
Alimentation, santé globale Temps de lecture 5 min
Odile Berge, la science au féminin
Spécialiste en pathologie végétale, Odile Berge est chargée de recherche INRAE. En février 2020, elle a été nommée référente « Diversité-Égalité » du centre INRAE Provence-Alpes-Côte d’Azur en appui de la politique INRAE en faveur de la diversité, de la parité et de la lutte contre les discriminations. Un rôle qu’elle investit avec principe.
Publié le 05 mars 2021
Odile Berge est chargée de recherche au sein de l’unité de recherche en pathologie végétale du centre INRAE Provence-Alpes-Côte d’Azur. Son parcours scientifique et ses actions pour l’égalité femme/homme témoignent de son énergie à promouvoir une société collaborative, toujours en mouvement.
Élargir l’exploration scientifique
À la fin de ses études d’agronomie à l’École nationale supérieure d’agronomie et des industries alimentaires de Nancy, Odile Berge, motivée par la recherche, effectue un stage au CNRS à Nancy où elle travaille sur le rôle bénéfique des bactéries du sol sur les plantes. Ses premiers travaux de recherche seront suivis d’une thèse et d’un stage postdoctoral qui lui permettront d’être recrutée comme chercheuse au CNRS. Fin des années 90, l’équipe dans laquelle elle travaille est sollicitée pour monter une unité mixte de recherche avec des équipes du CEA de Cadarache et d’Aix-Marseille université. En 1996, la jeune chercheuse déménage dans le sud pour intégrer cette unité dans laquelle elle explore, pendant 14 ans, les fonctions et la diversité des bactéries associées aux racines des plantes.
Suite à une collaboration avec Cindy Morris, phytopathologiste et directrice de recherche INRAE, Odile Berge s’intéresse aux nouveaux concepts que celle-ci développe à propos des populations de bactéries pathogènes des plantes dans l’environnement. Elle obtient en 2009 une mise à disposition pour rejoindre l’équipe de Cindy Morris à Avignon. Elle axe alors ses travaux sur la bactérie modèle du laboratoire, Pseudomonas syringae, qui se distingue par sa grande diversité et sa dispersion dans les réseaux hydriques. En 2015, INRAE accueille définitivement Odile Berge dans l’équipe Mistral de l’unité Pathologie végétale, à Avignon dont le travail porte sur l'écologie des agents pathogènes des plantes disséminés par l'air et l'eau,
Parallèlement à son travail de recherche, Odile Berge participe, de 2012 à 2015, à la Commission scientifique spécialisée (CSS) « Biologie des populations et des écosystèmes » qui évalue les chercheurs et chercheuses. Elle s’implique, de 2015 à 2019, dans la fonction de « Correspondante formation d’Unité ». Dans ces activités, elle reste vigilante aux biais liés aux stéréotypes de genre et à l’histoire individuelle des personnes qui peuvent affecter les carrières et l’évolution professionnelle, surtout pour les femmes.
La solidité des analyses scientifiques pour point de départ
Odile Berge raconte qu’elle a, depuis longtemps, remarqué le manque de visibilité des femmes dans les postes à responsabilité, lors des congrès scientifiques ou dans les médias. Elle prend l’habitude de faire le décompte femmes/hommes dans des situations très diverses, ce qui objective les inégalités et contribue à la prise de conscience. Elle utilise encore bien souvent ce décompte, car c’est simple et efficace.
Jeune scientifique, cherchant des explications rationnelles, et intéressée par les approches scientifiques traitant des inégalités femmes/hommes, elle adhère à l’association Femmes & Sciences. Elle assiste à des conférences sociologiques et historiques qui décortiquent les mécanismes de construction de ces inégalités (rôle de l’industrialisation après la révolution, absence de visibilité des femmes remarquables - scientifiques entre autres - et donc de modèles féminins pour l’orientation et l’identification des jeunes filles, biais introduits par l’éducation, le langage, stéréotypes entrainant des discriminations, notamment salariales). Elle participe avec cette association à des actions en milieu scolaire pour la promotion des études scientifiques auprès des jeunes filles. Aujourd’hui, toujours membre de ce réseau, Odile Berge y trouve des ressources en matière d’information (recherche, statistiques) et d’actions (expositions, animations, mentorat de jeunes femmes scientifiques).
