Agroécologie 3 min

Comprendre la complexité des systèmes de production pour mieux les accompagner vers l’autonomie alimentaire

Des chercheurs du laboratoire Agroécologie Innovations et TeRritoires (AGIR) du centre INRAE Occitanie-Toulouse travaillent sur l’accompagnement des élevages ovins laitiers vers plus d’autonomie. L’objectif de ces travaux de recherche est d’être au plus près des réalités sociales et techniques de chaque bassin de production : exemple avec la zone de Roquefort et celle des Pyrénées Atlantiques.

Publié le 16 mars 2021

illustration Comprendre la complexité des systèmes de production pour mieux les accompagner vers l’autonomie alimentaire
© ©V. Thenard, INRAE

La transition agroécologique et l’amélioration de la durabilité des systèmes passent par un renforcement de l’autonomie alimentaire des élevages. Plus d’autonomie, ce sont des coûts de production réduits, des exploitations moins sensibles aux aléas économiques et climatiques. « Le projet Autelo a réuni différents partenaires dans deux bassins ovins laitiers, la zone de Roquefort et les Pyrénées Atlantiques, autour de cette problématique de l’autonomie alimentaire des élevages et des stratégies à trouver pour y arriver », explique Vincent Thénard, ingénieur INRAE.

Dans ces zones de production de fromages à forte identité, l’autonomie alimentaire est aussi un atout d’image, d’empreinte écologique allégée qui permettent de mieux coller aux attentes des consommateurs. Si tous s’accordent sur l’intérêt de gagner en autonomie, cela doit se faire en adéquation avec la capacité des éleveurs à transformer leur système, mais aussi en tenant compte des réalités locales : « c’est ce que nous avons cherché à comprendre en utilisant le concept de système sociotechnique » précise Vincent Thénard. Car, même pour une production identique, celle de lait de brebis, la conception de l’autonomie alimentaire et des moyens de l’améliorer est différente, selon son territoire.

 

 

Modéliser les systèmes d’exploitation avec des Legos


 

Pour gagner en autonomie, un axe fort et commun se dégage : développer et valoriser les ressources fourragères de l’exploitation. Pour mieux comprendre l’organisation sociotechnique de ces bassins de production, les interactions et donc pour proposer des mesures en adéquation, plusieurs travaux en atelier ont été proposés aux éleveurs et aux techniciens qui les accompagnent. Notamment un serious game avec des LEGO®, comme support de co-conception. « On se sert des fameuses briques colorées pour construire un système autonome, d’abord seul, puis en groupe », « des brins de laine viennent représenter les différentes interactions ».déclare Vincent Thénard.

Les différences de contexte, autant climatiques que dans l’organisation des exploitations, amènent les éleveurs à envisager des pistes différentes. Les leviers sont plus à l’échelle des exploitations dans la zone de Roquefort et à l’échelle territoriale dans les Pyrénées Atlantique. Dans la zone de l’AOP Ossau Iraty, le système zootechnique est basé sur une complémentarité territoriale et sociale. Si l’optimisation du pâturage et l’augmentation des prairies multi-espèces sont envisagées, la petite taille des exploitations et les conditions d’exploitation difficiles obligent à des achats de fourrages, luzerne en Espagne par exemple, et d’aliments. Pour réduire ces achats, les éleveurs ont envisagé de développer des réseaux d’échanges avec des céréaliers des plaines voisines. De même, ils pensent à renforcer la mise en commun, de salariés et de matériel, comme séchoir à fourrage collectif. Dans le bassin de Roquefort, aussi la meilleure valorisation du pâturage est la première piste envisagée.

Se pose aussi la question de l’adéquation de la période de traite par rapport à la pousse de l’herbe, notamment aux problèmes de sécheresse estivale. Comme c’est envisageable dans leur contexte pédoclimatique, les éleveurs pourraient augmenter les cultures, protéagineux et luzerne. Ils estiment aussi nécessaire de renforcer les liens entre eux, pour mieux défendre le prix du lait et la viabilité de leurs exploitations. Une des conclusions de ce travail est que l’autonomie n’est pas uniquement technique. Antoine Doré, sociologue INRAE le confirme « pour les éleveurs se sentir autonomes c’est avant tout être en capacité de prendre des décisions, de maitriser son système ».

Alors l’autonomie en élevage est-elle une voie pour la transition ? Oui et elle doit se construire avec les acteurs et en fonction du territoire.  

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