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Des aliments sains pour tous

Publié le 24 mai 2022

Un objectif partagé : aider les moins riches à améliorer à la fois la qualité nutritionnelle et environnementale de leur régime alimentaire

Pour permettre aux plus défavorisés d’accéder à une alimentation saine et durable, et pour initier une évolution des habitudes alimentaires, l’approvisionnement en produits frais doit être amélioré. Comme l’ensemble de la population, les personnes ayant recours à l’aide alimentaire sont loin des recommandations du Plan national nutrition santé (PNNS) en termes de qualité nutritionnelle. L’action n° 13 du TerrItoire d'innovation « Dijon, alimentation durable 2030 » s’inscrit dans cette réflexion. Conçue entre 2018 et 2021, elle est coordonnée par le centre d’action sociale de la ville en partenariat avec les épiceries sociales de Dijon Métropole, avec l’appui scientifique de Valentin Bellassen, directeur de recherche INRAE de l’unité CESAER. Un système inédit de montant fléché, significatif – un montant de l’ordre de 30 € personne/mois (en discussion) - pour promouvoir et permettre l’achat de fruits et légumes frais et légumes secs locaux et de qualité va être mis en place cette année. Ce n’est pas la 1re fois que ce dispositif est envisagé. L’innovation majeure du projet repose sur une augmentation du montant par rapport aux expériences passées, dont la somme bien trop faible (6 €/personne/mois) explique leur échec.  « C’est un objectif que nous partageons avec nos partenaires pour aider les moins riches à améliorer à la fois la qualité nutritionnelle et environnementale de leur régime alimentaire », déclare le directeur de recherche.

Mais au préalable, il faut s’attacher au renforcement du pouvoir d’agir (« empowerment ») du millier de bénéficiaires du projet. L’objectif est de les mettre en capacité de faire des choix plus informés. Une des épiceries sociales pilote une série d’actions autour de 3 grand thèmes : donner envie, trucs et astuces (ateliers-cuisine avec un chef par exemple), (re-)prendre confiance sur le sujet de l’alimentation. Les intéressés sont partie prenante du choix des actions avec la direction de l’association et son animateur.

De combien le pouvoir d’agir et le montant ciblé, augmentent-ils la consommation de fruits et légumes ?

Les économistes de CESAER ont pour rôle de gérer le dispositif d’évaluation des actions des épiceries, avant et après leur déploiement, en collaboration avec les comportementalistes du CSGA : de combien le pouvoir d’agir et le montant ciblé, augmentent-ils la consommation de fruits et légumes ? Augmentent-ils la qualité nutritionnelle et diminuent-ils l'impact environnemental de l’alimentation des bénéficiaires de l’aide alimentaire ? Pour apporter des réponses, une innovation de collègues montpelliérains a été adaptée : le carnet d’approvisionnement. Chaque mois, les personnes y consignent leurs tickets de caisse et notent leurs achats alimentaires hors tickets. A cela s’ajoute le travail des chercheurs avec les épiceries pour améliorer les tickets de caisse, rendre les libellés plus explicites et plus informatifs en les classant dans des catégories d’aliments plus précises, d’un point de vue nutritionnel et environnemental, par rapport aux anciens tickets. Un questionnaire de fréquence alimentaire est également soumis aux bénéficiaires à leur adhésion au projet. Le jeu de données ainsi recueilli sur la qualité nutritionnelle, environnementale, le coût unitaire des achats servira de base pour argumenter le montant ciblé. Son futur format, chèque-papier ou crédit sur le compte des bénéficiaires dans les épiceries, reste à définir.

Valentin Bellassen se dit optimiste pour l’avenir de ce dispositif au vu des expériences conduites à l’étranger avec des montants substantiels. « On peut s’attendre à ce que le dispositif relève la quantité de fruits et légumes consommés par les bénéficiaires et la qualité nutritionnelle de leur alimentation. » La transition des régimes alimentaires, y compris pour les populations moins favorisées , est un enjeu très important.

  • Patricia Leveillé

    Rédactrice

  • Valentin Bellassen

    Contact scientifique

    CESAER
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