En 2016, Odile Berge suit une formation « Science au féminin » pour acquérir des outils d’animation - construits par Isabelle Régner, maitre de conférence à Aix-Marseille université - qui donnent à chacun l’opportunité de prendre conscience de ses propres stéréotypes et de leur impact sur la place des filles et des femmes en science. Elle intervient, aux côtés d’autres collègues, lors d’ateliers organisés par la ville d’Avignon, en 2016 et 2017, à propos de la place des femmes dans la science.
S’intéresser à l’égalité femme/homme, c’est défendre la moitié de l’humanité
Depuis 2016, Odile Berge partage régulièrement informations et idées avec Muriel Dambrini-Doudet, puis avec Catherine Beaumont, déléguées INRAE à la parité et à la lutte contre les discriminations à INRAE . Elle explique que « s’intéresser à l’égalité femme/homme, c’est défendre la moitié de l’humanité », et que cela ouvre le champ de la lutte contre toutes les autres discriminations dont les mécanismes sont très proches, ce que l’on retrouve dans l’intitulé du label « Diversité-Egalité » récemment décerné à INRAE.
Le 28 février 2020, Odile Berge a été nommée référente Diversité-Égalité du centre INRAE Provence-Alpes-Côte d’Azur en appui à la politique INRAE en faveur de la diversité, de la parité et de la lutte contre les discriminations. Elle partage cette mission avec sa collègue, Frédérique Hilliou, ingénieure de l’unité mixte de recherche Institut Sophia Agrobiotech. Un rôle qu’elles investissent toutes les deux avec plaisir.
Vers une transformation de la recherche
Aujourd’hui, Odile Berge reconnait avoir toujours souhaité une société meilleure, une société qui serait parfaitement consciente de la valeur ajoutée qu’apportent la diversité, l’égalité, et plus globalement le respect d’autrui. Elle est convaincue que c’est une ressource immense pour notre institut, son attractivité et sa force de créativité et d’innovation.
Si elle devait résumer son plan de route au centre INRAE Provence-Alpes-Côte d'Azur, il tiendrait en 3 points : travailler sur la thématique diversité-égalité avec une équipe diverse ; veiller à agir à la fois au niveau individuel (sensibilisation, formation) et institutionnel (processus ressources humaines par exemple) et être soi-même exemplaire dans ses pratiques professionnelles.
Le rendez-vous est pris pour voir si, dans 5 à 10 ans, cette richesse se lira sur le décompte femmes/hommes de nos photos, évènements et statistiques.…
Odile Berge, 60 ans
Parcours professionnel
• Depuis 2013 : Chargée de recherche iNRAE, UR Pathologie végétale, Avignon (84)
• 2009 : Mise à disposition par le CNRS à INRAE UR Pathologie végétale
• 1996 : Chargée de recherche CNRS, UMR Ecologie des bactéries de l’environnement racinaire des plantes et fonctions bénéfiques dans la rhizosphère (CNRS, CEA, Aix-Marseille Université), Saint Paul lez Durance (13)
• 1991 : Chargée de recherche CNRS, Centre de pédologie biologique – CPB, Nancy (54)
• 1989-1991 : Stage postdoctoral, CPB
Formation
• 1988 : Doctorat en sciences agronomiques, Institut national polytechnique de Lorraine, Nancy
• 1984 : Ingénieure agronome, École nationale supérieure d’agronomie et des industries alimentaires, Nancy
Hobbies
Jardinage, randonnées, cinéma et spectacles vivants, passer du temps avec la famille et les amis.