Les plantes de services, un levier pour réguler les bioagresseurs des cultures

Réguler les bioagresseurs des cultures en limitant le recours aux pesticides représente aujourd’hui un enjeu majeur pour l’agriculture. Des chercheurs d’INRAE ont étudié comment les plantes de services peuvent contribuer à relever ce défi. Leurs travaux, publiés dans la revue Agronomy for Sustainable Development, montrent que ces plantes peuvent réguler plusieurs types de bioagresseurs. Cette approche ouvre la voie à la conception de systèmes agricoles plus durables et résilients.

Publié le 06 novembre 2025

© INRAE, Frédéric Suffert

La capacité à réguler les bioagresseurs des cultures avec un recours limité aux pesticides de synthèse constitue un défi majeur pour la transition agroécologique. Les plantes de services apparaissent comme une solution prometteuse. Contrairement aux cultures destinées à la production agricole, elles sont mobilisées dans les champs pour fournir en premier lieu d’autres services écosystémiques, comme la fertilité des sols, la séquestration du carbone ou la régulation des bioagresseurs. Elles peuvent être intégrées de différentes manières : au sein de la parcelle soit associées, soit en rotation avec la culture, ou alors en bordure des parcelles, par exemple sous forme de bandes fleuries.

Le potentiel de ces plantes pour réguler une catégorie de bioagresseurs à la fois avait déjà été montré dans de précédentes études, qu’il s’agisse d’insectes ravageurs, de plantes adventices, de pathogènes aériens ou de bioagresseurs du sol. Cependant, une vision globale manquait encore pour analyser leur potentiel pour réguler plusieurs catégories de bioagresseurs à la fois, tout en limitant les risques d’effets indésirables des plantes de service. L’étude menée par les chercheurs d’INRAE, publiée dans la revue Agronomy for Sustainable Development, visait à combler ces lacunes en adoptant une approche originale fondée sur les caractéristiques des plantes de service.

Les résultats montrent que, globalement les mêmes caractéristiques des plantes de services contribuent à la régulation de plusieurs catégories de bioagresseurs. Par exemple, les plantes à croissance rapide et forte favorisent aussi bien la régulation des insectes ravageurs que des plantes adventices, des bioagresseurs du sol et des pathogènes aériens. Même s’il convient de rester prudent à ce stade des recherches, les résultats soulignent le fort potentiel des plantes de services pour une régulation dite "multi-bioagresseurs".

L’étude souligne toutefois que ces mêmes caractéristiques des plantes de services peuvent générer des effets indésirables, comme concurrencer la culture principale ou favoriser d’autres bioagresseurs non-ciblés. Le défi réside donc tout autant dans la limitation de ces effets indésirables que dans la promotion de la régulation des bioagresseurs. Le degré d’incompatibilité entre ces deux objectifs dépend de la façon dont les plantes de service sont intégrées et gérées dans les systèmes de culture. 

Référence : Moreau, D., Ballini, E., Chave, M. et al. Potential of service plants for regulating multiple pests while limiting disservices in agroecosystems. A review. Agron. Sustain. Dev. 45, 38 (2025). https://doi.org/10.1007/s13593-025-01031-4

Arnaud Ridel

Rédacteur

Département Santé des Plantes et Environnement

Contacts

Le centre

Le département

En savoir plus

Changement climatique et risques

Biodiversité agricole et changement climatique : la végétation des bordures de champs a déjà évolué en 10 ans

COMMUNIQUÉ DE PRESSE - Des scientifiques d’INRAE et de l’Anses ont étudié l’évolution de la végétation des bordures de champs de 500 parcelles agricoles en France hexagonale pour comprendre les effets du changement climatique et des pratiques agricoles sur ces plantes. Leurs résultats, publiés dans Ecology Letters, font le constat qu’en 10 ans la température moyenne a augmenté de 1,2 °C et l’humidité des sols a diminué de 14 % dans ces parcelles.

05 mars 2025

Changement climatique et risques

Insectes vecteurs de Xylella : où se cachent-ils ?

Transmise par des insectes se nourrissant de la sève des plantes, la bactérie Xylella fastidiosa menace des cultures emblématiques comme la vigne et l’olivier. Encore absente des vignobles en France, elle progresse ailleurs en Europe et reste une inquiétude majeure. Une vaste étude menée dans le sud du pays, révèle où se concentrent les insectes vecteurs et met en avant l’usage d’insectes sentinelles afin de renforcer l’épidémiosurveillance et détecter efficacement toute nouvelle introduction de la bactérie.

15 octobre 2025