Agroécologie 3 min
L’agroécologie au service de l’autonomie alimentaire des élevages laitiers de brebis
L’autonomie alimentaire de leur exploitation est un véritable enjeu pour les éleveurs ovins laitiers. Pour y parvenir, la transformation des pratiques peut s’appuyer sur des outils issus de l’agroécologie. C’est ce qu’une équipe de chercheurs de l’unité AGIR (AGroécologie, Innovation et TeRritoires) d’INRAE Occitanie-Toulouse a démontré dans le cadre d’un projet CASDAR. Leurs résultats sont le fruit d’une concertation avec différents acteurs de la filière dont des éleveurs d’Aveyron et de Pyrénées-Atlantiques.
Publié le 03 septembre 2019
En élevage ovin laitier, l’intensification de l’activité - c’est-à-dire l’augmentation de la production laitière via le progrès génétique - a entraîné une augmentation des achats d’aliments. Par conséquent, les résultats économiques des élevages se retrouvent plus dépendants de l’évolution du prix des matières premières. Au vu du contexte climatique, améliorer leur autonomie alimentaire est devenu une voie d’action pour renforcer leur adaptation.
En fonction des contraintes du milieu, des choix des éleveurs et des projets de production dans les filières, différentes stratégies sont envisageables. Un groupe de chercheurs de l’unité AGIR au sein d’INRAE Occitanie-Toulouse s’est intéressé aux solutions offertes par l’agroécologie. Celle-ci peut être définie comme une démarche visant à mobiliser les principes de l’écologie afin de concevoir et gérer des systèmes agricoles durables.
Ces travaux ne pouvaient logiquement être menés sans une approche à la fois pluridisciplinaire et participative, car ce sont des conditions essentielles, pour ces chercheurs, à la réalisation de travaux en agroécologie avec les acteurs de terrains. L’ensemble des partenaires agricoles concernés ont donc été réunis : éleveurs et partenaires de la recherche, du développement et du conseil agricole. Les terrains de recherche ont été les deux principaux bassins de production de lait de brebis, à savoir l’Aveyron et les Pyrénées Atlantiques.
La démarche nommée « DACAR » qui a été employée par les scientifiques repose sur une première étape de concertation autour d’un cadre d’analyse partagé. Ensuite, les phases de collecte de données puis d’analyse ont permis d’élaborer une représentation des élevages et de les évaluer. Enfin, pour permettre l’appropriation du diagnostic DACAR, des ateliers de « conception participative » ont été organisés auprès des acteurs des deux bassins.
Ces recherches ont permis d’identifier quatre leviers agroécologiques :
- Favoriser l’autonomie alimentaire ;
- Valoriser les prairies permanentes et les surfaces pastorales en préservant les prairies et la diversité des espèces ;
- Limiter le travail du sol (ce qui permet de réduire la consommation de carburant, le temps de travail et le besoin de main-d’œuvre, mais entraîne l’utilisation de pesticides en particulier le glyphosate) ;
- Développer l’agriculture de conservation.
Ces différentes stratégies élargissent les marges de manœuvre au-delà de la seule recherche d’autonomie alimentaire. En effet, cette dernière n’est pas une finalité en soi, mais bien une façon de réduire les coûts de production, et de moins dépendre des aléas, qu’ils soient économiques ou climatiques. Les perspectives sont désormais de travailler davantage la notion de compromis et de synergies afin de mieux évaluer les performances des élevages en lien avec les choix techniques des éleveurs.
Ce travail a été mené dans le cadre du projet Casdar « Promouvoir l’autonomie alimentaire des élevages ovins laitiers » (AUTELO) en partenariat avec l’Institut de l’élevage (IDELE) et le Comité National Brebis Laitières (CNBL) et le soutien du Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt (MAAF).
Le compte d'affectation spécial « Développement agricole et rural » (CASDAR) est un levier pour accompagner la transition agro-écologique de l’agriculture française. Il permet de financer des actions relevant du Programme national de développement agricole et rural (PNDAR), en co-financement avec des ressources professionnelles et, le cas échéant, avec divers autres financements publics, européens, nationaux ou régionaux.Source : https://agriculture.gouv.fr/