Identifier les routes d'invasion de la fourmi électrique

Déjà implantée dans de nombreuses régions du monde, la fourmi électrique étend désormais son emprise en Europe du Sud. Une étude menée par des chercheurs d'INRAE révèle les origines précises des populations récemment détectées. En combinant données génétiques et analyses de dispersion, ils ont mis en lumière les mécanismes d’introduction de cette espèce envahissante.

Publié le 31 juillet 2025

© INRAE, Gaël Kergoat

La fourmi électrique ou petite fourmi de feu, Wasmannia auropunctata, redoutée pour ses piqûres douloureuses, gagne du terrain en Europe. Le groupe de spécialistes des espèces envahissantes (ISSG) de l’agence européenne de l’environnement l’a classé parmi les 100 pires espèces invasives au monde. Classée également espèce préoccupante par l’Union européenne depuis 2022, la fourmi électrique représente un risque majeur pour les écosystèmes et les activités humaines. Originaire d’Amérique du Sud, cette espèce a récemment été identifiée en Espagne, en France et à Chypre.

Des chercheurs d’INRAE ont mis en évidence, dans une étude publiée dans la revue Diversity and Distributions, deux voies d’introduction distinctes : une introduction à longue distance depuis le nord-est de l’Argentine, où le climat est proche de celui de l’Europe du Sud, et des introductions secondaires depuis une population déjà installée en Israël, une « tête de pont » en Méditerranée.

Grâce à l’analyse génétique de plus de 6000 individus appartenant à 521 colonies distinctes échantillonnées dans plus de 20 pays à travers le monde, les chercheurs ont pu retracer l’origine de ces populations européennes et confirmer qu’elles se reproduisent de manière clonale, un mode déjà observé dans d’autres zones envahies. Ce système de reproduction, associé à des milieux fortement modifiés par l’humain, pourrait favoriser leur établissement.

Cette étude souligne l’importance de surveiller à la fois les régions d’origine et les foyers secondaires d’invasion afin de prévenir de nouvelles introductions. Mieux comprendre ces dynamiques permet d’adapter les efforts de gestion et d’anticiper la progression de cette espèce avant qu’elle ne s’installe durablement.

Référence : Loiseau, A., G. J. Kergoat, O. Blight, et al. 2025. “ Newcomers and Old Friends: Long-Distance and Bridgehead Introductions Both Contribute to the Recent Invasion of the Little Fire Ant in Southern Europe.” Diversity and Distributions 31, no. 7: e70051. https://doi.org/10.1111/ddi.70051

Arnaud Ridel

Rédacteur

Département Santé des Plantes et Environnement

Contacts

Julien Foucaud

Chercheur

Centre de Biologie pour la Gestion des Populations (CBGP)

Gaël Kergoat

Chercheur

Centre de Biologie pour la Gestion des Populations (CBGP)

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Biodiversité

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