Biodiversité 2 min

Expansion de la punaise diabolique en France : le rôle capital des sciences participatives pour le suivi des espèces envahissantes

COMMUNIQUE DE PRESSE - INRAE et le Muséum national d’Histoire naturelle ont créé deux programmes de sciences participatives pour étudier l’expansion géographique d’une espèce envahissante : la punaise diabolique. Cet outil puissant au service de la recherche a permis une vaste collecte de données sur ce ravageur de nombreuses cultures. Les résultats de ces initiatives citoyennes sont parus le 1er juin dans la revue Scientific Report, ouvrant la voie au développement de programmes similaires pour suivre l’expansion d’autres espèces envahissantes.

Publié le 01 juin 2021

illustration Expansion de la punaise diabolique en France :  le rôle capital des sciences participatives pour le suivi des espèces envahissantes
© INRAE - Jean-Claude Streito

Comme de nombreuses espèces envahissantes, la punaise diabolique Halyomorpha halys est hautement polyphage (s’alimente à partir de diverses sources) et se nourrit au détriment de plus de 120 espèces de plantes hôtes sauvages ou cultivées. Difficile à observer dans les cultures, cet insecte a la particularité d’entrer dans les habitations à l’automne à la recherche d’un abri pour passer l’hiver. Une occasion pour tout citoyen de l’observer et signaler sa présence, en prenant part à un programme de sciences participatives.

 

Lors de la première détection de la punaise diabolique en France, INRAE et le Muséum national d’Histoire naturelle ont initié deux programmes de sciences participatives, Agiir puis INPN-Espèces, lancés respectivement en 2012 et 2016. Leurs vocations : impliquer et sensibiliser les citoyens à l’étude des invasions biologiques. Pour la première fois, une initiative de science citoyenne a permis de suivre en temps réel l’expansion d’une espèce envahissante d’importance agronomique à travers le pays. A travers une application et un site web, plus de 4000 participants ont ainsi signalé la présence de la punaise diabolique entre 2012  et aujourd’hui. Chaque signalement est accompagné de nombreuses observations sous la forme de photographies complétées par des commentaires sur les conditions d’observations. Bilan de cette étude de 8 ans : en 2019, la punaise diabolique a conquis plus de 50% des départements métropolitains.

 

Les citoyens français ont permis aux scientifiques d’accéder à de précieuses données sur l’expansion de cette espèce envahissante ainsi qu’à des informations clés sur son mode de vie. Forts de ces résultats, les chercheurs d’INRAE développent actuellement un nouveau programme de sciences participatives afin de surveiller trois espèces potentiellement envahissantes en France : le hanneton japonais (Popillia japonica), le capricorne à col rouge (Aromia bungii) et le fulgore tacheté (Lycorma delicatula). Pour ces trois espèces, une quête sera également prochainement disponible sur INPN espèces.

 




Halyomorpha halys : une punaise diaboliquement envahissante
La punaise diabolique, Halyomorpha halys, est un exemple typique d’espèce envahissante capable de coloniser avec succès de nouveaux territoires. Originaire d’Asie orientale, elle est commune dans les régions tempérées de Chine, du Japon et de la République de Corée. Mais au cours des dernières décennies cette punaise passe les frontières : elle a d’abord colonisé l'Amérique du Nord, elle a causé d’immenses dégâts sur différentes cultures, des vergers aux vignobles, en passant par les cultures de tomate. Son expansion l’a menée en France, elle a été détectée pour la première fois en 2012. Depuis, la punaise diabolique colonise plus de la moitié des départements métropolitains, et son expansion se poursuit !

Les sciences participatives à la rescousse
Les invasions biologiques sont l’une des causes majeures de l’érosion de la biodiversité. Le nombre d’espèces exotiques envahissantes posant des problèmes agronomiques a augmenté de manière très significative à partir des années 2000, causant des pertes économiques considérables dans le monde entier. Être préparé à l’arrivée d’espèces envahissantes et être capable de suivre leur expansion est un enjeu primordial dans les stratégies de biosécurité. Les sciences participatives se sont révélées être une approche efficace pour améliorer la détection précoce et le suivi des invasions biologiques sur de larges zones géographiques. Les données collectées par les citoyens permettent de mieux comprendre la biologie des espèces envahissantes dans les zones récemment colonisées et offrent des possibilités d’anticipation et d’adaptation des stratégies de lutte et d’aménagement des plans de surveillance.

En savoir plus : https://www.inrae.fr/actualites/plateforme-depidemiosurveillance-sante-vegetale-surveiller-evaluer-decider

Références :

Streito, JC., Chartois, M., Pierre, E. et al. Citizen science and niche modeling to track and forecast the expansion of the brown marmorated stinkbug Halyomorpha halys (Stål, 1855). Sci Rep 11, 11421 (2021). https://doi.org/10.1038/s41598-021-90378-1

 

Chartois M, Streito J-C, Pierre E, Armand J-M, Gaudin J, Rossi J-P (2021) A crowdsourcing approach to track the expansion of the brown marmorated stinkbug Halyomorpha halys (Stål, 1855) in France. Biodiversity Data Journal 9: e66335. https://doi.org/10.3897/BDJ.9.e66335

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Effets du climat sur les interactions entre arbres, insectes et prédateurs : résultats d’un projet original de sciences participatives en Europe

COMMUNIQUE DE PRESSE - Les chercheurs d’INRAE ont initié en 2018 un projet de sciences participatives intitulé « Gardiens des chênes » impliquant des écoliers, collégiens et lycéens de différents pays européens pour étudier les mécanismes de résistance des chênes aux insectes herbivores, sous différents climats . Pendant deux ans, 82 enseignants et leurs élèves, et 30 scientifiques, appliquant le même protocole, ont mesuré les dégâts causés par les insectes herbivores sur les arbres, le long d'un gradient allant de l'Espagne à la Finlande, couvrant ainsi l’aire de répartition du chêne pédonculé dans 17 pays européens. Leurs premiers résultats sont publiés le 15 février 2021 dans la revue Global Ecology and Biogeography. Ils montrent que tous les insectes herbivores ne sont pas influencés de la même manière par le climat ou les défenses des arbres.

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