2015. Cibler, mettre en oeuvre et évaluer la lutte contre les pertes des réseaux d’eau potable dans le but de préserver la ressource en eau : Impacts de la réduction des pertes sur les ressources (bilan eau) et sur l’environnement (bilan des effets), pp97. https://hal.inrae.fr/hal-02605565/document

Vacelet, Eddy Renaud. Rapport d'avancement, 2017. Lutte contre les pertes des réseaux d'eau potable et réduction des prélèvements dans les ressources en eau : guide pour l'élaboration du plan d'actions, volume 3 optimiser les bénéfices du plan d'actions pour les ressources en eau, pp.56. https://hal.inrae.fr/hal-02607023/document

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