La guêpe samouraï : un nouvel espoir contre la punaise diabolique ?

Originaire d’Asie, la guêpe samouraï s’impose comme une alliée prometteuse dans la lutte contre la punaise diabolique, un redoutable ravageur des cultures. Découverte récemment en Nouvelle-Aquitaine, une population de cette guêpe parasitoïde pourrait offrir une solution naturelle et efficace grâce à sa capacité à parasiter les œufs de la punaise. Une avancée porteuse d’espoir pour une agriculture durable, mais qui soulève encore des questions sur son implantation et son impact écologique.

Publié le 20 décembre 2024

© INRAE, Alexandre Bout

Trissolcus japonicus, la guêpe samouraï, est une espèce de guêpe parasitoïde qui régule naturellement la punaise diabolique (Halyomorpha halys) dans son aire d’origine, c’est-à-dire en Asie, notamment en Chine, au Japon, en Corée et à Taïwan. En 2014, des populations de T. japonicus ont été découvertes aux États-Unis lors d’études visant à identifier les parasitoïdes susceptibles d'attaquer H. halys, un ravageur agricole impactant de nombreuses cultures, comme le soja, le maïs, tous types de fruits et même des arbres d'ornement. Une population européenne a également été découverte en 2017, lors d'enquêtes similaires en Suisse et en Italie.

La guêpe samouraï parasite les œufs de H. halys en y déposant ses propres œufs à l’intérieur. Au fur et à mesure que les larves de guêpes se développent, elles tuent les œufs de la punaise. Une seule guêpe adulte émerge alors de chaque œuf de punaise.

Des travaux de recherche (Projet Région Nouvelle-Aquitaine « RIPPOSTE ») menés par INRAE, l’ANPN (Association Nationale des Producteurs de Noisettes), l’Université de Turin ont permis de collecter 12 spécimens de T. japonicus en 2022 et 44 en 2023, qui ont émergé de près de 3 700 œufs d’H. halys recueillis sur cette période. L'analyse morphologique et moléculaire a confirmé l'identification de T. japonicus qui pourrait être arrivé en Nouvelle-Aquitaine par des voies d'introduction similaires à celles de Trissolcus mitsukurii, un autre parasitoïde exotique d’H. halys déjà détecté en 2020.

Les chercheurs voient dans cette découverte une lueur d’espoir pour contrôler les populations de punaises diaboliques. Les partenaires du projet ambitionnent de relâcher et d'acclimater durablement T. japonicus sur l'ensemble du territoire national (autorisations réglementaires acquises) et de suivre les installations et dispersions des populations de T. japonicus et T. mutsukurii. Cependant, plusieurs questions restent en suspens : ces parasitoïdes pourront-ils s’implanter durablement en France ? Leur survie après l’hiver et leur capacité à trouver des hôtes adéquats seront cruciales. De plus, la possible concurrence entre T. japonicus et T. mitsukurii mérite une attention particulière.

Ces travaux, publiés en novembre 2024 dans la revue Journal of Hymenoptera Research, ouvrent la voie à des stratégies de lutte biologique potentiellement innovantes afin de réduire l’impact de la punaise diabolique, H. halys, sur les cultures tout en préservant les équilibres écologiques. 
 

Référence : Martel G, Bout A, Tortorici F, Hamidi R, Tavella L, Thomas M (2024) First detection of Trissolcus japonicus (Ashmead) (Hymenoptera, Scelionidae) in southwestern France. Journal of Hymenoptera Research 97: 1123-1139. https://doi.org/10.3897/jhr.97.132433

Arnaud Ridel

Département Santé des Plantes et Environnement

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