Changement climatique : les vignobles européens sont les plus affectés

COMMUNIQUÉ DE PRESSE - Comment les régions viticoles sont touchées par le changement climatique à l’échelle mondiale depuis 70 ans ? S’appuyant sur l’analyse de plusieurs bases de données et intégrant la diversité des cépages, une équipe internationale de recherche coordonnée par l’université de Colombie-Britannique (Canada), impliquant INRAE et l’Institut Agro, démontre que tous les pays du monde sont affectés, mais de manière inégale. Les résultats, publiés dans PLOS Climate, montrent d’importants changements dans les vignobles européens, liés notamment à l’élévation des températures.

Publié le 22 mai 2025

© INRAE

Dans un contexte où les vignobles sont grandement affectés par le changement climatique, une équipe internationale de recherche coordonnée par l’université de Colombie-Britannique (Canada), impliquant INRAE et l’Institut Agro, a analysé l’évolution des conditions climatiques depuis 1950, spécifiquement au niveau des régions viticoles à l’échelle mondiale. Les chercheurs avaient 2 objectifs : comprendre et quantifier la manière dont les conditions climatiques ont évolué dans les différents vignobles du monde d’une part, et évaluer les effets de la diversité génétique de la vigne (c'est-à-dire la diversité de cépages) dans l’intensité des changements observés d’autre part.

Pour ce faire, ils se sont appuyés sur plusieurs bases de données mondiales et ont intégré dans leur analyse la diversité de cépages cultivés, soit environ 500 variétés. Plusieurs indicateurs climatiques importants pour les viticulteurs ont été calculés, comme les températures pendant le débourrement[1] ou au long de la saison de croissance, ou encore la température et les précipitations autour de la récolte.

Les résultats de l’étude confirment que le changement climatique a déjà touché toutes les régions viticoles, principalement en termes de températures relevées, mais de manière inégale entre régions du monde. Les principaux changements ont été observés dans les vignobles européens, où le nombre de jours chauds (c’est-à-dire le nombre de jours où la température maximale sous abri dépasse 35 °C) et les indicateurs tels que les températures maximales pendant la saison de croissance (du débourrement à la récolte) ont été bien plus élevés qu’ailleurs dans le monde. Par exemple, en France, les températures maximales journalières pendant la saison de croissance ont augmenté d’environ 3 °C depuis 1980, tandis qu’en Espagne et en Italie, ces augmentations sont d’environ 2 °C. Dans d’autres régions du monde, l’élévation des températures est moins importante, comme aux États-Unis, au Japon et en Afrique du Sud où l’augmentation des températures maximales pendant la saison de croissance est restée inférieure à 1 °C.

La diversité des cépages entraine une diversité de dates de débourrement, de développement et de récolte. La prise en compte de cette diversité n'a pas affecté significativement les résultats obtenus, sauf dans les vignobles européens où la diversité de variétés est plus importante que dans d'autres régions du monde.

Au final, cette étude montre que les impacts du changement climatique ont été très inégaux entre régions viticoles du monde. Cette variabilité dans le temps et dans l’espace représente un défi majeur pour l'adaptation de la viticulture au changement climatique.


[1] Période qui correspond à l'ouverture des bourgeons qui étaient en dormance pendant l'hiver.

Référence

Wolkovich E.M., Cook B.I., Garcia de Cortazar Atauri I.G. et al. (2025). Uneven impacts of climate change around the world and across the annual cycle of winegrapes. PLOS Climate. DOI : https://doi.org/10.1371/journal.pclm.0000539

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