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Connaître la qualité et la durabilité des types de sols en fonction des usages

Publié le 24 mai 2022

Le mieux produire s'ancre à la qualité des sols

Dégager des pratiques vertueuses à partir d’une évaluation fine de la qualité des sols

Dans l’action n° 2 « Sol Expert » du projet Territoires d’innovation « Dijon, alimentation durable 2030 », le mieux produire s’ancre jusque dans les sols. L’objectif est de dégager des pratiques vertueuses à partir d’une évaluation fine de la qualité des sols en tenant compte de leur diversité pédologique et de leurs usages - sols agricoles, urbains et ruraux non agricoles. Concrètement, avec un échantillonnage intensif de 600 sites représentatifs sur 3 000 km2, ce projet aboutira à un référentiel territorial par l’application d’indicateurs physicochimiques, classiquement utilisés en agronomie et aussi biologiques pour aborder la notion de biodiversité.

Lionel Ranjard et Pierre-Alain Maron de l’UMR Agroécologie assurent la coordination scientifique et technique de cette action, qui comptabilise une trentaine de partenaires : scientifiques, universitaires, centres de recherche, développement agricole, coopératives, sociétés d’agrofournitures, chambres d’agriculture, partenaires privés (développement numérique, laboratoires).

Les recherches vont déboucher sur des connaissances fondamentales mais aussi très opérationnelles avec une visée sociétale pour que le projet soit réplicable sur d’autres territoires. Cela est possible, selon Lionel Ranjard, « parce que nous avons une diversité de productions agricoles : grandes cultures, vigne, maraichage, élevage et arboriculture. »

 

Rarement on a vu un projet aussi intégrateur, c’est assez unique à cette échelle spatiale

Concernant la qualité biologique des sols, les travaux couvrent tous les organismes vivants caractérisables aujourd’hui et déjà associés à des référentiels d’interprétation : bactéries et champignons du sol pour le volet microbien, nématodes et lombrics pour les organismes plus gros, et toute la faune du sol, carabes, fourmis, etc. « Bref, toute la gamme d’organismes qui vit dans et sur le sol. Rarement on a vu un projet aussi intégrateur, c’est assez unique à cette échelle spatiale », commente Pierre-Alain Maron, en charge de la stratégie d’échantillonnage des sites et de la mise en consortium des partenaires.

Après une importante phase préparatoire de 2 ans, les échantillonnages sont en passe d’être finalisés. Les analyses sur les sols ruraux sont en cours. Une autre particularité de « Sol Expert » réside dans l’échantillonnage des espaces verts intramuros et à l’extérieur de Dijon, un continuum urbain-rural qui représente une plus-value pour la recherche d’un développement agroécologique territorial. Les phases d’acquisition des données en microbiologie comme pour l’ensemble des organismes du sol ont commencé pour les sols de la ville. Bientôt, l’influence de l’intensité du niveau d’urbanisation sur la diversité et l’abondance des communautés sera quantifiée. De quoi fournir un tableau de bord qui n’a pas d’égal en matière de complétude des indicateurs et qui va livrer une vraie vision de la qualité des sols en fonction des usages et des pratiques.

L’action « Sol Expert » apporte à court terme les moyens et outils pour construire des itinéraires techniques innovants et durables tant économiquement qu’environnementalement. A plus long terme, elle cible l’introduction de la qualité des sols dans des processus sociétaux beaucoup plus finalisés, comme le foncier par exemple (voir l’action n° 3 « Sols Mutations »). Le projet vise aussi à fournir les outils, jeux de données et référentiels les plus pertinents pour diagnostiquer la qualité des sols, mais aussi la façon de la mesurer dans la réglementation. Cela éviterait qu’une ville qui s’étend en surface ne le fasse sur des sols de bonne qualité, notamment en termes de biodiversité et de rendement agricole. Ainsi, les notions de qualité et de durabilité des sols pourraient bientôt faire partie des outils de gestion de la société.

  • Patricia Leveillé

    Rédactrice

  • Lionel Ranjard, Pierre-Alain Maron

    Contacts scientifiques

    UMR Agroécologie (INRAE, UBFC, UB, L’Institut agro, CNRS)