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Aliments et territoire

Publié le 24 mai 2022

L’importance d’apprendre à connaître les aliments et leur origine

L’éducation au goût est centrale

L’éducation au goût est centrale en tant que démarche de recherche-action au sein du projet Chouette cantine. Elle est portée par l’association dijonnaise Eveil'O'Goût qui collabore avec l'équipe de recherche et la Ville de Dijon pour la conception et la mise en œuvre du dispositif pédagogique sur le terrain. Elle forme également le personnel de la Ville de Dijon à l’éducation au goût avec un double objectif : d’une part, éveiller les enfants aux différents aspects sensoriels de l’alimentation, notamment ceux d’origine végétale et en particulier les légumineuses. D’autre part, augmenter leurs connaissances sur les aliments qu’ils apprécient le moins. Tous les personnels de service et d’animation, au contact direct des enfants chaque midi, jouent un rôle aussi important que transparent dans la sociabilité et le plaisir partagé à table.

Le Conservatoire des ressources génétiques de légumineuses de l’UMR Agroécologie a été sollicité pour faire découvrir les légumineuses au grand public. Les scientifiques ont prévu d’installer dans le Jardin botanique de l’Arquebuse, partenaire du projet, un parcours pour valoriser la richesse de ces aliments : plates-bandes de légumineuses démonstratives et support vidéo sur leur importance dans l’alimentation humaine.  « Nous prévoyons également de proposer des collections citoyennes qui pourraient être distribuées sous forme de petits lots de graines à destination des jardins partagés de la ville de Dijon », explique Judith Burstin, directrice adjointe de l’unité et co-coordinatrice scientifique de l’action n° 1 du projet Territoire d’innovation « Dijon, alimentation durable 2030 ». Dans ce contexte, explique la chercheuse, des équipements lourds sont en cours de construction : une chambre froide pour la conservation des semences et une serre tunnel pour assurer le renouvellement des lots de graines en conditions sécurisées. L’objectif à long terme est de pérenniser cette collection unique au monde, riche de plusieurs milliers d’accessions dont près de 5 000 patrimoniales.

« Ce que nous mangeons transforme le territoire où nous vivons »

Faire comprendre l’origine des aliments dans leur assiette, comment ils sont préparés, cuisinés…

Tel est le leitmotiv du Territoire d'innovation « Dijon, alimentation durable 2030 » pour lequel, au même titre que Chouette cantine, l’analyse sur l’empreinte environnementale et l’introduction de menus végétariens est en lien étroit avec le « sourcing » des produits. C’est une priorité portée par la ville de Dijon, soucieuse d’offrir de la viande, des fruits et légumes et des légumineuses en circuit court et de bonne qualité. Par exemple, un groupement d’éleveurs s’est constitué pour pouvoir approvisionner les cantines en viande de bœuf produite sur le département. Idem pour la filière végétale qui dispose d’un producteur local de lentilles et envisage une légumerie pour approvisionner les cantines. « C’est un aspect que nous souhaitons mettre en lumière dans le dispositif d’éducation alimentaire des enfants, pour leur faire comprendre l’origine des aliments dans leur assiette, comment ils sont préparés, cuisinés… et leur apporter tous les éléments de connaissance qui peuvent leur manquer », déclare Sophie Nicklaus.

« Dijon, Alimentation durable 2030. Territoire d’innovation »

Mieux produire et mieux manger : un cercle vertueux. Tel est l’objectif du projet « Dijon, Alimentation durable 2030 », dont Sophie Nicklaus, spécialiste INRAE des comportements alimentaires des enfants au sein du CSGA à Dijon, est la directrice scientifique. L’objectif de ce projet, porté par la métropole dijonnaise en la personne de Philippe Lemanceau, vice-président Transition alimentaire, plan alimentaire territorial, projet TIGA, restauration collective, est d’accélérer les transitions agroécologique et alimentaire grâce à une plus grande coopération des acteurs au plus près des territoires et de leurs attentes. Environ 40 partenaires sont embarqués depuis 2019, pour 10 ans, dans l’aventure, représentant un budget total de 35 millions d’euros dont 4,8 pour les actions citées dans cet article. Ils représentent un large écosystème local : recherche, enseignement supérieur, formation professionnelle, agriculteurs, coopératives, pôle de compétitivité, entreprises, consommateurs, citoyens…

Les citoyens au cœur de la transition alimentaire

La conviction partagée par chaque partie prenante est que la transition alimentaire est vertueuse non seulement pour l’environnement mais également pour l’économie locale et pour les citoyens. L’échelle choisie a été celle du territoire car elle facilite cette transition et permet d’intégrer le continuum allant de la production à la consommation, en passant par la transformation et la distribution.

La philosophie du projet veut que les usagers soient autant les bénéficiaires que les acteurs de cette transition vers une alimentation plus durable et son exécution est basée sur une démarche d’engagement citoyen éprouvée.

Pour en savoir plus :

  • Voir la présentation du TI Dijon, Alimentation durable 2030 par Philippe Lemanceau lors de la Rencontre SIA 2022.
  • A lire l’interview de Sophie Nicklaus « La recherche à l’épreuve du réel » sur le projet « Dijon, Alimentation durable 2030 » (p. 32-34) dans le dossier « Vers une alimentation saine et durable » du 1ernuméro de la revue INRAERessources

Unités INRAE BFC (co)-pilotes d’actions du TI

CSGA –Alimentation, goût, sensorialité. Direction scientifique du projet.

Spécificité projet : Restauration hors-foyer durable (action 11). Comportements alimentaires (des enfants aux étudiants).

Agroécologie - biodiversité, interactions biotiques et systèmes de culture.

Spécificité projet : Ressources génétiques légumineuses (action 1), impact carbone, qualité des sols et de l’eau (action 2), réseau Agriculteurs pionniers en agroécologie, Label Dijon Agroécologie (action 16)

CESAER - Économie et sociologie du développement des territoires ruraux et péri-urbains.

Spécificité projet : Aliments sains pour tous, populations précaires (action 13)

  • Patricia Leveillé

    Rédactrice

  • Sophie Nicklaus

    Pilote scientifique du dossier

    Laboratoire « Déterminants du comportement alimentaire au cours de la vie, relation avec la santé », CSGA INRAE