Jusqu’où peut-on végétaliser l’alimentation des séniors tout en assurant leurs besoins nutritionnels ?

L’augmentation de la part de protéines végétales dans les assiettes, pour rééquilibrer et diversifier son alimentation, est conseillée dans le cadre du dernier Programme National Nutrition Santé. Mais elle soulève des points de vigilance pour les personnes âgées quant au risque d’apport insuffisant en protéines du point de vue nutritionnel. En s’appuyant sur les données actuelles des régimes alimentaires des personnes de plus de 65 ans, les scientifiques d’INRAE et d’AgroParisTech ont modélisé et optimisé différents régimes avec un taux de végétalisation croissant pour s’assurer qu’ils soient en adéquation avec les besoins nutritionnels des séniors. Actuellement les protéines dans l’assiette des français se répartissent en moyenne en 1/3 de protéines végétales et 2/3 de protéines animales. Les résultats montrent qu’il est possible d'augmenter la part des protéines végétales jusqu’à 2/3 sans compromettre les besoins nutritionnels des séniors, à condition de maintenir une consommation suffisante de produits de la mer et de produits laitiers. Les résultats sont publiés dans The American Journal of Clinical Nutrition.

Publié le 01 septembre 2025

© INRAE

En plus de réduire l’empreinte environnementale de notre alimentation, augmenter la part de protéines végétales dans nos assiettes permettrait de limiter le risque de certaines maladies chroniques comme le diabète, les maladies cardio-vasculaires ou les cancers[1]. Mais il est important de veiller à ce que la végétalisation de l’alimentation n’engendre pas d’apports insuffisants en certains nutriments. Les personnes âgées ont des besoins plus élevés en protéines et acides aminés (composants élémentaires des protéines). Or ces composés sont moins présents dans les produits végétaux que dans les produits animaux. C’est pourquoi il est important d’évaluer jusqu’à quel point il est possible de végétaliser les régimes alimentaires des séniors sans engendrer de problèmes nutritionnels.

A partir de données représentatives des régimes alimentaires des adultes français de plus de 65 ans de l’étude INCA3, les scientifiques ont modélisé des régimes présentant un taux de végétalisation croissant. Ces régimes ont été optimisés pour qu’ils assurent une adéquation nutritionnelle complète pour 34 nutriments[2], en tenant compte d’un besoin protéique élevé ou standard. Les régimes ont été également conçus pour minimiser le risque de maladies chroniques tout en restant au plus proche des habitudes alimentaires. 

Leurs résultats montrent qu’au fil de l’augmentation de la part de protéines végétales, les problèmes nutritionnels les plus susceptibles d’émerger ne sont pas uniquement liés aux protéines ou acides aminés, mais à d’autres nutriments s’avérant plus limitants comme l’iode, le calcium, le fer ou les vitamines A et B12. Les besoins élevés en protéines peuvent aussi devenir préoccupants dans les régimes majoritairement végétalisés du fait de la moindre teneur protéique des produits végétaux en comparaison des produits animaux.

En moyenne, dans l’assiette des français, l’apport en protéines se répartit en 1/3 d’origine végétale et 2/3 d’origine animale. L’étude montre qu’il est possible chez les séniors d’inverser ce rapport en augmentant le taux de protéines végétales à 2/3 sans compromettre la satisfaction des besoins nutritionnels, à condition de maintenir une consommation suffisante de produits issus de la mer et de produits laitiers, à hauteur des recommandations générales de santé publique actuelles. L’adoption de régimes encore plus végétalisés nécessiterait d’autres leviers comme l’enrichissement d’aliments en nutriments ou le recours à des compléments alimentaires permettant d’assurer les besoins nutritionnels des séniors.
 


[2] Les nutriments sont les composés directement assimilables par le corps présents dans les aliments. Il s’agit des glucides, protéines, lipides, acides aminés, minéraux, vitamines…

Référence

Hélène Fouillet, Jean-François Huneau, Elie Perraud, Alison Dussiot, Juhui Wang, Emmanuelle Kesse-Guyot, François Mariotti. The American Journal of Clinical Nutrition. 2025. doi: 10.1016/j.ajcnut.2025.06.011.

 

Contacts

Hélène Fouillet

UMR Physiologie de la Nutrition et du Comportement Alimentaire (Université Paris-Saclay, INRAE, AgroParisTech)

François Mariotti

UMR Physiologie de la Nutrition et du Comportement Alimentaire (Université Paris-Saclay, INRAE, AgroParisTech)

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