Changement climatique et risques 5 min

Observer les saisons, observer le changement climatique

L’Observatoire des Saisons est un programme de recherche participative, initié en 2008 par le CNRS et l’association Tela Botanica, et qui implique des nombreux chercheurs d’INRAE. Il repose sur l'observation des rythmes saisonniers des plantes et des animaux par les citoyens afin de collecter des données utiles à la recherche notamment pour l’étude du changement climatique et de la biodiversité.

Publié le 25 février 2020

illustration Observer les saisons, observer le changement climatique
© Jean Weber, INRAE

 

Les cycles de la nature, indicateurs du changement climatique

Des cerisiers en fleurs au mois de février, des coccinelles qui apparaissent en hiver, des oiseaux qui migrent en avance…tous ces cycles du vivant, dont l’étude s’appelle la phénologie, sont liés au climat et sont de précieux indicateurs du changement climatique. La phénologie est aussi une variable essentielle de la biodiversité car elle conditionne les interactions entre les espèces : que mange l’oisillon si les larves dont il se nourrit sont absentes du fait d’un développement tardif des feuilles de l’arbre dont elles se nourrissent ? Le changement climatique affecte les rythmes saisonniers des organismes vivants et a des conséquences sur la productivité des systèmes, sur la survie, la dynamique et la répartition des populations. Ces questions de recherche sont traitées au sein du réseau national d’observatoires dédiés à la phénologie de l’ensemble du règne vivant, appelé TEMPO1, coordonné par Iñaki Garcia de Cortazar-Atauri, ingénieur de recherches à l’unité Agroclim d’Avignon, et Isabelle Chuine, Directrice de recherches au CNRS2, et auquel participent près de 70 unités INRAE.

Citoyens, observez… et analysez !

Ce dispositif, à vocation pédagogique, peut également être utilisé en classe

Ces observations, les chercheurs à eux seuls ne peuvent pas les réaliser sur tout le territoire, d’où l’idée de mobiliser les citoyens pour amplifier la force de collecte et en même temps sensibiliser le public au réchauffement climatique. A partir du protocole développé par les chercheurs assurant une bonne qualité de données, les observations se concentrent sur une quarantaine d’espèces animales et végétales communes et facilement observables : marronniers, lilas, noisetiers, amandiers, pissenlit, coucou gris, crapaud ou encore lézard vert ! Pour chaque espèce, des fiches sont disponibles pour bien les identifier, puis pour observer leurs différents stades phénologiques. Prêt à observer ? Les données sont recueillies directement sur le site internet de l’Observatoire des Saisons et utilisées ensuite par les scientifiques. Aujourd’hui, près de 5000 observateurs participent à ce projet et ont renseigné plus de 18000 observations. Ce dispositif, à vocation pédagogique, peut également être utilisé en classe, de la maternelle au lycée, et propose toute une palette d’animations pédagogiques pour sensibiliser les scolaires à l’observation de l’environnement et aux enjeux du changement climatique.

Les porteurs de l’Observatoire des Saisons ne comptent pas s’arrêter là. Bientôt les participants auront la possibilité d’analyser les données qu’ils collectent à l’aide d’outils qui seront bientôt disponibles sur le site. Les citoyens pourront alors participer à la démarche scientifique, un moyen de faire un pont entre science et société.

Pour se former au protocole, les citoyens, mais aussi les professionnels, peuvent suivre le kit de formation en ligne.

Infographie ODS

Chercheur.e.s, cherchez !

A INRAE, les données recueillies sont particulièrement utiles pour analyser les liens entre agriculture, biodiversité et changement climatique en particulier pour la vigne, les grandes cultures, les insectes ravageurs, les poissons ou encore les tiques. Certaines observations, que l’on peut qualifier d’anormales, comme par exemple une floraison au mois de décembre, des pertes de feuilles au mois de juillet…révèlent aux chercheurs que le réchauffement climatique ne touche pas seulement les tendances mais provoque aussi des évènements inédits. Toutes les données récoltées dans cadre de l’Observatoire des Saisons mais aussi par les autres observatoires de TEMPO sont centralisées sur un portail 3 accessible à tous.

Un chercheur engagé dans les liens science société

Un engagement qui lui apporte autant que ce qu’il transmet

Iñaki Garcia de Cortazar-Atauri est investi dans l’animation des réseaux d’observation de la phénologie depuis 8 ans, un engagement qui lui apporte autant que ce qu’il transmet : « Mon travail de recherche est centré autour des liens entre agriculture et changement climatique. Quand on s’intéresse à la question du changement climatique, on s’aperçoit que nos résultats concernent directement les citoyens et que petit à petit on doit se rapprocher de la société. En tant que scientifique, on a besoin de comprendre ce que la société perçoit de notre travail, et si on ne le fait pas, nos résultats ne restent que des données, ça ne se transforme pas en actions, en solutions ou en changement d’attitude. La phénologie et les programmes de sciences et recherches participatives ont pour moi aussi un intérêt pédagogique : on sensibilise et communique auprès des adultes et des enfants à la démarche scientifique, on explique ce que l’on fait, pourquoi on le fait, et comment. Ces interactions nous font aussi changer nos postures de chercheurs : on se rend compte que l’on peut sortir de notre cadre pour discuter et échanger. Cette confrontation n’est pas du temps perdu, cela va au-delà de la vulgarisation, et souvent on ressort avec une nouvelle perception de ce que l’on fait et pourquoi on le fait ! ».
 

 

Le site web de l'Observatoire des Saisons

En savoir plus sur l'association Tela Botanica

 1 TEMPO, Réseau national des observatoires de la phénologie - Site web
2 CNRS, Centre d'ecologie fonctionelle et évolutive CEFE,  Site web
3Portail d'accès centralisé aux données phénologiques

En savoir plus

Changement climatique et risques

Adapter les régions viticoles au changement climatique en mobilisant la diversité des cépages

COMMUNIQUE DE PRESSE - Le changement climatique a de nombreux impacts sur l’environnement et l’agriculture, et pourrait menacer la production mondiale de vin. Dans une nouvelle étude parue dans Proceedings of the National Academy of Sciences, une équipe internationale, incluant des chercheurs d’INRAE et Bordeaux Sciences Agro*, montre que 56% des régions viticoles du monde pourraient disparaître avec un réchauffement de 2°C, et 85% avec un réchauffement de 4°C. Cependant, l’introduction de plus de diversité de cépages de vigne dans les vignobles pourrait réduire de moitié les pertes potentielles dans les régions viticoles dans le scénario à + 2°C et d’un tiers dans le scénario à +4°C.

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