Biodiversité 2 min

EpiCollect5, une application de science participative pour la surveillance des milieux aquatiques

Dans le cadre du projet WaSAf - Protection des ressources en eau potable de surface en Afrique.

Publié le 08 janvier 2018

illustration EpiCollect5, une application de science participative pour la surveillance des milieux aquatiques
© INRAE, Jean-François Humbert

Initié en février 2016, le projet WaSAf - Protection des ressources en eau potable de surface en Afrique, vise à mettre en place une démarche d’évaluation et de surveillance de la qualité des eaux de trois lacs africains utilisés pour alimenter trois grandes villes (Abidjan, Dakar et Kampala) et à préparer les premières mesures à prendre pour une gestion durable de ces écosystèmes et pour leur préservation et/ou leur restauration.

Parmi les sites d’étude, la lagune Aghien est destinée à constituer, dans un proche avenir, une ressource complémentaire d’eau potable pour la ville d’Abidjan (Côte d’Ivoire). Dans le cadre de la mise en place d’un système de surveillance pérenne de la lagune d’Aghien, le projet Wasaf a développé une application de sciences participatives à destination des communautés riveraines de la lagune.

Une démarche participative aux multiples intérêts

Cette démarche participative a pour objectif d'impliquer les populations locales dans la production de connaissances sur l’état écologique de la lagune, en complément du suivi mensuel de la qualité de l’eau réalisé par des chercheurs de l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire. En particulier, elle vise à signaler les proliférations de cyanobactéries qui surviennent dans la lagune et qui sont très faciles à reconnaître. Ce suivi est important car les cyanobactéries produisent des toxines et représentent de fait un danger potentiel pour ces populations.

Prolifération de cyanobactéries sur la lagune Aghien (Côte d’Ivoire)
Prolifération de cyanobactéries sur la lagune Aghien (Côte d’Ivoire).

Elle doit aussi contribuer à une meilleure compréhension des savoirs et des perceptions locales des risques de dégradation de la lagune en liaison avec ses différents usages et à sensibiliser ces populations locales sur ces questions de protection de l'environnement dans lequel elles vivent.

A terme, l'ensemble de ces éléments permettra de proposer des mesures de protection de la lagune aux institutions en charge de leur mise en œuvre. 

Une application mobile, EpiCollect5

L'application mobile est disponible depuis novembre 2017.

La participation des villageois est basée sur une application mobile gratuite (EpiCollect5, plateforme développée par l’Imperial College of London, disponible sur Google et Apple Stores) qui permet de remplir un court questionnaire dédié au projet Wasaf et de prendre une photo géo-localisée et datée. Le questionnaire est envoyé par internet et toutes les données collectées et géo-localisées sont visibles sur une carte en temps réel ).

Trois villages (Débarcadère, Akandjé et Aghien Télégraphe) sont à ce jour impliqués dans ce projet, un quatrième village, Akoyaté, devrait bientôt les rejoindre.

Afin de convaincre et de maintenir l’intérêt des populations appelées à contribuer, l’équipe du projet fait appel à :

  • des informateurs référents – Instituteurs des écoles, membres des chefferies ou autres, qui ont été formées et possèdent un smartphone fourni par le programme WaSAf pour participer à la collecte des données. Ils réalisent au minimum une observation hebdomadaire d’un même endroit de la lagune ainsi que des photographies supplémentaires en d’autres endroits sur la lagune si des événements particuliers de pollution leur sont signalés;
  • des villageois qui peuvent envoyer leurs observations via cette même application lorsqu’ils constatent des phénomènes inhabituels pour eux.

A ce jour, près d’une centaine de réponses au questionnaire, le plus souvent accompagnées de photographies, ont été envoyées à la fois par les informateurs référents et par les villageois. Si ces réponses se répartissent encore un peu inégalement sur les trois sites surveillés, elles permettent cependant d’avoir une bonne couverture de surveillance de la lagune.

La forte mobilisation des référents et des villageois montre l’intérêt suscité par cette application dans les populations locales et le grand potentiel de ce type d’approche pour sensibiliser ces populations aux questions de surveillance et de protection des ressources naturelles qui leur sont proches.

Catherine Foucaud-ScheunemannRédactrice

Contacts

Jean-François Humbert Institut d’écologie et des sciences de l’environnement de Paris (INRAE, SU, CNRS, IRD, Univ. de Paris, Univ. Paris Est Créteil)

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